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L’Abricoleuse : la créatrice alsacienne aux mondes miniatures et à l’univers doux et coloré

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Originaire du Haut-Rhin, Marie Failla se partage entre un village proche de Colmar et Strasbourg, où l’on peut croiser ses créations (comme en juin, à la Brasserie Roue Libre). Maniant les ciseaux comme personne, elle n’est pas seulement bricoleuse : elle est « L’Abricoleuse ». De ses mains habiles, cette artiste plasticienne alsacienne de 29 ans coud, façonne, bricole, mais surtout : imagine et reproduit des scènes miniatures à peine plus grandes qu’une boîte à chaussure. Des petits mondes faits de papier qui nous ont fait craquer. Présentation de ses jolies maisons de carton, et de celle qui les crée, à travers quelques questions.

Dans la vraie vie, tu es Marie (Failla). Peux-tu nous dire comment tu as choisi ce pseudo de « L'Abricoleuse » par lequel on te connaît et ce qui t'a poussée à devenir plasticienne ?

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Ce pseudo me permet d’introduire plusieurs notions liées au bricolage qu’on peut retrouver dans mon travail. En effet, le bricoleur est celui qui fait le choix de la pluridisciplinarité, c’est un touche-à-tout qui, bien souvent, fait avec ce qu’il a sous la main. Cela décrit de manière assez juste les différents aspects de mes activités.

L’abricot, c’est un clin d’œil au féminisme même si ce dernier n’est pas perceptible dans mon travail, je le voulais présent à mon identité artistique. C’était pour moi l’occasion de faire cohabiter ces deux concepts en une seule idée.

Depuis enfant, je suis sensibilisée à l’art, de par mon milieu familial et mon environnement. Je concrétise de manière forte cette envie de faire un métier artistique lorsque j’entre à l’École Supérieur d’Art de Lorraine à Épinal [où] j’obtiens à la fin de ces trois belles années un Diplôme National d’Art.

Et c'est là-bas que tu te mets à la miniature ? Qu'est-ce qui t'attire dans ces petits mondes ?

Dans cette école, j’expérimente différentes techniques et explore des domaines artistiques nouveaux avec un appétit plus développé pour la scénographie et l’animation en stop-motion [qui est une technique d’animation utilisée pour animer des objets réels ou dotés de volume].

Ces deux domaines se rejoignent dans l’idée de créer des décors dans lesquels s’animent des personnages et se jouent des histoires. Tantôt à une petite échelle, tantôt à une grande. Je choisis alors de m’attarder sur le petit, qui m’offre une grande liberté dans la création.

Ambiance chaleureuse et scénette du quotidien, je tente de retranscrire la poésie qui émane des lieux simples : une cuisine vintage, la chambre d’un·e passionné·e d’astronomie, un coin de salon, un atelier de couture… Je souhaite donner envie au regardeur d’habiter pendant quelques minutes ce petit monde à accrocher.

En 2020, j’entreprends l’auto-construction d’une tiny house, ces maisons miniatures généralement construites sur un châssis de remorque. J’expérimente l’habitat dans du petit, du mini, du tiny, et gomme ainsi un peu plus les frontières entre ma vie et ma pratique artistique.

Tu parles de « scénette[s] du quotidien »... Comment te viennent tes idées, et comment conçois-tu ces tableaux ?

Généralement, je m’inspire du quotidien comme source première d’inspiration. Amatrice de brocante et d’objets anciens, je peux également imaginer un endroit à partir d’un objet en particulier.

Mais ce que je préfère, ce sont les demandes particulières de mes clients. Certains me contactent pour réaliser des maquettes d’après des photos prises d’un endroit qu’ils chérissent : l’atelier d’un grand-père, le salon d’un collectionneur d’insectes, un coin de table d’une belle soirée d’été…

l’abricoleuse + marie failla
© L'Abricoleuse (Marie Failla)

Je réalise quelques croquis à partir des images données et les transforme ensuite en volume.

J’aime les histoires que racontent les objets. C’est une manière pour moi de mettre en valeur ce qui est important aux yeux de chacun. Cela me fait également sortir de ma zone de confort. Je me confronte à de nouveaux objets à modéliser, de nouvelles formes à travailler, de nouvelles matières à côtoyer…

l’abricoleuse + marie failla
© L'Abricoleuse (Marie Failla)

Et comment les confectionnes-tu, justement ?

