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Du made in Strasbourg au service de l’insertion : le pari fou de l’asso Libre Objet paie depuis plus de 20 ans

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Allier insertion professionnelle, objets d’art et de design et fabrication strasbourgeoise, c’est le pari fou de Libre Objet, lancée il y a plus de 20 ans. Une structure mettant en commun des parcours artistiques et humains, et agissant comme tremplin professionnel. Du made in Strasbourg qu’on retrouve chaque année au Marché Off. Les cabanons étant fermés cette année, gros plan sur l’association et ses créations, à retrouver dans leur boutique-atelier, tout au long de l’année.

Des barreaux aux expos

Avant d’être libres, il était question d’« Objets détenus ». Une première initiative née entre les murs de maison d’arrêt où tous les 3-4 ans était organisée une exposition d’objets créés par des détenus, en collaboration avec des intervenants extérieurs (artistes et artisans). L’envie de reproduire le modèle à l’extérieur a donné lieu au projet actuel. En 1997, « Objets détenus » devenait donc « Libre Objet », quand en 2002, s’installait le chantier d’insertion.

© Libre Objet

Un tremplin pour se « remettre en selle »

Au-delà de son engagement auprès des structures locales, et son implantation strasbourgeoise, Libre Objet est avant tout un tremplin pour celles et ceux qui y travaillent. Comme tout chantier d’insertion, elle permet d’aider des personnes en difficulté à accéder à un emploi ou une formation, par le biais du travail, et un suivi de ses membres.

On retrouve parmi eux des personnes bénéficiaires des minimas sociaux (RSA, ASS, AAH) ou rencontrant des difficultés particulières d’accès à l’emploi (travailleurs handicapés, jeunes de moins de 26 ans, seniors de +50 ans, sortants de prison, personnes habitant en Zone Urbaine Sensible, ZUS).

Anne Seyller, directrice de Libre Objet, explique qu’ils sont généralement une vingtaine de personnes à venir à l’atelier-boutique au quotidien, mais qu’il est difficile de les dénombrer à l’année. En effet, ces contrats aidés s’étalent sur de courtes périodes et l’association n’a pas vertu à engager sur du long terme. Libre Objet agit ici comme un tremplin, un support d’activité, comme Les Jardins de la Montagne Verte (maraîchage) ou Envie (vente et réparation de matériel électronique et électroménager d’occasion) peuvent le faire.

On peut lire sur leur site que les employés y (ré)apprennent le « respect de la hiérarchie, […] des règles et consignes de sécurité, le travail en équipe, […] le sens de l’organisation », sans compter de nouveaux savoir-faire. Par le biais de cette nouvelle activité, ils sont valorisés dans leur travail et reprennent confiance dans leurs capacités. Libre Objet est là pour « les remettre en selle », résume Anne Seyller.

En parallèle, ils sont épaulés dans leurs recherches d’emploi ou de formation (informatique, FLE…), dans leur évolution au sein de Libre Objet et sont encadrés tout au long du processus d’apprentissage des techniques de fabrication des objets. Ils découvrent différentes machines, compétences et méthodologies.

Entre tissu économique local et bâches de récup

Parce qu’il s’agit là de la spécificité de Libre Objet : la variété de ses collaborations. Artistes, designers, illustrateurs, étudiants d’écoles d’art… Nombreux sont ceux qui sont passés par l’atelier pour demander aux équipes de reproduire des objets qu’ils ont au préalable conçus.

On y retrouve principalement des luminaires, des objets du quotidien, des jeux et jouets, des décos de Noël, du petit mobilier, et des « inclassables » (sculptures et autres créations originales), mais également « des objets dédiés à des entreprises, des collectivités et des associations ».

Mais ce pourquoi Libre Objet se fait connaître, c’est son travail des matériaux recyclés, et principalement de la bâche qu’on retrouve dans diverses créations allant du protège-selle (utile par chez nous) aux portefeuilles ou sacs.

La “Musette” de Manivelle, conçue dans l’atelier de Libre Objet
© Manivelle

Un de leurs partenaires n’est autre que la jeune marque de vélos artisanaux strasbourgeois Manivelle que nous t’avions déjà présentée ici. En développant leur ligne de bagagerie pour cyclistes et urbains avec la Musette (une sacoche de guidon/banane/sac bandoulière extensible et évolutif en tissu et bâche), le duo de Manivelle s’est tourné vers Libre Objet. Un partenariat qui ne doit rien au hasard. Anciens voisins de l’association au sein du Parc d’activités Grüber, Thomas Kieber et Silvin Kutsch ont fait confiance aux équipes, mettant une fois de plus l’humain et la fabrication locale au centre de leur projet.

Chaque Musette passant par l’atelier se retrouve ainsi étiquetée par le prénom de l’une des personnes de l’atelier ayant participé à son assemblage. « Quelle que soit la nationalité du couturier ou de la couturière, une belle histoire humaine se cache toujours derrière votre Musette ! » lit-on d’ailleurs sur leur site.

“Derrière chaque musette se cache une belle histoire humaine”
© Manivelle

Mais ils ne sont pas les seuls à faire appel à Libre Objet. On peut croiser dans leurs boutiques (en ligne et en vrai) une flopée d’articles aux noms et usages ne manquant ni d’humour ni d’esthétique. Citons par exemple les très belles lampes de la collec’ « Langue de bois » de Thibaut Schell faites en abaisse-langue en bois (comme chez le médecin, oui oui). Ou encore les adorables « cathédrales de course » : Notre-dame sur roulettes. Pour faire des courses ou faire joli, sur une étagère. Pourquoi pas une idée-cadeau pour un enfant ou un collectionneur. Et tout un tas de créations originales et made in Strasbourg que l’on retrouvait habituellement au Marché Off.

Un Noël pas comme les autres

Cette édition de Noël étant quelque peu inhabituelle avec l’annulation des marchés de Noël en présentiel, Libre Objet souffre de cette absence de visibilité. L’association n’a pas retrouvé sa place de choix place Grimmeissen, au sein du Marché Off dont elle est partenaire depuis les débuts, ou place Broglie, où les touristes pouvaient découvrir leur cabanon au milieu des autres stands. Anne Seyller ajoute que c’était aussi sur les différents marchés de Noël que les anciens, passés par l’atelier, revenaient donner de leurs nouvelles.

La boutique, à Noël
© Libre Objet

Covid oblige, Libre Objet a dû s’adapter. On retrouve son actu sur ses réseaux sociaux, et on peut shopper sur son e-shop, via le site du Marché Off, ou au Marché Solidaire de Noël de Tandem, le temps d’un week-end.

Mais là où cela vaut le coup de passer, c’est au sein de l’atelier-boutique, directement. Un showroom à côté des machines, où l’on peut croiser les objets déjà réalisés et ceux qui les fabriquent. Une capsule aux frontières de la ville et de ses grands magasins pour découvrir cette association résolument locale et humaine. Un beau projet soutenu par des Strasbourgeois engagés qui vaut le coup d’œil et un coup de pouce, pour donner un nouveau sens à Noël.


En savoir +

Libre Objet
Leur site/boutique en ligne
Facebook
Instagram

Libre Objet, la boutique-atelier
91 route des Romains / 67200
Lundi au samedi, 10h – 18h


Bonus Noël :
Le stand Libre Objet au Marché Solidaire de l’hôtel Tandem
Samedi-dimanche 19 et 20 décembre 10h – 18h
2 place de la Gare / 67000

[L’événement Facebook]


Fanny SORIANO

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