Ils étaient 18 athlètes à Tokyo, venus pour représenter l’Alsace aux JO. 18 sportives et sportifs, connus ou moins connus, qui ont réalisé le rêve d’une vie. Après l’euphorie des Jeux, on est parti à leur rencontre afin de mieux les connaître. Avec, pour la majorité d’entre eux, un nouveau point de mire : Paris 2024. Aujourd’hui, on présente Sara Balzer, vice-championne olympique de sabre par équipe.
À 26 ans, et pour ses premiers Jeux, la Strasbourgeoise Sara Balzer a décroché la médaille d’argent avec ses coéquipières de l’équipe de France de sabre, dont Charlotte Lembach que l’on vous présentait ici. Une récompense pour la jeune femme, qui a débuté son sport pour faire comme sa grande sœur : « J’ai commencé l’escrime à 8 ans et j’ai très rapidement accroché à ce sport. Mais, au début, j’ai débuté parce que ma sœur en faisait. J’ai copié ma grande soeur et on en a fait pendant plusieurs années ensemble. »
Par la suite, sa progression ne souffre d’aucune contestation. Elle intègre l’INSEP en 2013, où elle réalise également ses débuts en équipe de France. En 2017, à seulement 22 ans et après son bac S en poche, elle devient championne de France de sabre en individuel. Elle finit la même année troisième aux championnats d’Europe par équipe. Une progression qui ne semblait pas avoir de limites ; mais cela, c’était avant sa grave blessure. « J’ai fait les croisés en 2017, ça m’a ralenti dans ma progression. » Petit à petit, elle se reconstruit et devient en 2019 championne du monde universitaire de sabre. Avant de qualifier aux Jeux, avec ses coéquipières Cécilia Berder, Manon Brunet, Charlotte Lembach et Sarah Noutcha.
Poser la première banderole
Une juste récompense pour une jeune femme qui sait ce qu’elle veut. Et qui sait également ce qui lui plaît dans ce sport si exigeant qu’est l’escrime. « Le sport est complet. Dans le sens où il demande un aspect physique, technique, tactique, mental. Il faut être bon un peu partout. On ne peut pas réussir sans avoir l’une de ses qualités. » Un sport qui permet à Sara Balzer d’affûter ses armes mentales, comme physiques : « Je suis un peu perfectionniste donc la recherche de la perfection m’attire. C’est un jeu d’échec sans fin, où l’on peut toujours progresser. Mais c’est aussi un combat. On peut se défouler et en même temps, il faut être fin et patient. C’est un mélange de tout et c’est ça que j’aime bien. »
En plus de l’escrime, Sara Balzer pratique le sabre, une arme qui possède ses propres codes et spécificités. Particulièrement, la rapidité dans les prises de décision : « La difficulté qu’on a en plus dans le sabre, c’est que ça va très vite. Il faut immédiatement être prête, s’adapter au fait que dans la seconde de l’annonce de l’arbitre, il peut y avoir une action. » Une arme exigeante, réactive et complexe. Tout ce qu’il faut pour plaire à l’athlète strasbourgeoise :« Cette difficulté, ça rend tout encore plus beau. »
Jeux Olympiques et préparation mentale
Arrivée à Tokyo, Sara Balzer ne s’est pas sentie impressionnée : « C’étaient mes premiers Jeux, mais j’avais déjà fait des villages donc je n’étais pas dépaysée. » Néanmoins, l’athlète s’est nourrie de l’ambiance, en profitant avec ses coéquipières : « J’adore ces ambiances, j’étais très heureuse de découvrir tout ce monde. Avec les filles ça a été top, on est restée près de 10 jours et pas un jour je ne me suis ennuyée. » Il faut dire que la compétition l’a maintenue en éveil : « Dans la compétition, j’ai eu le temps de me mettre dans la compétition, avoir le temps de me préparer. J’étais de plus en plus impatiente, je me sentais bien et je me sentais prête. »
Pourtant, le rôle de Sara Balzer n’était pas le plus facile. Elle était remplaçante, ce qui signifie qu’elle devait se tenir prête à remplacer l’une des sabreuses titulaires. Une place difficile à gérer, avec un gros risque : « Ce n’est pas une place facile, surtout que si la quatrième ne rentre pas, elle n’a pas de médaille. » La jeune femme s’est néanmoins préparée en amont pour pouvoir donner le meilleur d’elle-même : « C’est une situation que j’ai gérée en amont avec des préparateurs mentaux. Le jour de la compétition j’étais focalisée sur mon travail et mon rôle d’être là pour les filles. »
Pendant les trois premiers tours, elle ne rentre pas en jeu. Ce n’est qu’en finale qu’elle finit par remplacer sa coéquipière strasbourgeoise. Un moment riche en émotions : « Au moment où on m’a dit « tu rentres, Charlotte va sortir », c’était fort en sensations et magique à vivre. Mais je suis restée concentrée : j’allais avoir une médaille mais je voulais que ça soit celle en or. Je suis contente d’avoir réussi à gérer ça parce que j’avais peur que les émotions prennent le dessus. » À l’arrivée, une médaille d’argent et une expérience qui va lui servir de tremplin pour la suite.
Le futur à la pointe du sabre
L’athlète strasbourgeoise, également étudiante dans le domaine de la communication numérique, a désormais les yeux rivés sur un seul et même événement : Paris 2024. Avec un objectif clair et net : « Je veux être championne olympique à Paris, en individuel et en équipe. » Avant cela néanmoins, il y aura quelques échéances pour se préparer au mieux. « À court terme, il y a les championnats d’Europe en octobre, puis en 2022. Je veux aussi faire des podiums en coupe du monde et en championnat. »
Pour se donner les moyens de son ambition, elle va continuer de faire comme elle le faisait jusqu’à présent. En se concentrant sur les points d’améliorations : « Je vais continuer de m’entraîner comme je le fais actuellement. Il y a plein de choses à travailler. Des aspects techniques, tactiques. Mais ça reste dans la continuité de ce que l’on faisait déjà avant. » Le tout, afin d’arriver la plus en forme possible à Paris dans trois ans. Pour la grande échéance du sport français. Qu’elle souhaitera signer de la pointe de son sabre.