Je reste une grande adepte des matières premières simples pour mes réalisations : papier, carton, bouchon de liège, fil de fer, tissus chinés, chutes en tous genre, pâte à modeler… Je trouve dans ces matériaux un potentiel énorme. Je glane et récupère autant que possible. Je me suis tournée vers ces matériaux au départ pour leur accessibilité, leur coût très faible et leurs spécificités techniques. Je leur ai très vite trouvé un potentiel esthétique intéressant.

Fabriquer en petit avec ce qu’on a sous la main, c’est aussi se rapprocher d’une activité presque enfantine proche du jeu. J’aime l’exercice d’imagination et de créativité que cela demande de voir dans un bout de papier une vieille radio ou un télescope.

Outre le quotidien et les demandes de client(e)s, as-tu d'autres sources d'inspiration ? Des artistes que tu suis ?

J’apprécie beaucoup le travail d’Alexandre Calder, notamment son cirque miniature avec lequel il performait. Il a su réunir le miniature et l’animation en articulant ces animaux et ces circassiens en fil de fer. Son travail est doté d’une très grande poésie, proche du monde des enfants.

Plus contemporain à présent : le travail d’Andrea Love. Cette artiste réalise des animations en stop-motion mais dans une esthétique particulière : en effet, c’est avec de laine feutrée/cardée qu’elle modélise tous ces éléments. Elle réalise aussi bien des scènes simples du quotidien que des histoires un peu plus fantastiques dans une nature gigantesque.

[Ou encore] les maquettes en papier de Hannah Levesque [ndlr : une créatrice française, « bâtisseuse de maquettes d’émotions » selon ses propres mots] dans lesquelles elle s’amuse à reproduire des maisons entières avec du papier.

Pèle mêle, dans le stop motion, j’apprécie l’esthétique de Loup Blaster dans Lighthouse, les paysages de Negative Space de Ru Kuwahata et Max Porter [court-métrage nominé aux Oscars en 2018, voir ci-dessus]. Le magnifique jeu vidéo Lumino City développé par State of Play qui a la particularité d’avoir été conçu entièrement à la main à partir de papier coloré et de carton.

Je me nourris aussi beaucoup du spectacle vivant et du monde de la marionnette : le théâtre d’objet et de détournement font écho en moi. Les compagnies qui me nourrissent : Compagnie Écoutilles, la compagnie Les Hommes Sensibles, Scopitone & compagnie, le Cirque Plume

Si l'on a complètement accroché sur tes petites créations en papier, ton activité ne s'arrête pas à celles-ci. Que fais-tu d'autre à côté ?

Comme le bricoleur, je décide de ne pas cantonner mon activité à la création de miniatures et n’hésite pas à me lancer dans des projets couture, ou d’autres types de créations en volume.

Couronne de fleurs en papier, oiseau en papier mâché, trousses d’écolier brodées, insectes fabriqués à partir d’éléments mécaniques de vélos… Du moment que j’ai une idée et qu’elle m’amuse, j’essaye de la réaliser.

l’abricoleuse + marie failla
© L'Abricoleuse (Marie Failla)

Pour découvrir toutes les jolies créations de L’Abricoleuse, ses petits mondes faits d’objets rapetissés comme ses « oiseaux en papier mâché », on t’invite à passer au bistro d’objets Le bruit qui court à Kaysersberg ou à la boutique de seconde-main La Caverne d’habits and Co’ à Ensisheim.

…Ou profiter des prochains marchés de créateurs et créatrices auxquels elle assistera. Pour cela, note-toi le dimanche 20 août avec le collectif Créatis’âme à Saverne, et le week-end du 1 au 3 septembre avec le marché Mis’en fête à Mulhouse.

Sinon, suis ses réseaux, pour une dose régulière de mignonnerie dans ton fil d’actu. Nous, c’est d’ailleurs comme ça qu’elle nous a eus et plu. Un vrai petit coup de cœur.


Pour retrouver L’Abricoleuse

Son Instagram
Sa boutique Loot


l’abricoleuse + marie failla
© L'Abricoleuse (Marie Failla)
l’abricoleuse + marie failla
© L'Abricoleuse (Marie Failla)

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