Si l’information peut surprendre, elle est pourtant bien réelle. Chaque année pour le week-end de Pâques, Strasbourgeoises et des Strasbourgeois offrent de véritables lapins. Une habitude à l’origine d’une vague d’abandons les semaines qui suivent. La SPA de Strasbourg est débordée et ne cesse de le répéter : un animal ne doit pas être un cadeau.
Ces dernières années, le refuge a constaté des pics d’abandons de lapins pendant la période des vacances d’été, après Noël, mais aussi après Pâques. Nathalie Hoff est bénévole à la SPA de Strasbourg depuis cinq ans et responsable N.A.C (Nouvel animal de compagnie) depuis maintenant un an et demi. Elle note qu’une certaine tradition qui consiste à faire plaisir aux enfants pour Pâques en leur offrant un lapin, non pas en chocolat mais bien vivant, continue de subsister. “Ce qu’on voit, c’est qu’aujourd’hui, l’achat d’un lapin, c’est compulsif, c’est encore des achats cadeaux. Les personnes ne se rendent pas compte qu’adopter un lapin, c’est pour 10 à 12 ans. C’est une lubie et à la première difficulté, s’il est malade, si l’enfant se désintéresse, si on part en vacances, on l’abandonne.” explique-t-elle.
Pourtant, elle rappelle que mieux vaut construire un tel projet avec l’enfant concerné afin de le responsabiliser sur l’accueil et la charge que représente un animal. “Pourtant, il y a des pubs assez marquantes sur le sujet, notamment une qui explique qu’à Pâques, on offre le lapin en chocolat et pas le vrai.” indique la responsable N.A.C.
Depuis un an, les abandons de lapins explosent les compteurs
Et en dehors du week-end de Pâques, la situation s’est même empirée. Depuis environ un an, les abandons de lapins arrivent aussi en masse tout au long de l’année. Un animal sur trois trouvé par la fourrière dans la rue est un lapin et c’est un cas sur trois des abandons à la SPA de Strasbourg. “Avant, quand on était hors période d’été, on avait 15 lapins sur le refuge. Aujourd’hui, on monte à 30 parfois même 40 lapins. Ça peut aussi être aussi des cochons d’inde, des rats, ou des souris, mais 95% sont des lapins.” précise Nathalie Hoff.
D’après elle, cette explosion des abandons de N.A.C est nationale : “C’est le troisième animal de compagnie en France. C’est vraiment devenu l’animal à la mode.” D’après la responsable, cette augmentation serait due au fait que certaines personnes ont découvert récemment qu’il était possible d’abandonner un lapin dans un refuge. Mais aussi au confinement, qui aurait incité certains à adopter un lapin alors qu’ils passaient leur temps à la maison, puis à les abandonner lorsqu’ils avaient repris le travail et n’avaient plus le temps de s’en occuper.
Elle rappelle aussi que la loi interdisant la vente de chats et de chiens en animalerie a été adoptée, mais elle ne concerne pas les N.A.C. – la loi entrera en vigueur en janvier 2024, NDLR – : “Je pense que ça vient aussi de là, on peut craquer sur un lapin en animalerie et rapidement repartir avec pour seulement 30 euros. Il y a même des lapins en solde, comme pour un objet, c’est aberrant.”
La SPA de Strasbourg continue de sensibiliser les publics à ces comportements qui conduisent à des situations dramatiques. “On a tellement d’abandons aujourd’hui, que les murs de la SPA ne suffisent plus. Donc depuis l’hiver dernier, on fait appel à des familles d’accueil. Mais sans elles, on n’aurait plus la capacité d’accueillir.” regrette Nathalie Hoff.
© Photo de couverture : Doc remis / Lucie