Trouver l’amour en se faisant renverser son gobelet de café dessus par l’âme sœur au détour d’une rue, avoir un coup de foudre au mariage de sa meilleure amie ou tomber amoureuse d’un copain d’enfance… Hollywood nous a donné un vaste panel de scénarios cuculs-la-praline sur les différentes manières de rencontrer l’amour. Et, même si pour certain(e)s d’entre-nous ces comédies romantiques prennent vie, la réalité pour d’autres, c’est plutôt de tenter de planifier l’amour autour d’un verre, entre une fin de journée au boulot et un apéro avec les copains. Cinq Strasbourgeois, Mathilde, Laura, Salomé*, Amandine* et Simon*, nous ont raconté leurs anecdotes loufoques, mais souvent drôles, de rendez-vous amoureux.
Après quelques échanges dans une soirée bruyante ou sur une application, les tourtereaux ont souvent envie de se rencontrer ou de se voir en tête-à-tête. C’est là qu’apparaît le fameux « date », anglicisme adopté par la majorité des êtres en quête d’amour. Il est courant de se rencontrer dans un bar pour faire connaissance autour d’un verre, et parfois si tout se passe bien, de continuer l’entrevue autour d’un repas. Ce date est souvent un peu angoissant, car c’est lui qui va confirmer la présence de la flamme du désir ou de l’amour comme disait Axelle Red. Mais parfois, la sensualité est effacée par l’étonnement, le dégoût ou une aventure digne des meilleures comédies burlesques.
Rendez-vous place d’Austerlitz
Mathilde s’inscrit dans le peuple de la planète Tinder, mais ne s’attendait pas à vivre des émotions aussi fortes en allant rencontrer le mystérieux auteur des messages qu’elle recevait depuis quelques jours.
« C’était avec un gars belge rencontré sur Tinder, qui était là quelques jours seulement, pour le boulot. On avait bien sympathisé et on a décidé de se rencontrer. Ce soir-là, j’avais un drôle de feeling, j’étais dans un mauvais mood et j’ai hésité à sortir. Ma coloc’ m’a motivé à bouger et je cherchais un endroit où on pourrait boire et manger, mais sans être trop romantique non plus parce que je ne voulais pas que le mec se fasse des idées. Ma coloc m’a suggéré le Caupona. Je donne donc rendez-vous à mon date place d’Austerlitz pour que nous y allions ensemble. Finalement, je me ravise ; on décide d’aller boire un ginto’ au Supertonic plutôt que d’aller jusqu’à la Grand’Rue. La suite de l’histoire nous prouve que j’ai eu raison d’écouter mon intuition.
On boit un verre, tout se passe bien, le mec est cool et on décide d’aller manger ensemble. Direction le East Canteen. Au bout de dix minutes, il reçoit pleins d’appels du boulot. Il est gêné, s’excuse, mais les appels persistent. Je lui dis de répondre, que c’est peut-être quelque chose d’important. Il décroche ; c’était une personne avec qui il travaillait au Parlement européen qui lui demandait si tout allait bien. Pendant qu’il était au téléphone avec son collègue, je voyais que tout le monde s’agitait autour de nous. Les serveurs n’étaient plus du tout concentrés. Mon date a raccroché et m’a expliqué la situation.
Nous sommes le 11 décembre 2018. À ce moment-là, Chérif Chekatt a tiré dans la foule au centre-ville…
Le staff du restaurant nous déplace dans le fond, loin des fenêtres. Nous sommes invités à aller dans une cour intérieure à l’arrière, avec un grand portail. Nous sommes restés dehors assez longtemps, mais cela m’a permis de faire connaissance avec mon date. Nous avions pas mal de choses à nous raconter et nous nous sommes beaucoup rapproché, même physiquement. J’étais dans ses bras, un peu parce que j’avais très froid et un peu parce que c’était un moment assez fort. Mine de rien on se plaisait quand même pas mal, et évidemment arrive le moment où on commence à s’embrasser.
On avait envie de rentrer pour continuer notre soirée, et on commencé à s’impatienter. Le personnel refusait de nous laisser sortir même si j’habitais juste à côté. Au bout de trois heures dehors, le staff nous a fait rentrer, toujours très pro’, et le mec avec qui j’étais en date me dit qu’il n’en peut plus et qu’il a envie de rentrer. Il a demandé l’autorisation d’aller fumer une cigarette dans la cour, et une fois que nous étions dehors, il a poussé le portail qui était, en fait, ouvert. Et là, on est parti sans réfléchir. On est rentré chez moi et la soirée s’est bien finie pour nous. Lui s’est endormi comme une masse et s’est mis à ronfler, ce qui était un comble parce que j’aurais déjà eu du mal à dormir au vu des événements de la soirée, mais lui en a rajouté une couche. En plus de tout ça, je m’inquiétais pour ma coloc’. Une fois qu’elle est revenue, je me suis précipité dans sa chambre et, j’ai décidé de dormir avec elle parce que j’avais eu trop peur. Et qu’en plus mon date ronflait.
