Dans la famille des street-artistes strasbourgeois bourrés de talent, je demande Apaiz ! Il y a quelques jours, le graffeur de 28 ans achevait une fresque impressionnante dans le quartier du Port du Rhin, le long de l’eau. Si l’oeuvre a été réalisée avec l’autorisation de l’entreprise à qui appartient le terrain, elle ne fait l’objet d’aucune commande.
“Retour à l’anormal” : voilà ce que l’on peut lire en lettres capitales sur ce tableau de 50 mètres sur 4. Comme un clin d’œil à l’actualité, le message lourd de sens se passe de commentaire. En toile de fond, un vase de roses renversé, à l’image d’une utopie qui s’écroule, une désillusion. Une peinture entièrement réalisée à l’acrylique qui apporte un peu de couleur et de poésie dans le paysage du coin.
Pour Apaiz, ce projet artistique découle inévitablement d’une critique de la société actuelle :
“Cette peinture fait écho à notre contexte actuel. C’est à force d’entendre en permanence parler d’un « retour à la vie normale » que l’idée m’est venue. Une vie prétendument normale. Une expression que je perçois comme une manière de rendre supportable, acceptable voir confortable le monde d’avant. À l’heure d’une crise sanitaire ou les écarts de richesses ne cessent de s’agrandir, où les services public s’effritent, où les inégalités sociales et les injustices environnementales persistent… Il me semblait plus adapté de qualifier notre situation de « retour à l’anormal ». En parallèle du bouquet de fleurs pop et coloré, la phrase quant à elle, renvoie à une réalité plus sombre et violente. Elle nous invite à garder les yeux ouverts et à réfléchir ensemble à de nouveaux modèles de société pour demain.”
Le travail de Apaiz, Félix Wysocki de son vrai nom, s’appuie sur des constats, des observations, des expériences, des rencontres et des sentiments. À l’aise sur plusieurs techniques et pratiques artistiques, le Strasbourgeois dénonce avec douceur, et fait passer des messages subtiles en régalant les yeux.
“Ses œuvres renvoient le plus souvent à différentes formes de fractures sociales et environnementales (isolement, marginalité, communautarisme, individualisme…). Elles relatent des modes de vie(s), des modes de fonctionnement(s) symptomatiques de ce genre de rupture humaine. Elles ont pour ambition de redonner de la visibilité à des personnes, des gestes, des comportements, des expressions, des situations qui en ont peu, pas ou plus” peut-on lire sur son site internet.
Un artiste à suivre de très prés, et dont on vous reparlera très vite !
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