Il y a des gens dans la vie, qui décident de se lancer dans des projets un peu fous. Florian Bernard, Strasbourgeois depuis 3 ans et demi, en fait partie. Il a tout simplement décidé de pousser l’amour du vélo à son paroxysme : réaliser un trajet entre le point le plus à l’Est, Lauterbourg, jusqu’à la pointe de Corsen dans le Finistère, point le plus à l’Ouest. Rentré depuis le 27 juillet dernier, on est parti à sa rencontre.
« Grand Est to Phare Ouest ». C’est le nom du projet un peu fou de Florian, fervent pratiquant de bike polo, et surtout grand amateur de vélo. Si son amour pour le vélo date d’avant son arrivée dans notre ville, Strasbourg lui a tout de suite fait de l’effet : « Le vélo c’est un véhicule de déplacement que j’ai découvert à Rouen, et qui m’a ouvert des portes inimaginables en centre-ville. C’est pour cela que je me suis tout de suite senti bien à Strasbourg, the place to be pour le vélo ». On n’est peut-être plus capitale du vélo, mais on donne quand même des idées.
Mais qu’est-ce qui a fait que d’amateur de vélo, on passe à vouloir se lancer un défi d’aller du point le plus à l’Est de la France vers celui le plus à l’Ouest ? Si Florian apprécie « le goût de l’effort et de se surpasser », c’est surtout le confinement qui a joué pour le jeune homme : « Durant le confinement, ma copine m’a acheté un livre d’une personne qui est allée à Hong-Kong en vélo. La frustration du confinement a décuplé mes envies de voyager ». Enfin, il voulait également se prouver qu’il était capable de faire un tel voyage.
100 kilomètres par jour, pendant 15 jours
Florian l’avoue : c’était la première fois qu’il se lançait dans un parcours aussi long. Avant cette aventure, son plus long trajet était un Strasbourg-Sélestat-Strasbourg à vélo, « pour aller manger une glace ». Pour ce voyage-là, les distances étaient toutes autres. Rendez-vous compte : 1 500 kilomètres en 15 jours. Pour les matheuses et matheux du fond de la classe, le Strasbourgeois s’est donc lancé un objectif de 100 kilomètres par jour. Ainsi, Florian s’est fixé quelques règles à suivre car il a dû se débrouiller tout seul pour subvenir à ses besoins, notamment alimentaires : « En plus des 100km par jour, j’avais ma tente car je ne voulais pas dormir dans les hôtels. J’ai également voulu tenir un petit journal vocal comme souvenir de voyage, et pas de cigarette ni d’alcool. Je voulais vraiment transférer mon énergie vers l’aventure que je vivais ».
Surtout, il s’est créé une routine : « Je ne me suis pas trop posé de questions. Au départ c’est un peu brouillon mais ensuite la routine s’installe au fur et à mesure. J’avais par exemple toujours le même petit-déjeuner. À la fin ton sac c’est un Tétris que tu connais par coeur ». Même si, forcément, il a eu du mal – et mal – à certains moments : « C’était dur, on ne va pas se mentir. Rien d’insurmontable, mais il y a des moments où quand tu as la dalle mais qu’il faut que tu pédales le long d’un canal pas très beau, tu peux avoir une baisse de moral. Il y a aussi les douleurs physiques qui s’installent, j’ai eu des courbatures aux cuisses du 4ème au dernier jour ». Mais finalement, Florian retient le positif : « Ce sont plus des petits challenges à surmonter que de moments qui se sont mal passés ».
« Les trous noirs se remplissent de couleur » : découvrir la France et ses surprises
Et du positif, il en a pris plein les mirettes. Mais surtout, il a pu compléter sa carte de France, en la découvrant à vélo. Et il a eu son lot de surprises : « Le voyage s’est super bien passé, on rencontre beaucoup de gens, beaucoup de nationalités. Ça s’est passé la tête dans le guidon, j’ai pas eu l’impression de voir le temps passer et de m’arrêter. Ce que je retiens, durant le voyage, c’est la découverte des choses que l’on attendrait pas ici. Par exemple, d’énormes lacs près de Troyes avec une végétation super particulière… Pour moi c’était une zone vide, alors qu’en fait ça s’est peuplé de pleins de petits souvenirs et d’images. Les trous noirs se remplissent de couleur ».
En plus de cela, Florian s’est pris également quelques claques visuelles : « Le jour où t’arrives et que tu vois la mer, au bord du Mont Saint-Michel, c’était incroyable. Tu te rends compte que t’as fait une bonne étape. La surprise des rencontres, des gens qu’on voit sur le trajet, leurs histoires. Les petites choses insoupçonnées quoi ». Et désormais, le Strasbourgeois peut se targuer de connaître un peu mieux sa France : « Aujourd’hui, ma carte de France de l’Est à l’Ouest est bien plus peuplé qu’avant. Là où tu t’attends à quelque chose, ce que tu vois est forcément différent. Mais quand tu t’attends à rien, quand tu découvres ce qu’il y a et que tu es un peu curieux, tu prends forcément une petite claque ».
L’émotion à l’arrivée
Même revenu depuis deux semaines, lorsque l’on évoque la fin du voyage, Florian ne peut retenir l’émotion dans sa voix quand il raconte le moment : « J’ai fait 1 606km, et les six derniers, tout est allé très vite, je m’en souviens exactement. Tu commences à sentir le but arriver, tu vois l’auto-école, t’accélères, c’était vraiment très intense, le vent en face, comme si le temps me disait que ça allait pas être simple jusqu’au bout, mais j’ai apprécié. T’es un peu vidé, je sais pas, y a la satisfaction ». Et déjà même l’envie d’aller plus loin :« Quand tu arrives à la pointe de Corsen, tu regardes ce qu’il y a derrière, c’est l’île de Ouessant, t’as envie d’y aller ».
Avec un peu de recul, Florian a pu se rendre compte de ce qu’il avait accompli :« Quand t’es engagé dans la démarche, tu te rends pas compte tout de suite. C’est quand tu prends du recul que tu digères, que tu te rends compte du chemin parcouru, littéralement ». Il en ressort un autre type de satisfaction : « Quand tu regardes les photos, quand je réécoute mon journal de bord, c’est encore une satisfaction. Plus posée, mais tu t’impressionnes un peu toi-même finalement ». Désormais, le Strasbourgeois a déjà son regard tourné vers la suite : « J’ai déjà quelques pistes, par exemple du Nord au Sud de la France. À terme, j’ai envie d’aller voir d’autres continents, pourquoi pas un tour du monde à vélo… ». Parce que finalement, comme il le dit lui-même : « Quand tu vois que ça passe et que c’est faisable t’as envie de pousser ».
Une belle aventure, chapeau !
Joli aventure. Florian montre que c’est à la portée de (presque) tout le monde. Un peu de préparation, de l’effort et en route pour l’inconnu !
Bravo et merci pour le partage. Hâte de lire la traversée de la France nord/sud. 😉
Bravo mon fils. Papa