Parfois, dans la vie, on a juste besoin d’un petit coup de pouce. Pour avoir le courage de se déclarer à la fille qu’on aime, sauter le pas dans une nouvelle aventure ou plus simplement pour découvrir de nouvelles choses. Et en Alsace, des nouvelles choses à découvrir, il y en a ! De nombreux trésors, pas si cachés que cela, nous entourent, nous les Strasbourgeoises et les Strasbourgeois. Et si, parfois, la distance peut faire peur, ne vous inquiétez pas, un fidèle allié sera là pour vous épauler. Alors chère aventurière, cher aventurier, enfourchez votre vélo (électrique ou non) et partez avec nous à la découverte de la forêt d’exception de Haguenau !
Réveil aux aurores, ou pas loin pour les non-matinaux de l’assemblée ici rassemblée. Le départ pour Haguenau est prévu pour 8h05, gare de Strasbourg. Masque en main et plusieurs cafés déjà avalés, je m’installe avec ma partenaire d’expédition de la journée. Il fait chaud, il fait beau et on part direction la verdure. Pas dégueulasse comme programme.
Une grosse demie-heure plus tard, nous voilà à Haguenau. Non seulement hôte de journées douces et gourmandes en période de Noël, la ville au nord de l’Alsace a aussi une forêt. Et pas n’importe laquelle, puisque c’est une forêt dite d’exception. On prend un café – et deux petits pains au chocolat pour moi – pour se réveiller et se préparer à l’itinéraire bien cool que l’on va faire aujourd’hui : une boucle de 37 kilomètres au sein de la forêt de Haguenau, avec un petit twist bien sympathique : on le fera en vélo à assistance électrique !
La rencontre des aventuriers avec leur destrier : bonjour le vélo à assistance électrique !
Une fois rassasiés des petits pains et requinqués par les cafés, c’est le moment de rencontrer nos alliés électriques du jour. On se dirige tranquillement vers Vélo’Ritmo, la boutique de location qui va nous fournir nos vélos. À l’intérieur, on découvre nos fiers compagnons de voyage : des vélos à assistance électrique, qui nous donneront le petit coup de pouce bien pratique pour pédaler pendant presque 40 kilomètres.
Christian, responsable transport et mobilités alternatives dans la communauté d’agglo de Haguenau, toujours patient (et à l’accent suisse-allemand qui rappelle celui de Roger Federer), nous explique comment les vélos fonctionnent : concrètement, ils sont équipés d’une batterie et d’un petit boîtier où il y aura trois niveaux d’assistance. Pour 5 euros la journée, vous pouvez donc pédaler très très loin ! En plus, comme la boutique est située juste à côté de la gare, tu peux tranquillement venir en train depuis Strasbourg, louer un vélo et partir à l’aventure pour la journée !
On enfourche donc nos bécanes et on est vite surpris par le premier petit coup de boost que nous donne notre vélo. Une fois le coup pris, c’est une balade agréable qui commence. Bien que j’ai décidé de ne pas utiliser l’assistance électrique, alors que ma partenaire oui. Officiellement : pour une expérience plus développée et un retour plus honnête. Officieusement : j’avais envie de faire 37km de vélo. Je viendrai à le regretter…
Étape 1 : le Lavoir du Hundshof
C’est donc parti pour la balade ! On se déplace agréablement dans Haguenau et on quitte progressivement la ville pour aller s’enfoncer dans la forêt. D’ailleurs, vous saviez que la forêt de Haguenau est une forêt d’indivision, même la plus grande de France ? Autrement dit, elle est la propriété de l’État mais également de la Ville, et ce depuis très longtemps !
En effet, en 1115, c’est la date de l’édification de Haguenau, ville clairière. Très vite, ses habitants ont des droits pour aller chercher du bois de chauffage dans la forêt voisine et ils ont eu de plus en plus de droits au fil des siècles, notamment un droit de regard sur la gestion. En effet, l’Empereur leur a accordé la garde de la forêt, jusqu’à la Guerre de 30 Ans où le Saint Empire Romain Germanique doit céder. Notre roi à nous, Louis XIV dit « cette forêt est à moi ». Mais loin de céder, les Haguenauviens font valoir leur droit à la cour de France, ça dure 6 mois et par ordonnance royale en 1696 Louis XIV acte finalement l’indivision : Haguenau devient copropriétaire de sa forêt ! Mais retournons à nos vélos, puisque nous arrivons maintenant vers le Lavoir du Hundshof, où nous attend Maddy, petit bout de femme au fort caractère.
