Depuis plusieurs années, on vous parle avec enthousiasme du Plato, ce Comedy Club indépendant qui programme des humoristes de renom. Au départ confidentiel, le projet a pris des muscles au fil des années pour devenir l’une des scènes les plus prisées de la ville. On a rencontré Maurizio et Zohar, les deux amis à l’origine du projet, pour qu’ils nous parlent de sa genèse, de son évolution, et des très jolies surprises à venir dès la rentrée. Spoiler alert : le stand-up strasbourgeois a de beaux jours devant lui.
D’abord en place clandestinement dans une cave privée, puis dans le sous-sol d’un bar, le projet du Plato Comedy Club est parti de rien. Pourtant, aujourd’hui, c’est l’un des rendez-vous les plus convoité du stand-up alsacien.
Alexandre Kominek, Julien Santini, Baptiste Lecaplain, Rosa Burstein, Fanny Ruwet, Roman Frayssinet, Alexis Le Rossignol, Guillermo Guiz ou encore Doully : la crème de l’humour francophone a foulé la scène du Plato à Strasbourg, souvent sans faire de promo officielle, pour créer des moments confidentiels avec le public, hors des tracas et des exigences des scènes et des producteurs parisiens.
Ces têtes d’affiche, qui n’ont rien à envier aux programmations des meilleurs clubs et scènes de la capitale, ce sont Maurizio et Zohar, deux potes Strasbourgeois, humoristes à leurs heures perdues et grands passionnés de scène, qui les ont dégotées.
On a voulu comprendre comment d’un resto, d’une cave clandestine, puis d’un sous-sol de bar, un projet de Comedy Club naît, fédère, fidélise et convainc, non seulement de grands humoristes, mais aussi un public toujours plus chaud à chaque représentation.
L’histoire de deux inconnus devenus potes grâce à la scène
Maurizio, la quarantaine, est un mec étonnant. Humoriste depuis 2011, et patron d’une épicerie fine italienne (Fratelli Marmi), il adore l’humour grinçant, absurde et noir, une forme de comédie qui procure le malaise et la gêne.
Fan absolu du mythique comique Andy Kaufman, incarné par le génie Jim Carrey dans le film Man On The Moon (on vous le conseille), il s’est produit sur de nombreuses scènes à travers la France, a joué aux côtés de Roman Frayssinet, entre autres, et a même crée son propre one man show.
Zohar, lui, est analyste financier à Strasbourg, et la scène, il l’a connaît sur le bout des doigts. Formé au théâtre, puis au stand-up, qu’il continue à pratiquer, il connaît l’univers de l’humour francophone par cœur, et enchaîne des heures de vidéos pour le plaisir du rire, de la vanne, mais aussi pour dénicher les talents de demain. C’est d’ailleurs ce petit côté sélectionneur, toujours à l’affût des talents émergents, qui lui a permis d’étoffer son carnet d’adresses. Et on verra que c’est un point essentiel dans ce métier.
Tous les deux se sont rencontré Au Bercail, un petit bar resto de quartier aujourd’hui fermé et géré à l’époque par le comédien Laurent Arnoult. On y retrouvait des concerts, des scènes ouvertes, et on laissait le micro à quelques humoristes locaux entre deux tartes flambées servies à table.
Les artistes s’enchaînaient chaque soir, entre tours de magie et performances vocales. Au fur et à mesure des soirées, Zohar et Maurizio ont crée des liens autour de la scène. Ils ont alors formé un duo, en charge des représentations artistiques du Bercail.
Au fil des mois, le duo tente de fédérer le public autour d’humoristes locaux pour des soirées dédiées à l’humour. Problème : le vivier était alors très faible, et le stand-up, à l’inverse de l’impro, n’était pas encore très développé à Strasbourg. Le public était perdu, et le projet avait du mal à démarrer, mais Zohar et Morizio n’ont pas lâché l’idée de réunir du public et de créer une scène rien qu’à eux. Ils réfléchissent alors à mobiliser des artistes plus connus, à changer de lieu, et misent également sur des humoristes en devenir.
Un projet né sur un coup de bluff
Alors que le projet Bercail se terminait, l’humoriste Baptiste Lecaplain, déjà bien connu à l’époque, notamment grâce au Studio Bagel, contacte Zohar et Maurizio. Il leur demande si une salle pouvait l’accueillir, quelques semaines après une tournée qui l’avait emmené, entre autres, à l’Olympia et au Bataclan (il fallait assurer).
