Aux détours d’une rue ou d’un arrêt de tram, un anonyme s’amuse à photographier la ville de Strasbourg et ses habitants sous un visage bien loin des clichés lissés d’Instagram. Schlagbourg, c’est son nom, ne montrera ni jolies rues pavées, ni cathédrale sur fond de coucher de soleil claqué. Au contraire, Strasbourg selon Schlagbourg, c’est une ville un peu crado, parfois ivre, de temps en temps addict aux substances et toujours coincée dans des stéréotypes poussiéreux qui collent malgré eux à la peau des Alsaciens. Schlagbourg, c’est un compte où la 8.6 est reine et où le ragondin dicte sa loi. Un monde qui caricature, qui grossit les traits et qui sait déconner de tout et surtout, de lui-même. On a discuté avec le type qui se cache derrière ce compte Insta qui nous fait beaucoup sourire pour en savoir un peu plus sur le personnage.
Schlagbourg, un compte Insta pas comme les autres
Selon le Strasbourgeois à l’origine du compte (qui souhaite rester anonyme), un schlag désigne un mec qui fait bien trop la fête et qui est tout le temps “Khabat” (sous l’emprise de drogues) mais pas que. « Tu peux être un bon schlagada sans faire tout ça, juste car tu es un bon folof dans ton cerveau. Je pense qu’il y a plusieurs interprétations de ce terme. Finalement, chacun décide de ce que c’est. C’est pas forcement péjoratif ,surtout si ton papy est alcoolique »
De ce terme à la définition fluctuante est donc né Schlagbourg, un Instagram un peu particulier, un univers composé de vélos volés, de nuits de nouvel an apocalyptiques, de Picon, de 1001 kebabs, de folles nuits de fêtes de la musique, de personnages hauts en couleur dans chaque recoin de la ville. Schlagbourg, c’est aussi des gangs de ragondins, des afters interminables, des trams qui veulent faire des combats avec les voitures, des knackis, du subutex incrusté dans le trottoir, des bars pétés, le Racing en CFA et des parodies de vidéos dans lesquelles Roland Ries est particulièrement bien représenté : « Je le kiffe Roless, c’est vraiment de la sympathie à son égard, je suis fan de son style ».
On trouve aussi des personnages comme Jampes, Mickess et Dilagne, « les tontons du Rivétoile aux cerveaux cognés par la life » et bien d’autres… « En gros Schlagbourg c’est la ville dans tout ses états, avec ses folies et ses dérives, en photos ou en vidéo, mais toujours avec beaucoup d’humour. Faut visiter le compte pour comprendre… »
Ce compte, c’est aussi et surtout une communauté bien présente. Selon Schlagbourg, cette dernière est composée de Strasbourgeois et de Strasbourgeoises en provenance de tous les quartiers, de toutes les classes sociales et de toutes les origines : « J’aime bien cette communauté, je les trouve hyper sympa, Schlagbourg s’est construit aussi grâce à toutes les pépites qu’on m’envoie ou l’inspiration qu’on peut me donner. J’essaye de répondre souvent quand on m’envoie des photos en message, alors on échange un peu, c’est marrant… On philosophe sur comment draguer les femmes, sur les plus belles prises de karaté, sur les meilleurs alcools ou encore sur les meilleurs cocktails à base de picon. Ce sont des braves bimbeless et des chouettes tchaïs. Faudra qu’on organise un apéro géant dans un parc quand la pandémie sera finie. Je ferais des lasagnes de ragondins promis »
Mais qui se cache derrière tout ce joyeux bordel ?
« Un beau gosse brun et ténébreux avec plusieurs BMW dans le garage » : voici comment se qualifie notre homme du jour. Selon ses dires, « sa richesse provient de son élevage de ragondins qui lui servent à confectionner des vestes en fourrures pour darones friquées qui puent le Lancôme » Même sa naissance semble ne pas avoir été un événement comme les autres. « Je suis né à l’hôpital un soir d’hiver, j’ai pissé sur le docteur puis fait 50 pompes devant les sages-femmes, qui du coup n’ont plus été aussi « sages » quand elles ont vu mes pectoraux de bébé et les pommettes de mes yeux. Aime si tu me crois »
Bref, Schlagbourg, c’est l’idée de se marrer un peu et de faire ressortir le visage un peu crado de la ville : « Au début c’était un délire qui me faisait rire avec des photos de la ville complètement défouraillées. Notamment des vélos cassés dans la street. Puis j’ai commencé à faire des vidéos marrantes, des parodies de l’Exorciste, de GTA ou de Roland Ries, je postais aussi de plus en plus de dingueries… Les gens accrochaient, on a commencé à m’envoyer de plus en plus de photos de Strasbourg en PLS… Une petite communauté de folofs s’est alors créée sur Insta, un endroit où beaucoup se prennent bien trop au sérieux la plupart du temps... J’en avais marre de voir des comptes d’Instagrameuses qui ne sont que belles en photos, d’influenceurs écervelés, des blogs de cuisine à deux francs, des photos mièvres et sans saveur où tout est mignon, faites par des bobos schizophrènes. Cette carte postale toute mignonne de Strasbourg, à la longue devient écœurante. Cette ville a aussi son lot de schlagueries tout aussi intéressantes et belles d’une certaine manière. Il fallait aussi montrer cette crasse qui colle au sol comme le picon dans ce monde de bisounours qu’est Instagram. Cette ambiance schlag est poétique et marrante au final. Et puis c’est cette ambiance qui fait de Strasbourg la ville qu’elle est ! »
Mais finalement, on l’aime cette ville ou on la déteste ?
Avec un compte qui met en avant les aspects de la ville de Strasbourg que l’Office du Tourisme ne montrerait jamais, on pourrait se demander si le mec derrière Schlagbourg aime ou déteste Strasbourg. Ce à quoi il répond : « Je la préférais quand elle n’était pas aussi bobo et chère, mais je l’aime fort bien sur. Chaque ville a son lot de schlaguerie, mais chacune a ses saveurs à elle. Ici c’est différent des autres c’est tout. Je ne saurais pas l’exprimer, ça se respire, tu vois ce que je veux dire si tu as rodé dans toute la ville depuis des années. Faut roder tard, mater les ambiances de terrasse de PMU, écouter les histoires des anciens, les accents à couper au couteau de beaucoup de mecs ici et les expressions folles du terroir. Du fin fond du Neuhof au nord de Schiltigheim y a une sorte d’ambiance schlag du bitume à la strasbourgeoise comme ça qui flotte. J’ai vu trop de scènes improbables ici, j’ai carrément la carte mémoire du cerveau saturée… »
Loin de la Petite France et son image de carte postale, Schlagbourg finalement, est parti de peu et devient petit à petit, le média divertissant de la street-culture strasbourgeoise. Et ça ne semble pas s’arrêter là, car « d’ici le printemps : une collection de t-shirts Schagbourg arrivera si tout va bien ! Pour avoir le meilleur des styles dès la fin du confinement. On y travaille en famille. Je kifferais aussi vendre de la terrine de ragondins au marché de Noël. Et bien sur, de nouvelles parodies, de nouvelles vidéos folles, de nouveau gros délires qui arrivent… Gros amour sur vous ! Gros schmoutz au coin de la nuque ! »
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Vous ne le saviez peut être pas à l’époque où vous avez écrit l’article mais pour moi faire la promotion de cette pourriture qui se moque des SDF ou des handicapés n’est pas digne de vous . Pour moi c’est pas ça Strasbourg .