Elle nous explique à quel point la place de la lavandière était centrale dans la société puisqu’elle était un peu celle qui savait tout du village puisqu’elle avait littéralement accès à l’intimité des couples, ce qui donnait lieu à des commérages que n’auraient pas reniées Carrie Bradshaw et ses amies, ou Serena et Blair pour des générations plus jeunes. Elle nous raconte également des histoires de diable, de religion et de serpent, et si vous êtes curieux, il faudra y faire un petit tour…
Mais là, le plus important, c’est qu’il fait beau. On a envie de se poser un peu à la fraîcheur du lavoir, qui offre un vrai petit point de verdure, entouré d’itinéraires cyclables. On enfourche alors à nouveau nos vélos, on dit au revoir à Maddy et on s’enfonce désormais dans la forêt…
Étape 2 : au cœur de la forêt d’exception avec Mathias et Blaise, deux forestiers de l’ONF
C’est un vrai bonheur de pédaler au frais, protéger par les grands arbres de la forêt de Haguenau. On se sent tout petit, mais également protégé, apaisé. On se met à rêver d’une vie plus simple, faite à s’occuper de la nature et des arbres qui nous entourent. Ce n’est visiblement pas pour rien que, en plus de l’indivision, la forêt de Haguenau est considérée comme une forêt d’exception, et ce depuis janvier 2020. Une forêt d’exception ? En gros, cela signifie qu’elle devient une sorte de « forêt laboratoire », où l’on va au-delà de ce que l’on fait d’habitude dans la conservation et la gestion des forêts. Cela demande une gestion plus riche, où la recherche du consensus s’impose comme maître-mot. Sont ici pris en compte l’enjeu de production (comme le bois d’œuvre), mais aussi l’accueil du public et enfin la préservation des habitats et des milieux protégés ! Un sacré boulot.
À force de pédaler, poussés comme jamais par nos vélos, on finit justement par rencontrer Mathias et Blaise de l’Office national des forêts. Leur mission, qu’ils ont acceptée : s’occuper chacun d’un secteur de la forêt et ils programment la coupe, ils marquent les bois, les choisissent.
Patients, souriants et passionnés, ils nous expliquent que les forêts grandissent au fur et à mesure. On se laisse porter par leurs paroles, au milieu de la beauté de la nature aux alentours. Ils nous expliquent que, un arbre, c’est un peu une sorte de parasol qui conserve l’eau et humidifie tout le secteur alentour. En même temps, les forêts sont un grand puits de carbone. De bonnes et peut-être futures idées pour les urbanistes en herbe.
Nos regards se portent ensuite vers deux étangs, situés sur une ancienne voie ferrée. Comme dit plus haut, la forêt de Haguenau étant une forêt avec le label d’exception, elle possède un côté « laboratoire » qui l’incite à essayer de nouvelles choses : ici, d’un côté de l’étang, la pêche est interdite, de l’autre, la pêche est autorisée, pour voir la différence. Enfin, avis aux aventuriers téméraires, il y aurait apparemment un train allemand rempli d’or qui se trouverait dans l’étang. Haguenau, ville de trésors cachés…
Étape 3 : moment repos à l’Observatoire des oiseaux
Le vélo nous emmène cette fois-ci par des chemins un petit peu plus rocailleux, mais toujours aussi agréable aux alentours. Nous retrouvons alors Aurélia, chargée de mission forêt Ville de Haguenau. Nous laissons nos vélos et la suivons sur un petit chemin vers un observatoire en bois, où l’on pourra regarder la faune aux alentours. On se sent réellement coupés du monde et surtout, on peut prendre le temps de se poser, calmement, et observer.
Dans cette ancienne carrière ont été réinstallées plusieurs espèces locales ; on a pu apercevoir un héron, des poules d’eau et nos grands amis les cygnes. Il y a également plusieurs espèces en voie de disparition dans la nature et le plan d’eau, comme le martin-pêcheur, triton crêté, pic mar, ou encore le pic cendré.
On se sent happé par la quiétude des lieux, on est enveloppé, on se sent bien. On ne peut en outre pas approcher les animaux puisqu’il n’y a pas de chemin pour faire le tour du plan d’eau. Une bonne chose dans cette zone où la nature s’est tout bonnement installée. Un vrai beau moment, pour petits et grands.
Étape 4 : Hêtre ou ne pas hêtre
Le calme ne nous quitte pas, alors que l’on pédale vers la sylvothéraphie, c’est-à-dire une expérience d’immersion sensorielle dans la nature. D’ailleurs, une des légendes berçant la forêt est celle de saint Arbogast : l’homme a voulu se mettre en retrait de la société et il s’est établi à Haguenau, près d’un gros chêne et d’un cours d’eau. Il a fait preuve d’une telle dévotion qu’il a ensuite été évêque de Strasbourg. Ainsi, tous les ans au mois de juillet, il y a une messe qui célèbre ça, la fête du saint Arbogast. Une invitation à la retraite spirituelle 😉
Et justement, on retrouve Valérie, qui promet de nous accompagner pour que l’on s’imprègne des arbres, que l’on repense notre spiritualité et notre approche de la forêt. Même si je ne suis clairement pas attiré par ce genre de choses, je ne peux pas nier que l’on sent que l’endroit où l’on se trouve possède une ambiance particulière, presque spirituelle. D’ailleurs, saviez-vous que cette forêt est également une « forêt sainte », autour de laquelle des couvents se sont édifiés entre le 6ème et le 13ème siècle ?
