Cet été, impossible d’être tranquille plus de cinq minutes. Un pas dehors et elles sont là, une bière en terrasse et elles se jettent dedans, un pique-nique dans le jardin et elles prennent part au festin. Les guêpes sont définitivement le fléau de notre été. Sont-elles vraiment plus nombreuses et plus agressives cette année et surtout comment s’en protéger ? On a demandé conseil à des professionnels du domaine.
Pas de doute, cette année les guêpes sont plus nombreuses. Le développement des nids est d’ailleurs plus avancé que les années précédentes. La raison ? Un hiver particulièrement clément. “En hiver les fondatrices se mettent en hibernation et elles se réveillent au printemps. Généralement, s’il y a un pic de chaleur avant certaines vont se réveiller trop tôt et quand il y a de nouveau un gros coup de froid ou du gel, une partie de la population est décimée. Mais cette année, elles se sont toutes endormies en même temps et réveillées en même temps.” explique Faruk, de l’entreprise Dard des villes. Voilà pourquoi on peut dire qu’en 2022, on est au max des effectifs de ces insectes piqueurs.
Quant à leur omniprésence près de nos habitations et leur attitude agressive, là encore, c’est la météo qui influence leur comportement. En cas de fortes chaleurs, les guêpes cherchent tout comme nous à s’hydrater et à se nourrir pour survivre. Mais l’environnement est plus sec et la nourriture se fait donc plus rare. Elles sont donc contraintes de se rapprocher des humains, pour boire dans leurs verres, dans les piscines, trouver de la nourriture sucrée sur nos assiettes et profiter de l’humidité de la végétation lorsqu’on arrose. Quand c’est une question de vie ou de mort, forcément, ça rend plus tenace.
Comment éviter de se faire piquer ?
Le risque quand on croise autant de guêpes tout au long de l’été, c’est évidemment de se faire piquer. Et pour l’éviter, mieux vaut adopter les bons réflexes. Tous les experts dans le domaine s’acharnent à le rappeler : ces insectes sont inoffensifs et ne piquent jamais intentionnellement. Il s’agit d’un réflexe de défense si ceux-ci se sentent attaqués, en danger ou bien si on touche à leur nid. Les consignes sont simples, il faut essayer de rester calme au maximum et éviter les mouvements brusques. Ne jamais courir ou s’échapper en faisant de grands gestes avec les bras, mais plutôt fermer sa bouche, protéger son visage et partir tranquillement. “La guêpe fait partie de notre éco-système alsacien. Cette année, c’est une saison à guêpe donc forcément il y en a plus et si on ne prend pas les bonnes habitudes, on risque de s’y frotter et de s’y piquer comme on dit.” souligne Faruk.
À table, mieux vaut redoubler de vigilance. Il n’existe pas de solution miracle. Il faudra être prudent à chaque bouchée pour éviter d’en avaler et proscrire les canettes au profit de verre et bouteilles transparentes. L’idéal, c’est aussi de débarrasser son assiette au plus vite et d’éviter de laisser des restes de nourriture. Les guêpes sont d’ailleurs particulièrement attirées par la bière et la viande, ou les aliments sucrés.
Isabelle et Philippe Mey sont à la tête de la petite entreprise “Stop Guêpes frelons Alsace” basée à Kienheim. Apiculteurs de loisirs, leur aide était si souvent sollicitée qu’ils ont finalement décidé de se professionnaliser dans le domaine. D’après Isabelle, si une guêpe a décidé de prendre part à votre repas, il y a des chances pour que d’autres la rejoignent assez rapidement : “Si les guêpes viennent à table, ça ne veut pas forcément dire qu’il y a un nid juste au-dessus de vous. Il peut être à 3 ou 4 mètres, comme à plusieurs kilomètres. Mais s’il y a vraiment un nid proche, une première guêpe viendra se nourrir et retournera à son nid pour prévenir toutes les autres. Ensuite, ce sera la cohue, parce qu’elles vont toutes venir. À ce stade, le mieux c’est encore de prendre son assiette et de rentrer à l’intérieur.”
Bien qu’il n’y ait pas de remède miracle, l’apicultrice a pris l’habitude d’utiliser une astuce de grand-mère qui semble assez efficace lors de repas en extérieur. Elle conseille de faire brûler une dosette fraîche de café dans un pot en verre ou pot de confiture (attention, on parle bien de dosettes et non de capsules en aluminium). Mieux vaut le disposer sur un socle en bois, car le récipient chauffera et de la fumée s’en dégagera. Sur le coin de son assiette, on peut aussi écraser un peu de clou de girofle qui embaumera l’air autour et gênera les guêpes.
