Tu vis dans un micro appartement au centre de Strasbourg et ne possèdes qu’un tout petit balcon ? Bonne nouvelle, cultiver en permaculture c’est tout à fait possible, productif et plutôt rentable. Et comme la période des semis de printemps a commencé, on te donne 5 petits conseils pour bien démarrer.
On le sait, les plantes sont indispensables à la vie sur Terre et favoriser la végétalisation de son extérieur présente un véritable intérêt pour les habitant(e)s de Strasbourg. Les plantes participent par exemple à la décarbonation et à l’absorption du CO2, et donc à une forme de dépollution naturelle. Elles conservent l’humidité et la fraîcheur et permettent de lutter contre la canicule. Les fleurs attirent les insectes pollinisateurs et favorisent le développement de la biodiversité en ville.
Manger sa propre production de fruits et légumes permet enfin (dans une certaine mesure évidemment) de faire des économies, de manger des produits parfaitement mûrs et sains, de réduire ses déchets et/ou de limiter l’empreinte carbone des repas. En résumé, la permaculture sur un balcon à Strasbourg n’a que du bon et on vous donne quelques outils pour vous y mettre !
Mais avant d’aller plus loin, c’est quoi, au fait, la permaculture ? Il s’agit d’un mode de production agricole résilient, qui s’oppose au modèle de l’agriculture conventionnelle (c’est-à-dire l’agriculture productiviste adepte des produits phytosanitaires). C’est une “culture de la permanence”, soit un mode de production durable combiné à une philosophie de vie favorisant l’harmonie des écosystèmes et des relations qui existent entre tous les végétaux, minéraux et être vivants qui s’y trouvent (dont nous les humains).
Pour faire plus simple, il s’agit d’associer différentes espèces de plantes adaptées au milieu que l’on cultive afin de répondre aux besoins de chacune et créer une symbiose parfaite entre tous les êtres vivants. En permaculture on fait revivre les sols grâce à l’agriculture biologique et au compost ; et selon une étude de l’INRA de 2014, cette méthode durable appliquée à grande échelle pourrait multiplier les revenus des agriculteurs par 10 tant elle est efficace. Elle pourrait même être une solution durable aux crises agricoles à venir liées au réchauffement climatique.
Et nos balcons dans tout ça ?
Ces principes sont aussi tout à fait adaptables à la culture hors sol en pots, jardinières et donc, à nos petits balcons ! C’est là toute la magie de la permaculture et évidemment, Strasbourg s’y prête parfaitement en raison de son climat continental, de ses printemps et automnes relativement humides et de ses étés bien ensoleillés. L’idée c’est de recréer un écosystème vivant et en symbiose sur son petit bout de béton et de participer ainsi au verdissement de la ville.
Pour y parvenir, il faut toutefois respecter quelques règles et principes fondamentaux.
Conseil n°1 : Observer et analyser l’espace à planter
La première chose à faire est d’analyser son balcon : le taux et le nombre d’heures d’ensoleillement, les espaces ombragés, l’exposition au vent et aux intempéries. Il sera évidemment plus facile de planter sur un balcon exposé plein sud ou sud-ouest mais pas impossible non plus sur un balcon exposé nord-est.
Il suffira “simplement” d’adapter les variétés et de choisir des espèces supportant davantage l’ombre. Si l’ensoleillement est vraiment restreint, évitez les cultures qui dépassent 1,50 m mais sinon toute plante adaptée à la culture en pots pourra trouver place sur votre balcon : tomates cerises, herbes aromatiques, radis, laitues etc.
Conseil n°2 : Optimiser au maximum l’espace avec des matériaux recyclés
Pensez “volume” ! Sur un balcon on peut tout exploiter : les murs, les balustrades et rambardes, le plafond. On peut aussi l’aménager sur plusieurs étages. Installer des pots suspendus, des supports muraux, privilégier les plantes grimpantes (certaines variétés de fraises par exemple). Tous les espaces sont utiles. Dessinez votre potager.
Et comme la permaculture c’est aussi un moyen de préserver l’environnement, pensez d’abord à utiliser des matériaux de seconde main ou recyclés, de vieilles palettes pour faire un bac, une ancienne échelle comme tuteur mural. Les idées abondent sur Pinterest et sur les balcons et terrasses strasbourgeois. Il suffit parfois juste de lever la tête. (Petit tableau d’inspiration ici).
Conseil n°3 : Adopter les bonnes techniques permacoles
Pensez à zoner à l’avance vos différentes cultures, c’est à dire établir un plan de votre balcon, en tenant compte de vos observations mais aussi des compatibilités entre les végétaux. Associer par exemple du basilic et des tomates au sein d’un même pot permet à chacune des plantes de tirer avantage de l’autre. Le basilic profite de l’ombre de la tomate tandis que cette dernière bénéficie des insectes pollinisateurs attirés par le basilic.
Attention, toutes les combinaisons ne sont pas possibles et certaines peuvent même être contre-productives. Mieux vaut se référer à des tableaux de compatibilités des plantes très nombreux sur internet (comme celui-là par exemple). Il s’agira également d’utiliser une terre riche et adaptée à l’agriculture biologique (le terreau que l’on trouve en jardinerie fait très bien l’affaire, tout comme les graines).
On peut aussi mettre en place un petit compost, ou lombricompost pour nourrir la terre et lui redonner ce que les plantes ne peuvent trouver naturellement dans le sol. Pensez également à pailler les pots ou bacs, c’est-à-dire à recouvrir la terre de paille ou de feuilles mortes pour éviter l’évaporation de l’eau et maintenir les racines bien au frais. Enfin, n’hésitez pas à partager votre espace avec toute la biodiversité locale. Placez un petit récipient avec de l’eau et des cailloux pour faire boire les oiseaux en été, installez un nichoir à hirondelles, plantez des fleurs ou construisez un hôtel à insectes …
Conseil n°4 : Être patient(e)
La permaculture apprend la patience et la rigueur. Ne pas se hâter, faire des semis (planter ses graines) à l’intérieur et bien attendre les dernières gelées avant de les mettre en pot à l’extérieur sur le balcon. Les dates des saints de Glaces sont absolument cruciales en Alsace, il s’agit des 11, 12 et 13 mai. Certains semis ne résisteront pas s’ils sont placés dehors trop tôt, même s’ils ont l’air bien vigoureux et que vous les avez bien chouchoutés.
Il faut respecter tous les calendriers mais aussi les techniques de plantation spécifiques à chaque plante. Ces informations se trouvent généralement sur les paquets de graines ou très facilement sur internet. Une petite recherche sur Ecosia (tant qu’à faire) pour ne pas se tromper et hop on se transforme en super permaculteur et permacultrice.
Conseil n°5 : Laisser toute la biodiversité s’exprimer
Une fois tout en place, on ne touche plus à rien. Ici, on ne taille pas, on ne coupe pas, on ne supprime rien. Il n’y pas de “mauvaise herbe” ni de “mauvais insecte” en permaculture. Les permaculteurs et permacultrices sont fainéant(e)s par nature, ils ou elles ne touchent à rien, arrosent simplement, prennent soin de leurs plantes et leur disent des mots doux en attendant de les récolter. Le but est tout simplement de laisser la nature faire ce qu’elle sait faire de mieux, se développer et se régénérer. Et ça va très vite, vous verrez !
