Tout au long de l’année, la troupe des Pin-up d’Alsace s’est produit à La Maison Bleue, à Strasbourg, pour des afterworks placés sous le signe du burlesque. À cette occasion, nous nous sommes glissés dans les coulisses de ces artistes professionnelles.
Il est 16h ce mercredi après-midi. De derrière la porte de La Clandestine, l’école d’arts burlesques fondée par Luna Moka, s’échappent quatre voix théâtrales. Dans une grande salle éclairée d’une forte lumière artificielle et aux murs recouverts de grands miroirs, Lemm Rollicking, Ruby Schatzi, Luna Moka et Coco Das Vegas, leur meneuse de revue, clament les répliques du spectacle Rock auround the Boss, qu’elles présenteront au mois de décembre.
Assises à même le sol, les performeuses en profitent pour débuter leur préparation pour leur représentation du soir. Les fers à boucler viennent dessiner les mèches de leurs chevelures, dévoilant un style définitivement imprégné des années 50.
Face au mur de miroirs, les pin-up déposent de façon méthodique blush et fard à paupières sur leurs visages concentrés, faisant naître petit à petit leurs personnages de reines de la nuit. L’ambiance studieuse laisse pourtant régulièrement la place aux éclats de rires et aux regards complices, entre deux échanges de mascaras et de répliques. “Quand on va travailler, on a l’impression d’aller à une soirée entre copines”, sourit l’une d’entre elles.
Les pinceaux plongent frénétiquement dans les poudres de couleurs vives, avant de venir illuminer le visage des professionnelles. Le maquillage fait partie intégrante du spectacle. « On n’est pas seulement artiste lorsque l’on monte sur scène », témoigne Coco. Pendant ce temps, les pin-up continuent de se donner la réplique. « A l’italienne », expliquent-elles, « cela veut dire qu’on fait autre chose en même temps ».
C’est vers 17h30 que la troupe ramasse brosses et rouges à lèvres, pour prendre la route en direction de La Maison Bleue. Une salle de spectacle strasbourgeoise où les quatre artistes se sentent comme à la maison. « Tiens, il y a de la moquette sur la scène ! » s’aperçoit immédiatement l’une d’entre elles. « Ça m’est égal, je ne fais pas de grand écart ce soir », sourit-elle. Elles présenteront ce soir un afterwork, comme chaque premier mercredi des mois à venir. Un spectacle mêlant performances d’effeuillage et animations en interaction avec le public. Ce soir ce sera un Nippies Quizz, une adaptation bien à elles du célèbre jeu télévisé Burger Quizz, avec une touche alsacienne de burlesque. Un spectacle pensé « pour un public qui a envie de se marrer », constate Coco.
Loin d’être prêt, le quatuor poursuit ses préparations dans une petite loge aux murs bleus, meublé de deux canapés. Et là, c’est à chacune son rythme. Il y a celles qui préfèrent se détendre un peu avec un petit verre de bulles et celles qui s’activent de peur de ne pas être prêtes. Coco, elle, est plutôt stressée. « Je suis très traqueuse », confie-t-elle. L’arrêt des spectacles en raison de la pandémie ne l’ont pas vraiment aidée. Alors ce retour sur scène est un peu particulier : « C’est une période où je me suis posée des questions. Quand on te dit que tu es non-essentiel, tu te demandes ce que tu vas faire. Je me suis demandée si j’allais garder la flamme, mais c’est mon métier et j’aime ça », analyse Coco.
Dans les quelques mètres carrés de la loge, à moins d’une heure du show, Coco, qui animera la soirée, commence à organiser sa troupe. « Qui veut passer en deuxième ? », entend-on s’échapper depuis l’arrière du rideau noir de la scène. Pendant ce temps, Luna souligne son regard en faisant glisser l’eye-liner sur ses paupières, tandis que Ruby s’échauffe dans l’étroitesse du couloir. Elles ne sont pas quatre mais sept ce soir-là à s’apprêter à monter sur scène, d’autres performeuses ayant été invitées. En attendant, les effeuilleuses enfilent leurs habits de lumières, collant leur nippies sur leurs poitrines et enfilant bas et autres corsets, en s’aidant les unes les autres. À quelques minutes de monter sur scène, les coulisses se mettent en ébullition.
Pourtant, une fois sur scène, chacune semble à sa place. Le public les attendait, elles sont au rendez-vous. Depuis les coulisses, au pied des marches de la scène, toutes s’encouragent. Elles se partagent ces regards, ces gestes d’affection qui vous enveloppent de confiance et de bienveillance, se donnant les unes aux autres le courage qu’il faut pour aller faire voler, une à une, les pièces de leurs costumes.
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