Comment réagir si on se fait piquer ?
Une piqûre n’est jamais anodine. D’autant plus qu’une guêpe a la capacité de piquer plusieurs fois grâce à son dard lisse, à l’inverse des abeilles. Si cela arrive, la piqûre va gonfler, devenir rouge et sera chaude et douloureuse. Si les symptômes se limitent généralement à ça, il peut arriver que la situation s’aggrave.
Si on s’est fait piquer dans la bouche ou dans la gorge, ou bien qu’on a des difficultés à respirer, il faut tout de suite composer le 15 afin d’avoir un avis médical. Même chose si on a été piqué plusieurs fois. À partir d’une vingtaine de piqûres chez l’adulte et de 5 ou 6 sur un enfant, la situation devient inquiétante.
L’un des risques les plus importants concerne les personnes allergiques. Isabelle rappelle que chacun peut déjà avoir été piqué par le passé et développer une allergie l’été d’après. En général, les symptômes surviennent dans les minutes qui suivent la piqûre. “La personne va se sentir mal, son pouls va s’accélérer et elle peut aussi faire un malaise. Si elle tombe tout de suite dans les pommes, c’est une réaction allergique majeure, il faut tout de suite alerter les secours.” prévient l’experte. Dans certains cas, la réaction peut arriver bien plus tard, dans les 24 à 48h qui suivent. Elle recommande donc de ne jamais rester seul après avoir été piqué.
Et si on a un nid chez soi ?
S’ils intervenaient encore il y a quelques années, les pompiers ne se déplacent maintenant que rarement pour vous débarrasser d’un nid de guêpes et facturent leur déplacement. La SIS du Bas-Rhin invite les Strasbourgeoises et les Strasbourgeois à faire appel à des sociétés privées, pour éviter d’encombrer la ligne réservée aux urgences et qu’ils puissent se concentrer sur d’autres missions.
La première étape quand on pense avoir un nid chez soi ou à proximité, c’est de confirmer sa présence et de déterminer de quel insecte il s’agit. “Lorsque vous constatez un aller-retour de guêpes à un point fixe, un nid se cache sûrement de l’autre côté.” reconnaît Maxime de SOS Guêpes 67. Dans ce cas-là, la consigne est simple et pourtant rarement respectée : ne rien entreprendre soi-même. Absolument rien. Pompiers à la caserne de Lingolsheim, Faruk et son collègue Aymric ont ouvert leur propre entreprise et se déplacent 7 jours sur 7 et 24h/24. De nombreux confrères leur relatent des accidents suite à une tentative de destruction de nid. Mousse expansive, coup de balai, torches avec de l’essence, bombes insecticides, et le tout parfois sans porter de protection adéquate, tout est à proscrire et risque de faire basculer la situation à la moindre erreur. “Un exemple tout bête : avant hier à Schiltigheim un monsieur nous a appelé et il a décidé de boucher l’entrée du nid avec un mouchoir en attendant qu’on intervienne. Résultats, les guêpes ont bouffé le placo et sont rentrées à l’intérieur de chez lui !”
Néanmoins, il faut agir rapidement et contacter une entreprise le plus vite possible, car le nid peut considérablement évoluer en seulement quelques jours. Autre point de vigilance, si on entend dans les murs ou le plafond un crépitement ou un grattement, ce ne sont pas forcément des souris qui en sont responsables. Si des auréoles apparaissent faisant penser à une infiltration d’eau en plus, pas de doute, ce sont bien des guêpes. À ce stade, le placo est sûrement déjà bien endommagé et elles seront sur le point de s’inviter à l’intérieur de la maison.
Mieux vaut donc inspecter toute son habitation avant de partir en vacances, pour ne pas avoir de nouveaux colocs en rentrant. En extérieur aussi au moment de couper de la végétation ou de tailler des haies, Isabelle préconise de passer systématiquement un coup de balai pour vérifier que des guêpes ne s’en échappent pas. Si c’est le cas, un nid peut être caché à l’intérieur. Côté porte-monnaie, une intervention de professionnels coûte généralement une centaine d’euros. Mais Maxime rappelle qu’en tant que locataire, les frais de main-d’œuvre sont à régler par le propriétaire. Il faudra donc uniquement payer les coûts des produits utilisés par les désinsectiseurs. Quant aux propriétaires, le syndic de copropriété peut parfois diviser le montant à payer entre tous les copropriétaires.
Merci pour le sujet “guêpes”. Très instructif.