Après un début de saison morose, les jardineries voient revenir les clients en nombre dans leurs rayons, depuis plusieurs semaines. Des habitués venus chercher de quoi renouveler leurs massifs ou leur potager en ce printemps ensoleillé, mais aussi des jardiniers en herbes, à qui le confinement a donné envie de plonger les mains dans la terre.
Sur le comptoir de Tchungle, une calathéa est sur le départ. Dotée de jolies feuilles aux motifs graphiques, cette plante d’intérieur fait partie des succès de vente de cette petite jardinerie installée en centre-ville. Elle quitte la boutique dans les bras de son propriétaire avec un pot tout neuf et deux nouveaux clients peuvent enfin entrer dans la boutique.
Tchungle devait ouvrir le 17 mars, mais avec le confinement, c’est fin avril que la jardinerie a finalement ouvert ses portes, en click and collect pour commencer : « On a vendu beaucoup de plantes vertes, de fleurs, et de semis, explique Stéphane Baumgartner, co-gérant. Pas mal de pots également, car le printemps est la saison du rempotage. Beaucoup de clients ont profité du kilomètre autorisé pendant la balade pour venir. On peut dire qu’il y avait un besoin de plantes. Certains nous ont même dit qu’on avait « sauvé leur confinement » », explique-t-il en souriant. Depuis le 11 mais, son activité « fonctionne bien, se réjouit-il. Ça nous permet de sauver un peu notre saison. »
Un panier moyen en augmentation
À quelques kilomètres de là, au Jardiland de Geispolsheim, le constat est le même : les clients sont bel et bien de retour. L’affluence s’est fait sentir dès la réouverture, autorisée le 14 avril sur demande de la Fédération nationale des métiers de la jardinerie. « On est sur une fréquentation bien supérieure à l’année dernière à la même époque, détaille Jean-Daniel Kammerer, gérant du magasin. Autoriser les gens à acheter de quoi faire leur jardin, ça a sans doute été une lueur d’espoir dans des journées très monotones et parfois difficiles à vivre. »
Si toutes les ventes sont en hausse, ce sont les semences de légumes, les aromates et les pots qui ont été particulièrement demandés cette année. « On a eu des problèmes d’approvisionnement, nos fournisseurs n’étaient pas forcément ouverts, poursuit le gérant. Ce dernier constate une augmentation de 25% du panier moyen des clients par rapport à la période avril-mai 2019.»
Une nouvelle clientèle de jardiniers en herbes
Jean-Daniel Kammerer avance plusieurs explications à cette augmentation, grâce à quelques éléments glanés auprès des clients lors de leur passage en caisse : « Certains ont décidé de se faire plaisir, ou de refaire leur intérieur en sachant qu’ils passeraient plus de temps à la maison cette année et ne partiraient pas forcément en vacances, détaille-t-il. C’est un premier élément. Mais je dirais que nous avons aussi su capter une nouvelle clientèle. On a vu arriver en rayons de jeunes couples qui venaient chercher une plante verte, ou des aromates pour leur balcon. Dans ce cas, ils achetaient aussi une jardinière, du terreau, des gants… » Enfin, « certains nous disent aussi qu’ils achètent pour leur voisin ou pour une connaissance, poursuit le gérant. Car il y a toujours de gens, plus fragiles, pour qui le confinement n’est pas terminé. »
Le mois de mai est une période de forte fréquentation dans les jardineries chaque année. Mais plusieurs facteurs sont actuellement réunis pour pousser les clients en magasin. Le printemps a été particulièrement doux et ensoleillé, un plus pour un secteur « météo-dépendant », selon Jean-Daniel Kammerer : « Nous avons aussi récupéré un petit pourcentage de la clientèle qui se rend d’habitude en Allemagne pour faire ses achats, la frontière étant toujours fermée. »
Si cette affluence est une bonne nouvelle pour les jardineries, il est encore trop tôt pour voir si la fréquentation est suffisante pour rattraper le retard pris en mars, au début de la saison, du fait du confinement. « La fête des mères marque la fin de la saison pour les fleurs, conclue Jean-Daniel Kammerer. On ne sait pas si on aura le même rythme jusque-là. »
A.Me