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Hébergement d’urgence : Il y a plus de demandeurs d’asile que de places à Strasbourg

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12 camps de sans-abris ont été créés puis démantelés en 2 ans à Strasbourg. La préfecture finance pourtant 9 000 places d’hébergement social dont 3 300 pour les demandeurs d’asile. La situation est de plus en plus critique, les associations et collectifs d’aide aux sans-abris réclament plus de régularisation des sans papiers, pour que ceux-ci ne soient pas condamnés à rester dans la rue ou dans des hébergements d’urgence.

Alen vivait en Macédoine, avant qu’un régime discriminant contre les roms se mette en place : la fuite était sa seule possibilité. / Photo : Thibault Vetter

Fin juillet, la rumeur de l’ouverture de l’hôtel de la rue à Koenigshoffen commençait à peine à s’élever que des dizaines de personnes, des familles avec des enfants, des hommes ou des femmes isolées, se pressaient à la porte du nouveau squat. Environ 160 personnes ont investi le lieu en quelques jours. Stupéfaits, les militants de la roue tourne et du droit au logement présents sur ce nouveau lieu d’accueil apprenaient que des personnes y étaient redirigées après avoir appelé le 115. Étonnant, si on tient compte du fait que la Ville de Strasbourg venait de porter plainte à cause de l’occupation du bâtiment.

Le 115, c’est le numéro d’urgence sociale que les sans-abris appellent dans le but d’être logés. Issa, à la rue depuis qu’il est arrivé à Strasbourg il y a quelques mois, doit appeler ce numéro tous les soirs : « Si j’oublie d’appeler un jour, je repars de zéro, mon dossier est remis en arrière. Je ne sais même pas si c’est possible d’obtenir une place avec le 115. » Le service est totalement saturé, il reçoit plus de 500 appels tous les soirs mais n’a pas assez de moyens vu la situation.

Selon la préfecture du Bas-Rhin, l’état finance 9 000 places (presque exclusivement à Strasbourg) d’hébergement social, tous dispositifs confondus : hébergement d’urgence, accueil de nuit, centre d’hébergement et de réinsertion sociale, hébergement lié à la demande d’asile et centre d’accueil médicalisé. La plupart sont en fait gérés par des associations comme Horizon Amitié, la Croix Rouge ou encore SOS femmes solidarité. Malgré cela, difficile de dire exactement combien de personnes dorment dehors tous les soirs à Strasbourg, mais les estimations vont de 500 à 2 000.

« Si ces personnes ne sont pas régularisées, rien n’est réglé durablement. »

Ces derniers temps, on constate l’apparition de nombreux camps de migrants. En 2 ans, 12 ont été fermés à la suite d’opérations conjointes de l’Eurométropole et de la préfecture. À cette occasion, beaucoup de personnes sont prises en charge et bénéficient alors d’un hébergement. Pourquoi d’autres camps réapparaissent-ils rapidement dans ce cas ? Gérard Baumgart, militant du droit au logement donne des éléments de réponse :

« Si ces personnes ne sont pas régularisées, rien n’est réglé durablement. D’autant plus que les hébergements qu’ils obtiennent, en plus d’être parfois délabrés, sont souvent temporaires et n’offrent pas de possibilités de réinsertion. Sans papiers, les demandeurs d’asile ne peuvent pas exister, impossible de travailler, d’avoir une vie normale… »

Le dysfonctionnement de l’hébergement des demandeurs d’asile

Selon la préfecture, 4 000 personnes ont demandé l’asile dans le Bas-Rhin en 2018. Le nombre de places d’accueil qui leur est dédié est de 3 299. Ce décalage rend inévitable le fait que de nombreuses personnes sont contraintes de dormir dehors. Pourtant, les demandeurs d’asile bénéficient en théorie d’une allocation ou d’un hébergement pendant le traitement de leur demande. Ce droit n’est donc pas toujours respecté, les moyens suffisants ne sont pas mis en place.

En France, d’après les rapports d’activités de l’OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides), 27% des demandeurs d’asile ont une réponse positive et atteignent donc le statut de réfugié, ce qui leur donne le droit d’avoir des papiers français. À Strasbourg, 65% des demandeurs d’asile viennent d’Europe de l’Est d’après la préfecture. Ces personnes ont souvent moins de chances d’obtenir le droit d’asile car les pays dont ils viennent ne sont pas considérés comme dangereux. On atteint donc pour ces populations des taux d’acceptation de la demande d’asile de seulement 10-15%.

Une autre solution : « la réquisition des bâtiments vides »

Après un refus, souvent, les demandeurs d’asile passent alors à un statut d’irrégularité. Ils tentent des recours pour que leurs dossiers soient réexaminés, et sont alors dans des situations difficiles, plus floues juridiquement. Cela explique que les sans-abris d’origine migratoire s’accumulent à Strasbourg : certains sont là depuis plusieurs années et tentent des recours, en plus des 300 nouvelles personnes (chiffre en constante augmentation : +17% cette année par rapport à 2018) qui arrivent tous les mois pour se présenter à la préfecture du Bas-Rhin.

De nombreux collectifs militants et associations proposent des solutions, comme en témoigne Lina, travailleuse sociale :

« Évidement, il faudrait plus de places d’hébergement pour les demandeurs d’asile, ces personnes y ont droit en théorie. Cela peut notamment passer par la réquisition des bâtiments vides de la municipalité et de l’Etat, certains le sont depuis plusieurs années. Et puis la régularisation devrait être beaucoup plus fréquente. Sans cela, on aura toujours des situations où des personnes sont dans l’irrégularité, tentent des recours et comptent sur l’hébergement d’urgence parce qu’elles n’ont pas d’autres solutions. Le fait d’avoir des papiers permet par exemple d’intégrer des centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS). Ensuite, il faudrait plus de moyens pour l’accompagnement social parce que ces services sont aussi saturés. Lorsque je réoriente une personne vers un service, j’ai souvent beaucoup de mal à trouver une autre travailleuse sociale pour la prendre en charge.  »

Avec son statut de capitale des droits de l’Homme, sa position géographique, ou encore son appartenance à un collectif de villes d’accueil, Strasbourg est l’une des villes françaises qui attire le plus. Mais comme le rappel Gabriel du collectif D’ailleurs nous sommes d’ici, « il faudrait mettre les moyens au niveau de la ville et ça serait possible d’arranger grandement la situation à cette échelle. Mais il faudrait aussi et surtout changer de politique migratoire à l’échelle de la France et de l’Europe, être beaucoup plus ouverts et favoriser l’insertion, pour améliorer durablement la situation. »

Thibault Vetter

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