Ouvert depuis avril 2022, un dispositif permet aux Strasbourgeoises enceintes de profiter du sport santé sur ordonnance. Présenté dans le budget 2023 de la Ville, il ancre encore davantage Strasbourg comme ville pionnière en la matière.
Strasbourg, capitale du sport santé sur ordonnance ? Depuis 2012, notre Ville est une pionnière dans la prescription médicale d’activité physique, régulière et modérée par un médecin généraliste. Une façon d’aider les personnes touchées par les affections longues durée (ALD), comme par exemple le cancer du sein, du colon ou encore le diabète de type 2.
Volonté politique de la Ville de Strasbourg de développer la prévention primaire et secondaire des maladies chroniques par l’activité physique, le dispositif ne cesse d’évoluer, prenant désormais en compte la santé mentale. Dernière nouveauté en date ? L’ouverture du sport santé sur ordonnance aux femmes enceintes, à partir du quatrième mois de grossesse jusqu’à l’accouchement. Bonus : elles peuvent continuer jusqu’au neuvième mois de l’enfant.
Les bénéfices d’une activité physique adaptée pour les femmes enceintes
Un dispositif qui comporte de nombreux avantages, contrairement à ce que l’on pourrait penser. Selon Alexandre Feltz, adjoint à la santé et père du sport santé à Strasbourg : « Les femmes enceintes font moins d’activités physiques lorsqu’elles sont enceintes. Cela relève d’inquiétudes ; quand on parle de sport, on a l’image du sport de contact, de compétition, de force. Et donc il y a des peurs que ça nuise à la grossesse, que ça retarde le développement du bébé ».
Alors qu’au contraire, cela permet des gains de santé importants : « Les études montrent que les femmes qui font des activités physiques adaptées ont des gains en santé plus importants ». Cela permet notamment de diminuer le risque de diabète gestationnel, un diabète qui survient durant la grossesse, mais aussi le risque d’hypertension artérielle avec atteinte rénale. Enfin, cela permet d’améliorer la santé mentale, avec moins d’anxiété et moins de post-partum.
De plus, les activités prescrites sont des pratiques douces. Un éducateur médico-sportif spécialisé accompagne en effet les femmes enceintes, et leur prépare un programme personnalisé. Exit ce qui entraîne des chutes ou des coups, comme le vélo ou l’escalade. À la place, les activités dans l’eau seront privilégiées, tout comme la gymnastique, le yoga ou le tai chi.
Pérenniser les budgets pour le futur du sport santé à Strasbourg
Si le dispositif a ouvert en avril dernier, la Ville n’a pas encore réellement communiqué sur le sujet. Selon Alexandre Feltz, seulement une cinquantaine de personnes a été touchée depuis le départ, procédant sur du bouche-à-oreilles. La raison est simple : il faut d’abord pérenniser les budgets.
L’évolution du dispositif est inscrite dans le budget 2023 de la Ville de Strasbourg, mais la réalité économique s’avère difficile selon l’adjoint : « Aujourd’hui, on n’a pas de crédits nationaux, on bricole un modèle économique avec les acteurs intéressés. À Strasbourg, l’Assurance maladie participe au financement au sport santé depuis l’année dernière, ce qui est positif ». Ainsi, le besoin de crédits pérennes se fait ressentir : « Les besoins sont importants et on veut pouvoir y répondre ».
Une ambition de développer encore plus loin le sport santé
En effet, les besoins du sport santé se font de plus en plus sentir, à Strasbourg et aux alentours. Si à Strasbourg le dispositif suit environ 5 000 personnes, ce n’est pas assez selon Alexandre Feltz : « Si dans le Grand Est, on prend en compte toutes les ALD, les maladies chroniques, les personnes âgées fragilisées, femmes enceintes, santé mentale… on monte presque à 30 % des adultes. À Strasbourg, cela représente des dizaines de milliers. Donc pour l’instant on est loin du compte ».
Pour aller plus loin, Alexandre Feltz a la volonté de généraliser les modèles développés à Strasbourg ou à l’ARS Grand Est au niveau national. La prochaine ouverture de l’aile médicale des Bains municipaux dédiée à l’activité physique, prévue en octobre prochain, s’inscrit dans cette lignée, avec plus de 1 500 m2 dédiés au sport santé. On a hâte.
Enfin des investissements dans la prévention, je suis persuadée que c’est l’avenir Énorme besoin de développer ce domaine