Alors que le Racing tentera de décrocher une deuxième victoire consécutive face à Clermont ce dimanche après-midi, une nouvelle a quelque peu bouleversé le monde du foot strasbourgeois. Plus de 25 ans après, le club pourrait en effet repasser sous pavillon américain. On fait le point sur cette rumeur qui pourrait changer beaucoup de choses.
C’est une information qui a bouleversé bon nombre de supporters strasbourgeois ce vendredi soir 24 février. Un peu avant 20h, le journal l’Équipe publiait un article nommé : « Les propriétaires américains de Chelsea s’intéressent de près à Strasbourg ». La raison ? Un déjeuner pris entre Marc Keller, président du Racing, et Todd Boehly, milliardaire, co-propriétaire et président de Chelsea.
Une nouvelle complètement inattendue, qui a fait l’effet d’une petite bombe dans toute la presse nationale comme locale, alors que le club a son l’attention complètement tournée vers le match de ce dimanche contre Clermont. Match ô combien important, où les hommes de Frédéric Antonetti tenteront d’aller décrocher des points précieux dans la mission commando du maintien.
Plus d’argent pour faire grandir le club
Bien que rien ne soit évidemment décidé aujourd’hui, revenons tout de même sur cette hypothèse d’intérêt américain. Si l’annonce en a pris plus d’un de court, elle n’est pas illogique en elle-même.
En effet, cela fait maintenant plusieurs années que Marc Keller s’évertue à expliquer qu’un changement de dimension sportive du Racing passera forcément par une montée en puissance de l’actionnariat. Pour parler simplement : pour que le Racing tutoie les étoiles, il faudra de l’argent en plus.
Cela tombe bien, parce que de l’argent, Chelsea en a à revendre. Depuis l’arrivée de Todd Boehly à la tête du club, les Blues ont ainsi dépensé plus de 610 millions d’euros, dont 330 millions sur le seul mercato d’hiver dernier. Une frénésie dépensière qui n’a pour le moment pas eu les résultats sportifs escomptés, Chelsea végétant dans le ventre mou de la Premier League et en mauvaise position en Ligue des Champions.
Cela n’empêche pas les dirigeants des Blues de vouloir acquérir d’autres Bleus, cette fois-ci ceux du Racing. En effet, toujours selon l’Équipe, ils seraient particulièrement sensibles aux saines finances du club et souhaiteraient l’aider à se développer. Cela passerait par une acquisition à 100%, et par le prêt de certains joueurs, une spécialité de Chelsea qui possède 46 joueurs sous contrat actuellement. Et dans le lot, il y en a qui seraient très utiles.
La peur de devenir un « club satellite » et de perdre son âme
Sauf que, très vite, lorsque la nouvelle est tombée, elle a suscité des réactions contrastées de la part des supporters du Racing. En premier lieu, les différentes associations de supporters ont communiqué un document reflétant leur vision du Racing. Pour résumer leur vision : « Le Racing est un club populaire, à l’identité forte et indépendante, avec un projet sportif ambitieux mais raisonnable et durable ». Le document a été remis aux dirigeants du club au début de cette année et « permettra d’engager une discussion avec Marc Keller au moment opportun ».
Il faut dire que le moment est idoine, compte tenu du fait qu’en ce moment, l’actionnariat des clubs français se conjugue de plus en plus à l’international, avec la moitié des clubs désormais aux mains de propriétaires étrangers. Plus « grave » encore, Troyes est devenu depuis quelques années un club satellite du City Football Group, notamment propriétaire de Manchester City. Lorient a suivi le pas cette année, passant minoritairement sous pavillon américain intégrant un consortium économico-sportif et devenant club satellite de l’AFC Bournemouth.
En somme, il y a la peur de voir disparaître le Racing Club de Strasbourg que l’on aime, englouti par un géant américain qui ne voit en notre club que l’opportunité de découvrir un nouveau marché. Et si les stars, strass, paillettes et moyens financiers supplémentaires peuvent faire briller des yeux, l’histoire du Racing devrait nous inciter à la prudence.
L’ombre d’IMG-McCormack
Car, il y a 26 ans, un autre Américain débarquait à Strasbourg. À ce moment-là, Catherine Trautmann décide de vendre le Racing au géant américain IMG-McCormack, préférant le clinquant du rêve américain au sérieux d’un club jusqu’alors gérée comme il se devait feu Roland Weller.
Fraîchement débarqué à Strasbourg, les Américains et Patrick Proisy promettent aux supporters de grands noms du football. Sauf que, dès le départ, les Américains voulaient seulement faire du club une marque, un produit, une pierre en plus dans leur édifice s’étendant à toute l’Europe.
Les heures difficiles du Racing : McCormack, ou le rêve américain au goût amer
Et, comme chaque supporter du Racing le sait, les six ans qui ont suivi ont été très compliqués : des résultats décevants, débouchant sur des périodes très dures au stade de la Meinau, notamment entre joueurs et supporters. Au Racing, lorsque l’on dissout l’identité du club, on peut avoir l’un des meilleurs budgets, si les supporters ne se reconnaissent plus dans les valeurs, on va droit vers le précipice.
L’information de l’Équipe ce vendredi 24 février a fait l’effet d’un choc. Pas par sa réalité, pas encore confirmée, mais parce qu’elle marque une nouvelle étape au Racing, à laquelle il faut se préparer. Car bien qu’on soit encore loin d’une acquisition, et encore moins par les propriétaires de Chelsea, il viendra un jour où Marc Keller s’envolera vers d’autres cieux, et le Racing changera d’actionnaires. Il serait alors bon de se souvenir des erreurs du passé, pour que notre club réussisse à franchir un cap, en ne perdant pas les valeurs qui font que l’on a toujours envie de venir au stade, en CFA 2 comme aux portes de l’Europe.