C’est une nouvelle épine dans le pied d’un projet qui n’aurait probablement jamais dû débuter. Ce mardi 20 juillet, le tribunal administratif de Strasbourg a constaté que plusieurs autorisations accordées en vue de la réalisation du GCO sont entachées d’irrégularités. Résultat : les autorités ont désormais dix mois pour régulariser tout cela. Et pendant ce temps-là, le GCO ne pourra pas être mis en service.
Une saisine datant d’il y a trois ans
Si les conclusions du tribunal administratif de Strasbourg sont tombées ce mardi 20 juillet 2021, elles étaient attendues depuis plus de trois ans. En effet, l’association Alsace Nature avait saisi le tribunal administratif de Strasbourg de six requêtes en 2017 et en 2018 contre le projet du GCO. Et plus précisément les arrêtés préfectoraux pris afin d’autoriser les travaux, menés depuis de main de béton par Vinci.
Selon le communiqué de presse du tribunal administratif, ces requêtes “visent à obtenir l’annulation de diverses décisions administratives concernant les travaux préparatoires, et surtout celle des quatre autorisations délivrées sur le fondement de la loi sur l’eau et de la législation relative aux espèces protégées, respectivement à la société Arcos, chargée des travaux de construction de l’autoroute sur une longueur de 24 km, et à la société Sanef, en charge du réaménagement d’une partie de l’échangeur existant entre l’A4 et l’A35 au nord de Strasbourg, pour accueillir le raccordement au contournement autoroutier ».
Une étude d’impact incomplète et des mesures de compensation insuffisantes
Lors d’une audience publique le 17 juin 2021, toutes les requêtes ont pu être débattues. Et les résultats ont enfin été donnés ce mardi 20 juillet. Cela ne surprendra sans doute pas grand monde, mais le tribunal administratif a constaté dans son jugement, repris par le média Reporterre, que “l’étude d’impact est entachée d’insuffisances (…) en ce qui concerne respectivement l’analyse de l’impact du projet sur les sols et les sous-sols, l’analyse des effets du projet sur la qualité de l’air à moyen et long terme, en prenant en compte les émissions des véhicules en conditions réelles de circulation, l’analyse de ses effets sur la santé humaine en incluant ces émissions de polluants (…) »
En d’autres termes, l’étude d’impact est incomplète et plusieurs des mesures de compensation par rapport au déboisement, comme à l’interdiction de destruction des espèces protégées comme des oiseaux rares, sont insuffisantes. De la même façon, l’information donnée concernant “la description des hypothèses de trafic et leur incidence sur la fréquentation de l’A35 » est également insuffisante. Rappelons tout de même que le grand argument des pro-GCO était que cela allait limiter les bouchons sur cette autoroute.
Une victoire au goût amer
Après ces jugements en faveur d’Alsace Nature et plus globalement les opposants au GCO, que va-t-il se passer ? Déjà, malgré tout ce qui a été exprimé ci-dessus, le code de l’environnement prévoit que ces irrégularités peuvent être régularisées, notamment par la réalisation d’une étude d’impact complémentaire et l’édiction de nouveaux arrêtés. Dès lors, l’État, et donc la préfecture du Bas-Rhin, a désormais dix mois, afin de rédiger de nouveaux arrêtés pour régulariser la situation et faire mieux qu’il y a trois ans. C’est seulement à ce moment-là que le tribunal rendra sa décision.
Pendant ce laps de temps de dix mois, le GCO ne pourra donc pas être mis en circulation. Alors que l’ouverture était enfin prévue pour début 2022, c’est un nouveau contretemps pour Vinci qui devra attendre au minimum mai 2022. Cette victoire pour Alsace Nature et les opposants au GCO possède tout de même un goût amer. Dans les trois ans où il a fallu attendre les conclusions du tribunal administratif de Strasbourg, la construction de l’autoroute a continué. Et celle-ci est désormais finie à 90 %. Une victoire qui arrive un peu tard, même si tout n’est pas fini.
Pour le GCO, c’est une énième épine dans le pied. Alors que Vinci prévoyait à l’époque d’ouvrir en grande pompe son autoroute en 2017, voilà que celle-ci devra attendre au moins mai 2022. Un nouveau contretemps dans un projet qui devrait presque s’appeler le Grand Contretemps de Strasbourg. Néanmoins, on devra quand même s’interroger sur pourquoi il a été permis de construire autant d’un projet, si entaché de nombreuses irrégularités ces trois dernières années.