Rêver sa vie ou vivre ses rêves ? Nawelle’K, à la fois chanteuse et compositrice, a fait son choix. Cette Strasbourgeoise écrit non seulement ses chansons, mais aussi sa destinée. En provoquant sa chance, elle en donne une à sa carrière. Entre bonnes rencontres et belles amitiés, elle nous parle de son parcours de jeune artiste, à quelques semaines de la sortie de son EP dont un premier titre est déjà à découvrir : « Grillé ».
Premier pas
Un poil timide au lycée, celle qui deviendra Nawelle’K s’inscrit presque par curiosité à l’option musique de son bac L, pour y gagner quelques points plutôt que de compter sur le coeff 7 de la philo. Entourée de cracks sortis de conservatoires qui lisent les partitions comme on lit une liste de courses, elle ne se laisse pourtant pas démonter. Elle rejoint une chorale qui reprend des classiques et qui lui remet le nez dans des partitions.
À force de « faire la guignole », à chanter dans le bus, elle se fait repérer par son professeur de musique qui la pousse sur scène à faire son premier solo, sur Schubert. La voilà lancée. Et puis, en plein essor, à l’époque, des tutos YouTube, elle s’attelle à apprendre par elle-même à jouer de ces instruments. Elle se met à la gratte, offerte par l’oncle, fan de Manu Chao et Bob Marley, qui ont tous deux rythmé sa jeunesse… Des inspirations qu’elle garde encore aujourd’hui, dans ses sons, empreints de sonorités latino, folk, reggae, et de pop urbaine.
De Forbach à Broadway
Bac en poche, elle quitte d’abord son Forbach natal pour Nancy, puis s’installe à Strasbourg en 2013. Elle se forme au marketing, à la com’ et l’événementiel à l’ECS Strasbourg, et bosse plusieurs années avec Franck Meunier ; et depuis 3 ans, pour sa propre boîte, qu’elle a montée. Parce que même si l’envie est de passer chanteuse pro, « il faut bien manger à côté, […] la musique ça paye pas trop ». Un boulot qui ne l’empêche ni de rêver, ni d’entreprendre. Et lui permet même de percer dans la musique.
Preuve en est : son premier stage, encore dans ses études nancéiennes. Toujours en communication, mais avec un pied dans la musique, déjà, elle vise New-York, pour toucher les étoiles. Sans demander de l’aide à personne, elle se paie son rêve « en [se] démerdant financièrement », et « après avoir galéré », elle décroche un stage dans les comédies musicales de Broadway. Elle assiste aux répétitions, visite les coulisses et se dit : « c’est ça que je veux faire ».
L’ange gardien
Un autre stage la fera rencontrer celui qui deviendra un de ses meilleurs amis, John, directeur d’une boîte de prod en charge de « gros concerts porte de Versailles, à Paris… ». Invitée grâce à lui aux Victoires de la Musique, elle met un pied dans le milieu. Pas impressionnée puisque déjà déterminée à en faire partie, elle y discute avec des pontes, de leur passion commune pour la musique.
Et puis un jour, dans son bureau, John lui demande de chanter pour lui, avec sa guitare, et de lui montrer ce qu’elle « sai[t] faire ». « Je tremblais, c’était horrible », confesse-t-elle. Pourtant, elle fait ses preuves, et il lui présente un compositeur canadien, Daniel, qui lui apprend alors à écrire et composer, en français comme en anglais, après avoir jusque-là fait que des covers. John la bookera aussi rapidement sur des concerts, et c’est grâce à lui qu’elle se mettra « à chanter devant du monde ».
Quant à sa première scène strasbourgeoise, on peut noter l’exploit : un bœuf improvisé au bar des Aviateurs, avec Yannick Noah. Rien que ça. « Je suis montée sur scène, avec 15 grammes, et j’ai chanté ». Puis, la première partie de Vianney, toujours là-bas. Et enfin, sur les cinq dernières années, de plus grosses dates, comme les 70 ans du Secours Populaire – dont elle est la marraine – au Champ de Mars, à Paris, devant 70 000 personnes. Une date qui lui donne plus de visibilité, qui la « propulse », tout comme ses divers partenariats avec Top Music avec qui elle fait un live et des concerts.