Alors que le duo n’a plus de salle à proposer à l’humoriste, Maurizio et Zohar tentent un coup de bluff et lui promettent un lieu au top niveau pour se produire.
Le Bercail ? Pas possible. Un lieu plus grand ? Aucun tenancier n’a voulu assumer, ou alors ils étaient trop gourmands niveau porte-monnaie. Alors les deux potes activent leur réseau : le spectacle se fera dans le sous-sol d’un barber-shop qui venait de fermer.
Celui-ci était bien planqué, son accès devait se faire par une échelle, il n’y avait pas de chaise, aucun système son, pas de lumière, pas de micro, mais c’était leur seule et unique option.
Pour couronner le tout, aucune communication pour l’événement n’était possible : le lieu n’avait pas le droit de recevoir du public, aucune installation n’était en place, mais surtout la boite de production de Baptiste Lecaplain allait tirer la gueule, une position un peu galère pour ramener du monde.
Tout s’est donc passé clandestinement : même le public (les amis proches) ont été prévenus le soir même par sms. Mais Baptiste Lecaplain est tout de même venu à cette soirée fantôme, et a ambiancé 55 personnes pendant plus d’1h30, à l’ancienne, en douce, et ça, c’est plutôt génial. Ce spectacle improbable a créé des liens entre le duo et l’artiste, qui ont fondé les bases du Plato et de leurs futures collaborations avec d’autres artistes.
Une passion commune + un duo = Le Plato
Baptiste Lecaplain, qui avait gardé un très bon souvenir de cette soirée, a ensuite proposé à Maurizio et Zohar de revenir à Strasbourg pour une seconde représentation, mais cette fois-ci avec un ami humoriste de taille : Guillermo Guiz.
Retour au Bercail pour 2 soirs de représentations. Public total : 350 personnes. C’est le début de quelque chose de plus structuré qui allaient dessiner les contours du Plato :
« Après ce soir-là, on s’est dit qu’il y a un vrai truc à faire, nous explique le duo. On a compris qu’on ne voulait plus faire ça en amateur, ni avec le système au chapeau ni dans un lieu non adapté, parce qu’on allait vite être dépassé et que l’on voulait créer quelque chose de solide. La billetterie était galère, la com aussi, mais on sentait que ça poussait, alors on a voulu se structurer, et on a vite eu l’opportunité de le faire car Alexandre Kominek et Hakim Jemili ont rapidement voulu venir jouer. C’est là qu’on a imaginé la première vraie soirée Plato ».
Après le passage chaud bouillant de ces humoristes encore peu connus à l’époque (ils ont eu du flair), Zohar et Maurizio se décident à créer une structure. Ils croient dur comme fer en leur projet, alors ils trouvent un comptable et créent leur entreprise : Les Gars du Fond. Le capital est posé, le statut de la société est déposé, c’est là que les choses sérieuses commencent.
Après quelques mois de galère et des tonnes de mails envoyés, les boites de production les prennent au sérieux, les humoristes s’intéressent au projet, et les premiers spectacles se créent, notamment grâce aux patrons du bar Le Fat (dont le regretté Rob) qui leur ouvrent les portes de l’établissement.
Aujourd’hui, 5 ans après les prémices de leur collaboration, Maurizio et Zohar ont rassemblé non seulement une horde d’humoristes de talents à en faire pâlir le Paname Comedy Club, mais aussi une flopée de Strasbourgeois(e)s qui ne manquent plus aucune représentation.
La grosse nouveauté de la rentrée : un nouveau lieu pour une nouvelle vie
Au fil des soirées, et même si les meilleures pages du Plato se sont écrites au Fat (que l’équipe remercie au passage), l’espace est devenu trop exigu pour recevoir tout l’engouement du public. C’est pour cette raison que cette année, Le Plato change de lieu, prend du galon, et s’installe en résidence à La Péniche Mécanique pour des soirées qui s’annoncent bouillantes.
« Depuis le début de l’aventure, on a souhaité proposer au public strasbourgeois tout ce que l’on a toujours souhaité voir à Paris : un lieu à la hauteur de nos ambitions. En arrivant à La Péniche Mécanique, que l’on connaît pour son ambiance, ses prestations mais aussi pour l’apport technique que le lieu et le staff apportent, on sait que les soirées vont vraiment tout déchirer ! Et on rendre direct dans le vif du sujet avec le génial Kevin Razy le 12 septembre. »
Au programme de cette édition 2023/2024 également : Guillermo Guiz ou encore Yacine Belhousse, avec désormais deux Plato organisés par mois ! Bref, cette année, on va bien se marrer.