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« Têtes de mule » : l’extraordinaire histoire de 6 jeunes résistantes alsaciennes

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Bédéaste et dessinateur installé dans la vallée de Munster, Étienne Gendrin vient de sortir Têtes de mule, sa troisième bande dessinée. Un ouvrage particulièrement bien documenté dans lequel il retrace l’histoire d’Alice Daul au sein de l’équipe des Pur-Sang. Entre 1940 et 1942, ce réseau résistant majoritairement composé de femmes membres du mouvement scout des Guides de France, fit passer les Vosges à des prisonniers de guerre ou des Alsaciens voulant échapper au service du travail du Reich.

Pau, le 8 septembre 1940. Alice Daul fait ses valises. Enrôlée en tant qu’infirmière dans l’armée, cette jeune Alsacienne de 24 ans vient d’être démobilisée. La guerre semble finie. Les Allemands ont gagné. Elle décide de prendre le train pour rejoindre ses parents et sa jeune sœur à Strasbourg. Mais la ville a changé. On y parle allemand, les étendards nazis fleurissent sur les façades, et les rues ont changé de nom. Les expulsions et les arrestations sont nombreuses. Alice s’insurge. Et trouve des alliées.

Elles sont six. Six Strasbourgeoises issues de différents groupes “Guides de France”. L’équipe des Pur-Sang. Courageuses et débrouillardes, elles s’organisent pour faire franchir les Vosges à des prisonniers de guerre, ou à des Alsaciens qui cherchent à échapper au Reichsarbeitsdienst, le service du travail allemand. Elles les cachent puis les accompagnent sur les sentiers, par tous les temps ou presque, pour s’assurer de leur passage. Jusqu’au jour où elles sont arrêtées.

Couverture de Têtes de Mule

Une histoire de famille

Dans Têtes de mule, sa troisième bande dessinée, Étienne Gendrin dévide le fil de leur histoire. Ce bédéaste installé en Alsace connaît bien l’histoire d’Alice Daul, puisqu’elle est la grand-mère de son épouse. Devenue Alice Gillig après son mariage, la résistante a consigné son récit sur des feuillets en papier pelure, tapés à la machine, après sa captivité, en 1945. Craignant de voir disparaître ce support fragile, ses proches lui ont offert un ordinateur portable en 1996 pour qu’elle remette son histoire en forme. C’est ainsi qu’un petit fascicule rouge a fait irruption dans la bibliothèque des différents membres de la famille. Ouvrage qu’a fini par découvrir Étienne Gendrin en 2015.

© Victoire Pirot

« En lisant le récit, beaucoup d’images me sont venues, se souvient-il. C’est là que je me suis dit que j’allais adapter cette histoire en BD. » Le dessinateur commence par se plonger dans les recherches. Pendant six mois, il épluche de nombreux documents notamment à la bibliothèque de Colmar. Des textes, mais aussi des photos de la ville sur une très longue période pour préparer le décor de son intrigue : « C’est un Strasbourg rêvé, sourit-il. J’avais envie d’une distance poétique, qui est celle du temps. » Les bâtiments, tels que représentés, ne sont donc pas forcément ceux de Strasbourg en 1940, mais l’idée que se fait l’auteur de ce à quoi ressemblait la ville à cette période. Et cela fonctionne très bien : des coups de pinceaux d’Étienne Gendrin naît une cité réaliste, vivante. Ce travail d’enquête est aussi l’occasion pour lui d’étoffer le contexte historique du récit. « Je voulais qu’on y retrouve les grands événements qui ont rythmé ces années-là », insiste-t-il.

Un gros travail autant sur le fond que sur la forme

En marge des recherches documentaires, le bédéaste a également cherché à rencontrer d’autres membres de l’équipe Pur-Sang. En 2016, il rencontre Marcelle Engelen, la benjamine du groupe. « C’est elle qui m’a raconté les coulisses de l’équipe, des filles qui s’entendaient mieux que d’autres. Ça a rajouté de la chair aux personnages », estime celui qui dit avoir aussi voulu écrire « une histoire du quotidien » derrière l’action héroïque des six Strasbourgeoises.

Au terme de ces six mois, Étienne Gendrin tient entre ses mains un scénario XXL, qu’il s’attelle à mettre en images. Le dessin du récit s’étalera sur cinq ans. Un travail à l’aquarelle essentiellement. « J’ai essayé d’être plus ambitieux que pour mes autres ouvrages au niveau du dessin explique-t-il. Les deux dernières années, j’ai énormément retravaillé les cases. » En résultent 160 pages fluides, aux couleurs puissantes. Les dessins donnent vie à un récit particulièrement prenant, et riche en informations sur l’équipe des Pur-Sang, mais aussi sur l’Alsace annexée. Le volume s’accompagne aussi d’un dossier documentaire en fin de page pour aller plus loin, et d’un épilogue savoureux faisant la part belle au caractère rebelle d’Alice Gillig. « Tête de mule, ça pourrait apparaître un peu discourtois, s’explique Étienne Gendrin. Mais c’est une façon de rendre hommage à leur courage. » Et une manière d’honorer la mémoire de ces résistantes ayant permis à près de 400 personnes de s’échapper en franchissant les Vosges, entre 1940 et 1942.


Écouter la chronique critique de la BD
Vous pouvez trouver la BD de Étienne dans les librairies Strasbourgeoise


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Commentaires (1)

  1. Superbe résultat qui permet de découvrir l’histoire de ces femmes qui se sont engagées si jeunes pour ne pas subir sans rien faire l’annexion allemande. C’est bien de montrer que la Résistance n’était pas qu’une affaire d’hommes…

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