Le Plato Comedy Club (PCC) accueille des stars de l’humour tous les mois à Strasbourg. Baptiste Lecaplain, Roman Frayssinet, Yacine Belhousse sont venus y jouer. Un concept imaginé par deux amis : Zohar et Maurizio. Un projet qui se veut ambitieux, à l’image des organisateurs.
18h30. Zohar Sebban, analyste financier en milieu bancaire, est stressé. L’homme de 37 ans s’active dans la cave du bar Le Fat. L’adresse héberge ce soir la soirée organisée par le Plato Comedy Club. Un projet dédié au stand-up imaginé en 2019 par lui et un ami : Maurizio.
Le co-créateur du PCC installe les chaises, fait les balances, règle l’éclairage, accueille les artistes… Le temps est compté. Ce soir, Rosa Bursztein est à l’affiche. L’humoriste vient de Paris pour tester de nouvelles blagues pour son prochain spectacle. Zohar a contacté l’artiste directement sur Instagram.
Faire venir l'humour à Strasbourg
Ce n’est pas la première guest reconnue à venir jouer au Plato Comedy Club. Baptiste Lecaplain, Fanny Ruwet, Roman Frayssinet, Guillermo Guiz, et Yacine Belhousse ont tous foulé les planches, ou plutôt le parquet, du PCC. Ce carnet d’adresses, Zohar Sebban le doit à son expérience dans le milieu du stand-up : « Ça fait plus de 10 ans que je développe mon réseau d’humoristes avec les allers-retours à Paris, en jouant… ».
Pour celui qui a grandi avec les sketchs de Michel Courtemanche, Gad Elmaleh ou encore les Nuls, l’humour a toujours été une évidence. Sa rencontre avec Maurizio, gérant d’une épicerie italienne, est un tournant dans la vie des deux hommes.
Dans un premier temps, l’envie du duo n’était pas forcément d’inviter des humoristes reconnus en Alsace. Passionnés par le stand-up, les deux artistes galèraient à trouver des scènes pour se produire et les allées et venues dans la capitale les lassaient. Une idée leur a alors traversé l’esprit : « Pourquoi faut-il aller à Paris pour jouer et voir du stand-up ? On veut notre propre scène à Strasbourg ! » C’est décidé, Zohar s’occupera de la partie réseau, business plan, économie. Maurizio développera le côté créatif du concept.
Des débuts clandestins
19H30. La salle est pleine. La soirée débute. Les artistes locaux ouvrent le bal. Au programme : Thomas Muller, Cyrielle Knoepfel puis Florian Muller. Les vannes fusent. Après avoir rigolé aux punchlines des humoristes venus faire la première partie, le public accueille la guest de la soirée. Pendant près de 30 minutes, Rosa Bursztein joue avec les zygomatiques des 50 personnes présentes.
Mais avant de pouvoir accueillir une humoriste reconnue comme Rosa, Zohar et Maurizio ont bossé dur ! Il faut du courage et une touche de folie pour se lancer dans un projet comme le PCC. Heureusement, de la folie, ils en ont, comme lors de la première soirée « clandestine » organisée par les deux hommes.
« Baptiste Lecaplain est le premier artiste avec une notoriété nationale à être venu jouer chez nous. À cette époque, le Plato Comedy Club n’existait pas. La soirée se déroulait dans le sous-sol d’un barbier. Évidemment, on n’avait pas l’autorisation d’organiser une soirée comme celle-ci par rapport à la sécurité. Alors on a acheté une puce jetable ! Personne ne connaissait ce numéro, et on a envoyé un message à toutes les personnes que l’on connaissait : « Lieu non défini tenu secret, guest de notoriété nationale, si tu es chaud envoie oui ». On a fait 3 ou 4 sessions en deux jours », se remémore Zohar avec un grand sourire. Depuis, les différents talents de l’humour se sont succédés .
« Mettre en avant les autres »
22h50. La soirée se termine. Zohar et Maurizio remballent le matériel. Après deux sessions, le duo est satisfait. Même sentiment du côté de Rosa Bursztein. L’humoriste ne regrette pas sa venue. « J’avais envie de découvrir le public d’Alsace. L’expérience est très concluante, je suis ravie », explique-t-elle.
Le public aussi semble s’être amusé. C’est le cas de Loïc, 35 ans. L’homme ne connaissait pas le Plato Comedy Club, mais reviendra : « Il faudrait plus de petites scènes comme celle-ci à Strasbourg. J’aime bien le concept de découvrir un artiste reconnu et des humoristes du coin », explique-t-il à la sortie du bar.
À l’intérieur, le rangement est terminé. Les traits de tous les acteurs de la soirée sont tirés, mais les sourires sont présents. Rendez-vous le 21 février prochain pour une nouvelle soirée au Plato Comedy Club avec la venue de Julien Santini.
Zohar et Maurizio ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin. Le projet se structure. « On a créé une société parce que l’on croit en notre projet. On ne gagne pas d’argent, on en perd même. Mais si l’on peut vivre de l’humour et du stand-up un jour, ça serait génial », se met à rêver Maurizio.
Zohar, lui, rêve de voir Gad Elmaleh, Florence Foresti, Adib Alkhalidey, Fary, ou encore Kyan Khojandi se produire au PCC. Les deux amis veulent organiser un « All-Star Game » de l’humour. L’objectif est de « réunir les bombes atomiques du stand-up en juin. »
Mais l’ambition du duo ne s’arrête pas là : ils veulent placer Strasbourg sur la carte de l’humour. « On voudrait que le PCC tourne tous les soirs avec uniquement des artistes locaux ! Que l’on devienne un vivier de talents à Strasbourg. La scène locale se suffirait à elle-même », sourient les compères.
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