Par la suite, la relation avec ce garçon n’a pas abouti. Le mec était beaucoup trop intense pour moi. Il voyait dans cette soirée et les événements qui s’y étaient déroulés, un signe du destin ; pour lui, on avait survécu à la mort ensemble. Ce qui m’a vraiment fait flipper. »
Premier date sang-sationnel
Dans la catégorie malaise, la palme d’or de cet article est décernée à Laura et son date !
« C’était l’été il y a deux ans. J’étais dans un gros mood de vouloir rencontrer quelqu’un. À la Réunion, j’avais fait un date parfait et du coup quand je suis revenu à Strasbourg, je me suis dit que j’allais continuer dans cette lancée. Je matche avec un mec, un petit brun plutôt mignon, qui est lui aussi Réunionnais. Du coup, ça nous rapproche et on décide vite de se rencontrer.
C’est l’été et il est convenu qu’on se retrouve sur les quais avec quelques bières. Le rendez-vous est plutôt sympa. Il fait chaud, on ne mange pas beaucoup, mais on boit beaucoup pendant qu’il n’arrête pas de faire des blagues sur le fait que je suis une chochotte et que je ne peux pas boire autant que lui. Je prends ça comme un challenge. Ça devient notre petit jeu et je lui montre que je tiens l’alcool sûrement mieux que lui. (Ce que l’histoire ne démentira pas).
Quand il fait nuit, on décide de rentrer chez moi. On continue à boire dans mon salon jusqu’au moment où on se dit que ça serait bien qu’on passe à autre chose. Quand je sens qu’on va passer au niveau supérieur, je lui dis d’aller dans la chambre, que je vais le rejoindre, mais qu’avant je dois passer aux toilettes. J’ai dû quitter la pièce moins d’une minute et, en revenant, je l’ai trouvé par terre, ensanglanté. Sur le coup, je ne comprends pas. Je le regarde, il tient son nez et saigne beaucoup. Il est par terre en position fœtale. Je panique et j’appelle mon coloc’. Mon premier réflexe est de vouloir mettre mon date dehors, qu’il parte. Mais mon coloc me raisonne, me dit qu’il ne va pas bien et qu’il faut qu’on l’aide. On ne comprend toujours pas ce qui s’est passé et on se pose beaucoup de questions.
Après un passage éclair à la salle de bain, on décide d’habiller ce pauvre garçon et de le ramener dans le tram en face de chez nous. En le descendant, on se rend compte qu’il ne peut vraiment pas marcher. On décide de prendre son téléphone qui n’était pas verrouillé pour appeler les pompiers, et par la même occasion de vérifier s’il y a une personne à prévenir en cas d’urgence. Et là, on se rend compte que le mec n’a pas de contact hormis moi et ses parents. C’est vraiment très bizarre, je commence à flipper. Les pompiers arrivent et c’est le début d’un moment drôle et humiliant à la fois. J’étais dehors en petite tenue, les pompiers nous posaient des questions, mais j’étais incapable de leur répondre. Je ne savais rien du mec en sang à côté de moi. Les secouristes étaient interloqués, et j’ai fini par leur expliquer que c’était un date Tinder. Là, les pompiers se sont marrés alors que moi, j’étais au bout de ma vie. Ils ont vraiment été gentils et ont tenté de désamorcer la situation.
Ils observaient un peu le pauvre garçon à moitié dans les pommes et m’ont expliqué qu’en fait il faisait un coma éthylique, et qu’il avait probablement déjà bu avant de venir me rejoindre au rendez-vous. Ils ont décidé de l’emmener à l’hôpital.
À la fin, avant que les pompiers partent, le clou du spectacle, c’est qu’un d’eux me tend un flyer et me dit de venir à leur bal qui avait lieu dans dix jours, que je pourrais y rencontrer quelqu’un de manière plus sécurisée ! C’était drôle et en même temps super gênant !
Avec mon coloc’, on remonte et on se met à nettoyer l’appartement. En regardant autour de nous, on se rend compte qu’on a oublié pleins de trucs : une branche des lunettes du mec et ses clés d’appartement… Évidemment, le lendemain, je lui ai écrit pour lui dire que j’avais ses effets personnels. On se retrouve à un arrêt de tram. Il m’explique qu’il avait fait un coma, que c’était un peu la honte, mais il a quand même eu le culot de me demander si on allait se revoir. J’étais scandalisée !»
Drôle de zoo-zoo
Salomé*, elle, ne s’attendait pas à ce que son coup de cœur d’ado l’entraîne dans un safari plutôt atypique…
« Dans ma folle jeunesse, en festival, je tombe sur un mec qui correspondait, à l’époque, à mon idéal masculin : brun, yeux verts, canon, ultra sociable, fêtard, passionné de musique, pas trop con. Le rêve quand on a 18 ans ! Et bien sûr, toutes les filles étaient dingues de lui, donc mes chances me semblaient limitées. On sympathise quand même, rien ne se passe lors du festival, mais on reste en contact sur les réseaux.
Deux ans plus tard, je ne sais plus vraiment par quel coup du sort, nos discussions en ligne mènent finalement à une envie de se revoir en vrai. Je suis évidemment surexcitée à l’idée que mon gros crush de l’époque soit d’accord pour venir passer un week-end chez moi ! Dans ma tête, forcément, le scénario se dessine et dans le dessin, il y a du sexe. Joie maximale !