Et petit à petit, sa communauté a grandi. Suivie désormais par près de 2 500 personnes sur chacun de ses réseaux (Insta et Facebook), elle trouve ce chiffre déjà « ouf », expliquant que « tous les gens qui [la] suivent, lui écrivent ». Elle a une interaction directe avec son public, qui la soutient. Elle y livre des covers, des petits bouts de sa vie, du tournage de son clip, et… les coulisses de la production de son nouvel album/EP qui sort bientôt.
© Capture d’écran de l’Instagram de Nawelle’K
Un EP pour le printemps
La crise sanitaire a beau mettre entre parenthèse tout projet de tournée ou de concerts, il reste des envies de passer sur les radios nationales, avec un EP, prévu pour le printemps. Son premier titre « Grillé », sorti en décembre, « plaît » me dit-elle. Il n’attend qu’à être joué sur « des gros plateaux radio ou sur des premières parties d’artistes connus, dans des Zénith, des Olympias […] ». Quand je lui demande à qui elle pense, elle cite Claudio Capéo dont elle apprécie le personnage, « un mec super sympa, hyper cool, très humain ». Ajoutant dans un rire : « en plus, il est du coin [ndlr : de Mulhouse]. …Quitte à rester entre nous ! ».
Dans un label indépendant – chez Wouldi Productions – aux côtés de Tom Rochet (The Voice 2020), des rappeurs Pih Poh et Chiloo, elle est épaulée depuis bientôt un an, par son producteur-manager Sélim Bousbaine, un ancien pote de promo. Une rencontre qui s’est faite en 2013, tous deux animés par la même envie de réussir dans la musique : l’une dans la chanson, l’autre dans la prod. Pour cet EP, comme pour sa carrière, Nawelle’K a su s’entourer que de gens avec qui elle a « un feeling […], qui sont devenus des potes ».
Cet EP, elle l’a bossé avec deux compositeurs (Nicolas Lassus et Pierre Michelet). D’abord « ça va partir en yaourt », gratte à la main chez elle, puis elle file retourner bosser l’instru avec eux, et écrire les paroles, une fois que la mélodie est trouvée. Pour ses textes, elle trouve l’inspi’ dans « des faits inspirés de sa vie de tous les jours : blessures personnelles, histoires que t’entends […] avec une part de fiction », pour garder du mystère.
Croire en ses rêves
Malgré les claques, les déceptions, les désillusions, Nawelle’K n’a jamais cessé d’y croire. Je lui demande son secret.
« Le secret ? C’est tout con : croire en ses rêves. Si t’arrives à les rêver, et que le matin, en te levant, en ayant la sensation que c’est comme si c’était vrai, c’est que tu peux le faire. Faut s’accrocher. C’est pas des métiers simples, mais n’importe quel métier que tu choisis n’est pas forcément le plus simple, mais quand tu fais quelque chose que tu aimes, faut aller jusqu’au bout et ne pas baisser les bras. […] Moi, si tu ne me fais pas chanter, c’est comme si tu ne me donnais pas à boire. C’est vital. Alors faut pas se priver, [et] tout essayer ».
Rajoutant qu’avec les réseaux sociaux, pour les musiciens, il est devenu plus simple de partager ses textes, ses compos :« il faut y aller, il faut se montrer le plus tôt possible », se rappelant qu’elle-même a attendu trop longtemps avant de chanter devant quelqu’un, trop « tétanisée » pour se lancer. Alors qu’ « au final, quand tu le fais, tu te sens libérée ».
Belle leçon. Et pour la suite ? Nawelle’K continue de bosser, et ne s’arrête pas à l’EP. Glissant, pour conclure l’interview, que si un jour elle devait faire une grosse date, elle aimerait bien le faire « chez nous ». On ne peut que lui souhaiter. En attendant la sortie de la crise, filez écouter « Grillé » et son refrain que vous ne risquez pas d’oublier.
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Fanny Soriano