Avec le retour des beaux jours, les Strasbourgeoises et les Strasbourgeois en ont largement profité pour s’engouffrer dans les forêts alsaciennes et faire le plein de verdure et d’air pur. Mais ils ne sont pas les seuls à crapahuter dans les fourrées. Camouflées dans les feuillages, les tiques se tiennent prêtes à passer à l’attaque. Quels sont les risques et comment s’en protéger ? Un petit rappel de saison s’impose.
En France, ces petits acariens assoiffés de sang, s’agitent entre le début du printemps et la fin de l’automne, autrement dit de mars à octobre. Mais leur période d’activité peut varier en fonction des températures. Plus ces dernières sont douces, plus il plaît aux tiques de profiter de nos belles forêts. Et manque de peau, il semblerait que ces parasites d’épiderme soient de plus en plus nombreux et fassent chaque année, davantage de victimes.
Connus pour être des vecteurs de la maladie de Lyme appelée aussi borréliose de Lyme, ils peuvent présenter des risques pour les humains. La surveillance de la maladie de Lyme réalisé par Santé publique France a notamment recensé une forte augmentation du nombre de nouveaux cas diagnostiqués entre 2017 (environ 45 000) et 2018 (environ 67 000). Chaque année, il y aurait 33 200 nouveaux cas en France.
Tiques chapitre I : cet acarien fascinant
Dès le mois de mars, les tiques sortent de leur état d’hibernation. Elles remontent alors la végétation depuis les tapis de feuillages dans lesquels elles s’étaient camouflées, afin de prendre un peu de hauteur, à la recherche de leur proie. Ces parasites peuvent s’attaquer à un grand nombre d’espèces différentes, comme les rongeurs, les oiseaux, les cervidés ou encore les lézards. Et c’est finalement plutôt par accident qu’elles atterrissent sur notre corps.
On les retrouve donc le plus souvent en pleine nature, dans les herbes hautes, les forêts ou les sous-bois, mais aussi en ville, dans les jardins ou bien les espaces verts aménagés. En France, l’espèce de tique la plus répandue est celle du genre Ixodes.
Au cours de sa vie, la tique passe par différents stades de croissance : d’abord larve, puis nymphe et enfin adulte. À chacun de ces trois moments clés de sa croissance, l’acarien doit se nourrir du sang d’une autre espèce afin de poursuivre son évolution. Trois grands repas pour lesquels la tique doit parvenir à s’accrocher à sa proie, avant de lui percer la peau grâce à des pièces buccales particulièrement développées. Cette fois le dicton disait faux, les petites bêtes mangent finalement un peu les grosses. Mais là n’est pas le risque pour nous humains. La quantité de sang aspiré par ces petites bestioles est minime. Il n’y a donc pas de risque d’en ressentir les effets. Cependant, elles sont porteuses de nombreuses maladies, comme la bactérie Borrélia, (ou maladie de Lyme) et peuvent ainsi la transmettre à leur victime.
Tiques chapitre II : éviter toute tentation
Pour éviter de se faire vampiriser, il existe quelques recommandations à suivre.
- Tout d’abord le plus logique mais aussi le plus contraignant : éviter les zones les plus infestées durant la période d’activité des tiques. Soit se tenir éloigné des forêts, des espaces verts, même en centre-ville.
- Et s’y l’on y est confronté, il faut bien s’équiper : s’habiller avec des vêtements couvrants, chaussettes montantes, pantalon, haut à manches longues, etc. Et de préférence de couleurs claires afin de pouvoir repérer facilement l’intrus qui tentera de s’accrocher. Il faut savoir que les tiques privilégient les membres inférieurs, auxquels elles ont facilement accès depuis les branchages, fourrées et autres buissons, mais ils arrivent qu’elles remontent le long du corps.
- Utiliser un répulsif, applicable directement sur la peau.
Après être allé faire un tour en forêt, il est indispensable d’inspecter tout son corps et ce, dans les moindres recoins. Les tiques privilégient les parties humides du corps, à savoir les aisselles, le creux du coude, le pli du genou, les oreilles, les parties intimes ou encore le cuir chevelu.
Tiques chapitre III : la retirer sans hésiter
Si l’on se fait piquer, il est important de retirer la tique au plus vite afin de minimiser le risque de transmission. La transmission de bactéries et parasites a lieu généralement entre 12 et 24 heures. Quant aux virus, la transmission est immédiate. Pour retirer une tique, l’idéal est encore d’utiliser un crochet tire-tiques, ou bien une pince à épiler. Il faut saisir la tique à la base qui est enfoncée et tourner jusqu’à ce qu’elle se détache. Une fois retirée, mieux vaut la coller sur un scotch avant de la jeter. Si une partie reste coincée dans la peau, elle finira par s’extraire ou disparaître naturellement.
Et surtout, attention au fakes news ! De nombreuses “astuces” circulent sur les réseaux sociaux, vantant les mérites d’un produit asphyxiant, d’un simple coton imbibé de savon ou de certaines huiles. Mais ces méthodes sont pour le mieux inefficaces, ou au pire dangereuses, car elles peuvent augmenter les chances de transmissions d’infections en fonction de la réaction de la tique.
Une fois débarrassé du parasite, il faudra garder un œil sur sa piqûre durant près d’un mois. Si une rougeur apparaît sur puis autour de la piqûre, il s’agit d’un érythème migrant, signe caractéristique de la maladie de Lyme. Il est conseillé d’aller consulter un médecin rapidement. Si, au contraire, rien d’anormal n’est constaté, il n’est pas nécessaire de consulter.
Tiques chapitre IV : révélation du diagnostic
Il est important de préciser que la maladie de Lyme n’est pas contagieuse et ne se transmet pas entre humains. Aussi, elle évolue en plusieurs phases. La première phase correspond aux trente premiers jours au cours desquels on voit apparaître une espèce de plaque rouge nommée érythème migrant.
La deuxième phase débute après le premier mois et la troisième peut durer plusieurs années. Si la personne atteinte ne reçoit pas le traitement adapté, elle peut ressentir de la fatigue, des migraines, des fortes fièvres, risque une méningite, une paralysie faciale, des troubles cardiaque, des douleurs articulaires ou encore des vomissements. Les symptômes sont variables selon les cas et la durée du traitement peut varier selon le diagnostic posé par le médecin.
L’importance de la recherche : le CHU de Strasbourg, centre de référence
La Direction générale de la santé a choisi cinq établissements afin de devenir des Centres de Référence pour la prise en charge des maladies vectorielles à tiques. Le CHU de Strasbourg en fait partie et se destine à la prise en charge des patients les plus complexes. La recherche est essentielle pour parvenir à lutter efficacement contre la maladie de Lyme. Un groupe de recherche sur Borrelia au sein de l’Université de Strasbourg développe depuis plusieurs années, des méthodes notamment moléculaires, permettant d’améliorer le diagnostic des borrélioses, en particulier le diagnostic des différentes formes de la borréliose de Lyme.
Depuis 2017, l’Inrae (Institut national de la recherche agronomique) coordonne un programme de recherche participative qui repose sur l’engagement des citoyens. C’est dans le cadre de cette démarche que l’application “signalement TIQUE” a été développée et est disponible sur Smartphone depuis 2020. Il est aussi possible d’y accéder depuis un ordinateur. L’objectif est d’inviter chacun à signaler lorsqu’il a été piqué par une tique. Toutes ces informations permettront de mieux connaître ces petites bêtes et leur évolution sur le territoire, mais aussi d’améliorer la prévention des risques liés aux piqûres.