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Dans l’intimité de 5 artistes et intermittents du spectacle strasbourgeois

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Le 6 mai 2020, le président de la République invitait le monde de la culture à se « réinventer ». Presque un an plus tard, nous sommes allés à la rencontre de cinq artistes et intermittents du spectacle afin de recueillir leurs impressions sur cette phrase forte et leur demander comment ils se sont adaptés à la crise sanitaire. En dépit de beaucoup de bonne volonté, il n’est pas toujours facile de se réinventer et la frustration de ne pas pouvoir partager son travail avec son public se fait sentir. Ils nous ont également donné leur opinion sur l’importance de la culture dans un monde actuellement sans repères.
Photographie : Laurent Khrâm Longvixay
Assistante photo & rédaction interview : Mathilde Cherpi

Arnaud

Technicien du spectacle depuis une dizaine d’années, Arnaud n’a pas eu l’occasion de monter de scène depuis le mois de mars 2020. En attendant la réouverture des salles, il a essayé de trouver quelques missions dans l’événementiel pour « subsister » et aussi pour maintenir une activité professionnelle. Selon lui, la phrase d’Emmanuel Macron était mal choisie et il invite le Président lui-même à se réinventer. Néanmoins, Arnaud a profité du confinement pour nourrir sa créativité en reprenant la lecture de comics et en écoutant beaucoup de musique. Ce DJ passe du temps à chercher des sonorités nouvelles, à écouter d’autres artistes, notamment des rappeurs américains. À la question sur l’importance de la culture, Arnaud répond : « Qui, en France, peut dire qu’il s’éclate comme un petit fou depuis un an ? ».


Djeb

Djeb est directeur artistique et gère le marché des créateurs à Strasbourg. Pour lui, la phrase du Président était insultante. « C’est un travail de tous les jours et on ne va pas attendre un confinement pour se réinventer. », rétorque-t-il. Issu de l’ère du numérique et du multimédia, Djeb a tiré parti du confinement en explorant divers supports physiques. Il a commencé à dessiner sur du papier, à graver sur du lino, à faire de la peinture, du jardinage, à travailler le bois, la pierre. De son point de vue, plus que la culture, c’est l’art qui est essentiel. Les artistes n’ont pas cessé de créer, mais ils ont perdu leur public suite à la fermeture des musées, des salles de concert et de cinéma. Il se réjouit cependant que d’autres artistes aient pris le contrepied de ce qu’il a fait et aient créé des plateformes en ligne pour partager leur travail.


Thomas

Avant d’être musicien et intermittent du spectacle, Thomas a travaillé pendant quinze ans en tant qu’infirmier. Au lieu de multiplier les projets afin de se maintenir à flots quitte à ce que son art en pâtisse, Thomas a pris la décision de quitter ce statut d’intermittent et de retourner travailler à l’hôpital à l’annonce du confinement. Il a néanmoins trouvé les propos d’Emmanuel Macron infantilisants et souligne qu’il ne l’a pas attendu pour se réinventer. Il continue malgré tout à écrire de nouveaux textes, et a redécouvert les plaisirs de la lecture et de la bronzette lors du confinement. Très inspiré, Thomas affirme que la culture est le langage commun d’un peuple et que ce sont justement ces références culturelles que l’on partage qui renforcent notre sentiment d’appartenance. La culture pourrait donc être un bon moyen d’encourager les gens à respecter les mesures sanitaires afin de protéger leurs concitoyens.


Coline

Professeure de danse depuis dix-sept ans, Coline continue à transmettre sa passion au travers de Live Facebook. Pas toujours facile de suivre la progression des élèves au travers d’un écran. Également éducatrice sportive, elle ne peut actuellement pas faire jouer cette double compétence à plein régime – fermeture des salles de sport oblige. Cette artiste nous rappelle que la culture est déjà un processus créatif, inventif par définition et que donc la réinventer n’aurait pas de sens. D’autant que le support vidéo doit être un choix et non une obligation, surtout qu’il n’est pas toujours pertinent. Quand elle ne dispense pas de cours en distanciel, Coline assouvit son besoin artistique en dessinant sur les murs et les fenêtres de son appartement lors de son temps libre. Selon elle, la culture permet d’avancer, de maintenir un cap quand tout autour semble si fragile.


Margaux

Jeune dessinatrice, Margaux nous confie à propos d’Emmanuel Macron : « Je n’écoute pas trop ce qu’il dit étant donné qu’il n’a pas trop l’air au courant de la situation des artistes ». En effet, elle a dû enchaîner pas mal de jobs alimentaires avant de commencer à tirer des revenus de son activité. En attendant un retour à la normale, Margaux a poursuivi sa bande dessinée et a réalisé une exposition urbaine pour l’association Central Vapeur. Elle a également profité du confinement pour jouer de la guitare, et s’est immergée dans des mondes imaginaires avec ses colocs grâce à Zelda et Mario. D’après cette jeune artiste, tout le monde deviendrait fou sans culture. Et malgré le fait que la culture reste accessible depuis chez soi au travers de films, de livres, et de musique, Margaux déplore que l’on ne puisse se rendre physiquement dans des lieux culturels et artistiques.




© Laurent Khrâm Longvixay

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