Utiliser nos restes alimentaires pour créer de l’énergie plutôt que de les incinérer. Voilà le concept de Green Phoenix, une start-up strasbourgeoise créée par des étudiants. À la rencontre des habitants sur les grands marchés de la ville, ils collectent, en vélo, leur compost pour le revaloriser.
« Vous êtes là toutes les semaines ? », « On peut mettre toutes sortes de déchets ?». Dans l’allée du marché de la Marne, ce samedi matin, le trio d’étudiants et son grand bac en plastique intriguent. « Collecte de biodéchets», indique le panneau pointé dans leur direction.
Daniel, Aurore et Erica sont trois des cinq étudiants-entrepreneurs qui ont fondé Green Phoenix. La start-up propose une collecte de biodéchets afin de les revaloriser. « À la base, c‘était pour répondre à un besoin personnel, on cherchait une solution pour nos déchets alimentaires et il n’y avait de pas compost collectif autour de nous », explique Aurore. “On s’est dit « c’est quelque chose qu’on a tous chez nous et qu’on brûle ! ».
Concrètement comment ça marche ? Pour pouvoir déposer son compost et ainsi limiter son impact environnemental, en faisant faire un petit régime à sa poubelle, la start-up propose un abonnement. 5 € « ou au-delà si les gens le veulent car c’est un tarif solidaire », pour pouvoir déposer 10 fois son compost. À la fin de la collecte, une fois le bac en plastique plein, le compost est emmené chez des agriculteurs de la Robertsau, à vélo.
Parmi leurs nouveaux fidèles, il y a Marie, 32 ans, qui arrive, petit seau blanc à la main, ce samedi matin. « C’est dans nos valeurs, on essaie de faire attention, on est au XXIe siècle quand même », s’enthousiasme la Strasbourgeoise qui regrette malgré tout que « le fait que ce soit payant ne soit peut-être pas assez explicite ».
Convaincre la Ville
Si l’équipe a fait le choix de s’installer sur les marchés, c’est notamment pour être au contact des gens. « L’idée ce n’était pas de faire juste une poubelle en plus, mais d’avoir un échange, il y a ce côté humain », témoigne Daniel. L’autre avantage de cet emplacement selon lui, réside dans le fait que « les gens apportent leur compost en faisant leur marché, ça ne leur demande pas de faire un déplacement juste pour ça ».
Les entrepreneurs proposent également leurs services aux professionnels, notamment de la restauration, avec la collecte en vélo de leurs biodéchets. Ils récupèrent également chez ses derniers des seaux non utilisés afin de les proposer à leurs clients pour stocker leur compost, toujours dans l’idée d’une économie circulaire.
Au marché de la Marne, Green Phoenix dispose aussi chaque semaine d’un second container, destiné aux maraîchers. « Sur le marché il y a beaucoup de pertes, explique Daniel. Il n’y a qu’une grande benne pour tous les déchets, qu’ils soient alimentaires, cartons ou plastiques. » En s’installant ici l’équipe souhaite attirer l’attention de la Ville. « On veut leur montrer que les commerçants sont prêts à faire le tri ».
8 tonnes récoltées depuis octobre
La toute jeune entreprise poursuit donc son chemin avec des ambitions bien plus grandes. À la fin de l’année, l’équipe espère pouvoir utiliser tous ces déchets pour de la méthanisation. Un processus permettant à la fois de créer du biogaz par dégradation de la matière organique mais aussi, toujours, de récupérer un digestat pour les cultures agricoles locales.
Les entrepreneurs espèrent ainsi voir leur activité se consolider et progresser, eux qui aujourd’hui ne se versent pas encore de salaire. « On travaille pour nos valeurs », analyse joliment Aurore.
Pour voir leur projet grandir un peu plus, ils participent actuellement au Grand Concours National de l’Entrepreneuriat social et solidaire. Surtout, les cinq compères continuent de convaincre sur les marchés. Déjà présents sur celui de la Marne de 10h30 à 13h30 et sur celui de Broglie de 9h à 12h, ils prévoient de s’installer sur celui du Neudorf à la fin du mois. La start-up compte à ce jour plus de 200 abonnés et déclare avoir revalorisé huit tonnes de déchets depuis le mois d’octobre.
« Il y a beaucoup de gens qui viennent parce qu’ils sont déjà convaincus mais d’autres qui découvrent et se réabonnent. Il faut dépasser les clichés et se lancer », incite Erica.