Sans le savoir, vous vous êtes peut-être déjà retrouvé dans l’univers coloré de Céline Clément, en passant devant l’un de ses boîtiers électriques, ou en arpentant la rue du Jeu des Enfants. Lorraine d’origine, l’artiste a choisi Strasbourg en 2010 pour y installer son atelier, et transforme depuis la ville et le monde qui l’entoure en une gigantesque jungle de papier. Rencontre avec une grande passionnée de faune et de flore. Coup de cœur infini : on adore.
Tout à la fois illustratrice, sérigraphe et décoratrice murale, Céline Clément est d’abord passée par les Beaux-Arts de Metz, puis s’est installée un temps à Paris – qui ne lui a pas plu –, jusqu’à sa découverte de Strasbourg. Après quelques années au centre-ville, elle a désormais posé ses valises et ses pinceaux, au vert à la Robertsau. Un choix qui fait sens pour quelqu’un qui se dit « [ne pas être] une fille de la ville, de base », après une enfance à la campagne. C’est d’ailleurs très jeune que lui est venu le goût du dessin, qui ne l’a plus quitté. Elle qui aimait déjà « fabriquer des images » et était passionnée de Nature a créé une voie qui lui était toute destinée : celle de la dessiner.
Céline Clément, illustratrice-naturaliste ?
Ses illustrations nous emmènent dans les fonds marins, ou des jungles du bout du monde, mais la Nature alsacienne l’intéresse tout autant : « elle est belle partout, même si on y est habitué ». Elle avoue pouvoir passer « une heure à regarder une mare avec des grenouilles », observer la beauté de la faune et la flore, où qu’elle soit ; et se sent concernée par « les enjeux de protection des biotopes, du vivant, du climat », et « profondément heurtée » par le traitement que l’on réserve parfois au vivant. Sur sa table de chevet, elle laisse une paire de jumelles, pour guetter depuis son lit les écureuils et les oiseaux qui passent parfois sur son rebord de fenêtre, ou sur les branches des arbres environnants. Entourée de plantes vertes chez elle – une bonne quarantaine dont un frangipanier –, elle s’amuse à les reproduire, et les inclure dans ses créations.
Et puis, quand elle le peut, Céline Clément s’évade et part loin. En Asie où elle est allée plusieurs fois, à la Réunion, au Costa Rica… Des endroits où elle reste un bon mois. Non pour dessiner, mais pour s’inspirer et « observer les sons et les couleurs ». Elle photographie les espèces rencontrées – végétales comme animales – sous tous les angles, pour « comprendre comment les choses sont faites ».
En rentrant de ses voyages, elle ne touche pas à ses pinceaux pendant des mois, et effectue un « travail de métabolisation », de « fermentation », et peu à peu, des images commencent à naître. Ses photos remplissent des albums entiers, constituant une banque d’images personnelle triée, classée par animaux, espèces. Un recensement proche du travail de naturaliste, comme les planches de Redouté et d’autres scientifiques-artistes dont elle garde et regarde les livres depuis chez elle. Et lorsqu’elle visite une ville, elle ne manque pas de faire un crochet par son Jardin Botanique. Une passionnée, on vous dit.
La sérigraphie : plus qu’un outil, une histoire d’amour
Céline Clément parle avec autant de passion de ce qu’elle peint, que l’outil qu’elle utilise : la sérigraphie. Bien qu’elle ait découvert nombre de techniques d’édition lors de sa formation aux Beaux-Arts, c’est par hasard qu’elle tombe dedans, grâce à une cousine qui l’initie avec un petit atelier fabriqué par ses soins. « Dès le premier coup de racle, j’ai su que j’allais m’amuser avec ça pendant des années », confie-t-elle.
Elle y retrouve ce qui lui a plu lors de son stage en imprimerie : la fascination pour les machines d’impression. Tout comme la « notion de labeur » et un aspect « rébarbatif qu'[elle] aime bien ». Tout comme son goût du trait fin, de la gravure étudiée aux Beaux-Arts, qui se prête bien à l’exercice. Le tout, allié à des couleurs flash, et la possibilité de tirer à de multiples exemplaires ses créations, et de ne plus être limitée en terme de quantité par rapport au temps de travail. Là où une peinture lui aurait pris une trentaine d’heures, avec un original au prix beaucoup trop cher et dont la numérisation faisait perdre des couleurs, elle souligne ici « l’infinité des possibles » de la sérigraphie, la rendant ainsi démocratique puisque moins chère à produire et à vendre. D’autant plus que ses créations peuvent s’exportent sur une large variété de matériaux, en plus du papier (carton, tissu…).
Des poissons sur les murs
L’artiste varie d’ailleurs ses projets comme ses supports : des commandes institutionnelles (comme en ce moment de l’affichage pour la ville de Lyon sur un biotope de forêt), aux faire-part de naissance, à l’habillage de murs chez des particuliers ou dans notre cité… Elle travaille également sur des projets personnels, de la sérigraphie en édition limitée, comme son Leporello, un livre d’artiste à consulter page par page, ou comme une image complète.
Mais les projets qu’on lui connaît sont ceux qui nous font oublier notre ville de béton, pour nous plonger dans un de ses aquariums peuplés de poissons. Le plus remarquable ? Son « safari urbain » de la rue du Jeu des Enfants, une commande faite en 2017 par l’association de la rue.
S’il s’agissait à l’époque d’une première expérience d’art urbain, depuis, elle collabore régulièrement avec COLORS. Des cartes blanches dans lesquelles elle s’amuse, comme en sortie du premier confinement : puisque nous avions « raté le printemps, [et étaient] privés des fleurs qui poussent », elle décida de dessiner d’énormes fleurs printanières sur trois boîtiers électriques près de Jaurès. Et ainsi de mettre une prairie dans la ville. …Et des sourires sur nos visages.
Céline Clément © document remis © Céline Clément
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