Parce que la chaleur étouffante fait que nos cerveaux sont déjà en surchauffe, tout au long de l’été, la rédaction va tenter de répondre à des questions existentielles. Des interrogations surprenantes voire absurdes, qui peuvent parfois sembler stupides, mais qu’on a voulu traiter sérieusement. Cet été, on veut des réponses ! Aujourd’hui, on s’est demandé si la Petite France était vraiment si petite que ça.
Très succinctement, la réponse est… oui. Il faut dire que son périmètre ne couvre pas grand chose. En effet, le quartier se délimite au nord par la rue du Bain-aux-Plantes et la place Benjamin Zix, à l’ouest par les Ponts Couverts, à l’est par la rue du Pont-Saint-Martin, le pont Saint-Martin et la passerelle des Moulins et au sud le canal du moulin Zorn. Mais pour en être sûr, on est allé mesurer sa surface.
À l’aide d’un grossier calcul de distance en utilisant Google Maps, on remarque que le quartier fait environ 500m de long, pour 150m de large. Rassemblant nos souvenirs obscurs de mathématiques de collège, on multiplie les deux et on obtient alors une surface de 75 000m2. Soit l’équivalent de deux centres commerciaux Rivetoile. On en conviendra, cela n’est pas très grand. Cela rajoute sans aucun doute au charme du quartier, comme un peu perdu dans le temps au sein d’un Strasbourg en continuel mouvement.
Tannerie et syphilis : petite histoire de la Petite France
Mais alors, si le nom Petite France n’a rien à voir avec la taille, est-ce que le nom possède un quelconque rapport avec la France ? Oui, mais pas forcément comme on l’imagine au premier abord. Pour celles et ceux qui ne le savent pas encore, avant d’être le quartier pittoresque de la ville, la Petite France tient surtout son nom d’une maladie nommée « le mal français ». La version officielle ? La petite variole. La version officieuse ? La syphilis. Une anecdote dont les milliards de touristes, et les Strasbourgeois(es), prenant un selfie sur le pont tournant n’ont probablement jamais entendu parler.
Mais revenons sur l’histoire. De retour d’une campagne de guerre en Italie sous les ordres de Charles VIII, de nombreux lansquenets combattants pour la France, majoritairement des mercenaires allemands, ramenèrent en effet la syphilis dans leurs bagages. Sauf que, comme personne ne souhaitait être associé à cette nouvelle maladie, tout le monde l’attribuait à ses ennemis. Ainsi, pour les Français, c’était le « mal de Naples ». Mais pour une bonne partie du reste du monde, c’était le « mal français ». Vous commencez peut-être à voir où est-ce que l’histoire nous mène…
Arrivant à Strasbourg, il a donc bien fallu les traiter. Mais, attention, le plus loin possible de la population. Et à cette époque, un quartier n’avait pas bonne réputation. Un quartier dont les odeurs de tannerie indisposaient la plupart des habitantes et des habitants. Ding ding, on parle de notre Petite France ! On décide donc de faire d’une pierre deux coups. Le bâtiment les accueillant, le Finkwiller, est rapidement surnommé « Petite-France » par les caustiques habitants de Strasbourg, qui n’était d’ailleurs pas français mais appartenait au Saint Empire Romain Germanique. « Petite-France » équivalait donc à l’époque à l’endroit strasbourgeois où l’on soignait ceux atteint du « mal français ». Une référence peu pittoresque, dans un quartier qui l’est par la suite devenu.