On prend un petit chemin pour y arriver, pour s’enfoncer légèrement dans la forêt. Tout est calme, paisible. On y fait alors la rencontre d’un hêtre gigantesque, de taille et de circonférence. Valérie nous explique avec passion que les arbres communiquent entre eux par les racines, par les feuilles, et que l’hêtre que l’on a devant nous est un arbre de la confiance en soi. Avec ses racines qui ressemblent à de grosses pattes d’éléphants, il est très doux au toucher. On prend conscience que l’on doit respecter la nature, ainsi que ces phénomènes qui sont bien plus vieux que nous.
On finit par tirer les oracles, autour d’une tasse de thé : je tire le sanglier, ma partenaire tire la souris. Des descriptions qui ne nous concernent pas, mais qui concernent plutôt l’autre. Peut-être un message vers ce quoi nous souhaitons finalement tendre…
Étape 5 : une balade initiatique et artistique dans la forêt
C’est avec l’esprit bien reposé que l’on arrive à l’avant-dernière étape de notre épopée sur vélo. On est alors accueillis par Marthe, qui va nous emmener sur un chemin initiatique pour découvrir le monument du Chêne, une œuvre de Gloria Friedman. En effet, alors que l’on s’enfonce à nouveau dans la forêt lumineuse, même presque poétique, il faudra d’abord passer par sept stèles différentes, chacune comportant un proverbe, une citation ou un poème.
On est obligé de prendre notre temps, de faire attention au monde qui nous entoure, à ne pas marcher trop rapidement et à ne pas seulement regarder devant nous. Malgré la fin de journée et la fatigue se faisant sentir, on prend tout le temps de lire les proverbes sur les stèles.
On arrive enfin au monument du Chêne, l’oeuvre de Gloria Friedman. Un chêne abattu, calciné pour qu’il ne pourrisse plus, devant un grand mur rouge. Je dois avouer que le sens de l’œuvre m’a un peu échappé, mais le parcours pour y arriver était sympathique. Là encore, être dans la nature et prendre le temps, réfléchir à ce que l’on fait et pourquoi on le fait, change beaucoup de nos vies réglées sur la productivité.
Étape 6 : sensibiliser les jeunes générations à la forêt
En revenant sur nos pas et en retrouvant nos vélos, nous discutons enfin Véronique, chargée de mission environnement, pour qu’elle nous explique le concept de la parcelle pédagogique. Construite suite à la tempête de 1999, le but a été d’associer les enfants à la reconstruction de leur forêt pour la connaître. Cela s’est concrétisé par la plantation de 2300 arbres au printemps 2003 (soit un par enfant) sur 4 hectares de forêt dévastés.
Désormais, tous les ans ils ramènent des enfants pour parler de la forêt et des différentes essences qui y ont été replantées, au nombre de 17. Le tout dans un but de sensibiliser et transmettre la forêt aux générations suivantes, pour assurer la continuité de la connaissance de la forêt, mais aussi d’attiser la curiosité des jeunes générations, qui devront prendre soin de nos forêts demain.
Pour clôturer toute cette belle aventure, ma partenaire d’expédition prend quelques minutes, le temps de prendre en photo des papillons se posant délicatement sur les fleurs. En voilà une qui a compris l’essence de cette journée !
Nous enfourchons nos vélos pour la dernière fois, le corps fourbu – surtout pour celui qui a eu la bonne idée de ne pas utiliser l’assistance électrique – mais l’esprit apaisé, le corps bronzé et avec l’envie de prendre soin du monde qui nous entoure. Vélo, rando, Histoire, activités multiples : c’est en réalité tout un territoire et de nombreux passionnés qui sont mis en avant à travers cette balade à vélo dans la forêt, qui est l’une des 19 autres idées d’escapades à découvrir dans le coin !
En tous les cas, on a pu rencontrer tout un parterre de personnalités, toujours patientes et à l’écoute. En somme, une confrérie idéale partir à l’aventure. Une aventure qui nous a permis de nous poser, de prendre le temps de nous écouter et de nous laisser guider. Rien que pour ça, la forêt de Haguenau est vraiment une forêt d’exception…
Office de Tourisme de Haguenau
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1 Place Joseph Thierry, 67500 Haguenau
03 88 06 59 99
Pour retrouver la fiche détaillée pour refaire cette boucle vélo
20 idées d’escapades à faire à Haguenau !