Il finit par arriver et la première soirée se passe bien jusqu’à ce que forcément, ça dérive. Et là, c’est le drame ! Au lit, je me fais chier comme un rat mort, aucun kiffe, pas d’alchimie, rien. Je lui dis donc qu’on va s’arrêter là, parce que je ne kiffe pas du tout ce qui se passe. Et c’est là que ça devient marrant ! Au lieu de se démonter ou de se vexer, le mec me dit : ʺPas de soucis ! Si tu veux, à la place, je peux te faire un spectacle !ʺ Et à ce moment-là, il commence à imiter des animaux… avec son pénis !
La mouche, l’éléphant, d’autres trucs que j’ai oublié tellement mon cerveau a bugué à ce moment-là. Jamais je n’aurais pu voir ça venir ! […] Je dois dire que ça m’a énormément fait rire ! De le voir détendu, faire son spectacle avec sa teub, sans pression, ça a rendu cette situation un peu inconfortable, hyper légère et fun. Du coup j’en garde un souvenir mémorable ! Alors un conseil les garçons : pour désamorcer une situation tendue, et arrêter de trop se prendre au sérieux pendant un acte sexuel raté, un spectacle d’animaux avec sa bite ça peut faire la différence ! »
Love et Litière
Animaux toujours, dans l’aventure d’Amandine et Simon, dans laquelle Billou le chat a fait office d’entremetteur. Ses bêtises, qui auraient pu transformer un premier rendez-vous en désastre, ont permis à Amandine de voir des traits de caractère de Simon qui ont confirmés son coup de cœur.
Amandine : « Pour planter un peu le décor, il faut savoir qu’on s’était déjà vus quelques fois via des connaissances communes ».
Simon : « On a fini par passer un moment un peu rigolo dans un bar où elle m’a dessiné un cœur sur le front, et je lui en avais fait un aussi ».
Dans les semaines qui suivent, ils se retrouvent dans une soirée qui a lieu chez Simon.
Amandine : « La soirée se passe bien, je passe du temps à faire connaissance avec les gens sur place et je l’observe un peu parce qu’il m’intrigue. Arrive un moment où nous sommes tous les deux alcoolisés et je m’adresse à lui et lui demande où se trouvent les toilettes. Et là, il me répond qu’il cherche une relation sérieuse, quelqu’un avec qui partir en vacances, créer des choses à deux, qu’il ne veut pas juste un coup d’un soir. Sur le coup je suis un peu interloquée car il n’y a aucun lien entre ma question et sa réponse […] Le moment était vraiment étrange. »
Simon, lui, n’a pas vraiment calculé ce qu’il venait de dire et a continué sa soirée comme si de rien était. Les mots étaient sortis spontanément. Cette scène ne les empêche pas de continuer à jouer le jeu de la séduction toute la soirée.
Amandine : « Finalement à la fin de soirée, on s’est embrassés mais aujourd’hui encore je ne comprends pas trop comment c’est arrivé ».
Un peu sonnée, mais toujours intriguée, Amandine garde contact avec Simon et décide de le revoir rapidement. Un rendez-vous est convenu pour se retrouver enfin juste tous les deux. Ou plutôt tous les trois, puisque c’est là qu’entre en scène Billou, le chat entremetteur.
Amandine : « On va boire un verre en ville et puis on arrive chez moi. On rentre et il y a comme une odeur bizarre. En pénétrant dans l’appartement, on découvre un carnage ! Mon chat, Billou, qui est d’ordinaire très propre et qui est un amour, a fait ses besoins, mais un bout de caca est resté accroché à ses fesses et, quand on est arrivé, il y en avait partout ! On a essayé de le courser et en lui courant après, il a mis son derrière dans tout l’appartement, sur deux étages… Mais Simon, est resté très zen et m’a aidé à attraper la bête qu’on a mise dans la baignoire. N’importe quel mec aurait fui, et lui m’a aidée à le tenir le temps de le laver. Il faut savoir que ce chat a six ans et que c’était la première fois que ça arrivait. Et il fallait que ça soit là. Mais c’est aussi à ce moment-là, quand j’ai vu comme Simon a réagi, que je me suis dit que c’était peut-être le bon mec ».
Pour tous vos rendez-vous, n’hésitez donc pas à contacter Billou, qui se fera un plaisir d’être votre co-pilote !
Désastreux ou excentriques, tous ces dates finissent heureusement bien et ont l’avantage de faire de supers anecdotes qui font rire les copains et mettent un peu de piment dans la quête de l’amour, qui n’est pas un long fleuve tranquille. Et vous, c’est quoi votre souvenir de date le plus marquant ?
*Les prénoms ont été modifiés
Charlie Picci-Claude
Ah, certains n’ont vraiment pas de veine ! !
Ben si y a un rapport quand elle demande où sont les toilettes ! Il fait semblant de prendre ça comme une invitation (en mode blague reloue pour placer en loucedé son information romantique)