Ces dernières années, de nombreux pubs irlandais ont fermé à tour de bras à Strasbourg. Des établissements parfois trentenaires, qui regroupaient en leurs murs des quantités de souvenirs dans la tête des Strasbourgeois(es). Au-delà de leur disparition qui touchera chaque habitué(e), cet effacement d’un certain sens de la fête à Strasbourg a de quoi inquiéter quant au futur de nos soirées.
Les deux dernières années n’ont pas été tendres envers les Strasbourgeois(es) fanas de Guinness, de grosses tablées en bois et de comptoirs massifs. En effet, la liste des pubs strasbourgeois victimes de fermeture s’est allongée ces dernières années.
Le Mac Carthy, le Nelson, le O’Brien’s, le Kelly’s Sibin… tous ces établissements ont fermé boutique. Laissant vides les verres de Guinness, et les coeurs, de nombre de Strasbourgeois(es) attaché(e)s à cette ambiance particulière.
« On ne sert plus ! » : récit de la dernière soirée du Nelson
La disparition progressive d'un certain sens de la fête
Résultat des courses : il y a de moins en moins de pubs à Strasbourg. Les derniers survivants se comptent sur les doigts d’une main : l’Adamson’s à côté des Halles, le Bordeaux, près du Lycée Kléber, le Dubliners et le Molly place d’Austerlitz. On peut y rajouter La Belle Strasbourg, près du campus, qui a repris comme telle l’ancienne déco de l’Irish. Le compte est maigre, et c’est un vrai problème pour nos soirées strasbourgeoises.
Parce que les pubs, c’est la convivialité. C’est de la musique : parfois irlandaise, parfois rock, parfois même versant dans la synthwave ou l’électro, mais toujours très forte. Ce sont de grandes tablées, souvent en bois massif, des tonneaux et un comptoir généreux, en vrai bois lui aussi, où les échoué(e)s de la vie peuvent toujours s’accrocher l’espace d’un instant. C’est de la Guinness, servie en deux fois comme il est coutume, du cidre, des fléchettes.
Mais surtout, ce sont des souvenirs. Des souvenirs de concerts, d’amour et d’amitié, de moments passés à discuter, à s’embrouiller, à rire et à chanter. En bref, un certain sens de la fête dans des endroits qui ne ressemblent pas à la majorité des bars de Strasbourg.
Un futur lissage des soirées strasbourgeoises ?
Et c’est sans doute ça le vrai problème. Les pubs apparaissaient comme singuliers au sein de la proposition de bars strasbourgeois où passer nos soirées et nuits. Et leur disparition n’augure pas forcément du bon quant à la diversité des adresses où aller boire un coup. Des quatre disparus, seul le Canapé Queer a réussi à importer un nouveau concept qui fait du bien à Strasbourg. Le tout, en choisissant de garder une partie de la déco du Nelson, plutôt que de tout raser pour y mettre du béton déshumanisé.
Ces disparitions font également état d’une tendance de plus en plus forte dans notre ville : les grands groupes prennent de plus en plus de place. Strasbourg ressemble de plus en plus à un Monopoly, avec désormais des rues entières appartenant aux mêmes personnes. Et si parfois de l’originalité apparaît dans les concepts, on se retrouve souvent face à des endroits qui se ressemblent. Un certain manque de panache de la part du capitalisme, qui entreprend sans réellement prendre de risques.
On peut tout de même se rassurer sur un point : notre ville a du talent, de la créativité et de la ressource à revendre avec ses indépendants. La Pep’, le Local, la Planque, le Blue Note, le Kitsch, le Garde Fou et encore plein d’autres : les concepts originaux se développent, créant une nouvelle façon de profiter des soirées strasbourgeoises. Et d’irréductibles bars continuent encore de proposer leur ambiance bien à eux, comme le Chariot ou encore l’Excalibur. Strasbourg n’est pas encore (trop) lisse, mais attention.
Cette progressive disparition des pubs à Strasbourg, qui s’accélère ces dernières années, possède une double conséquence : enlever une partie de l’âme dans nos soirées en réduisant la propositions de bars différents et, ce faisant, faire face au risque d’une uniformisation des bars strasbourgeois. Heureusement, notre ville a de la créativité à revendre et on ne peut qu’espérer de tout coeur qu’elle continue d’exister.
Il reste aussi l Excalibur rue des bouchers pour les amoureux du bois et de la bière, même si son rayonnement est plus confidentiel et atypique (ambiance rock/métal). Entièrement d accord avec l article, cette nouvelle génération de bar(?) est aseptisée et standardisée mais cela correspond au attente de ces nouveaux consommateurs qui souhaitent être sur de rentabiliser leur investissement sans déconvenue…aux prix de la découverte et de la spontanéité (et quoi de mieux que des chaines pour cela !) Mais c est dans l air du temps c est ainsi il en faut pour tous :). Par contre une chose est sur sans jouer le OK boomer : ces nouveaux bar ne correspondent pas à cette merveilleuse ville qu est Strasbourg, ni en terme de visuel/architecture ni en terme d esprit.