Parce que Strasbourg regorge de sportives et de sportifs, parce que certains sports ne bénéficient pas d’une médiatisation suffisante et tout simplement parce que raconter des histoires sur le sport me passionne, Pokaa lance une nouvelle série de portraits sur les sportives et sportifs à Strasbourg. Aujourd’hui, petite entorse puisque Sarah Vieuille, championne du monde de trail par équipe, vit dans les Vosges.
Note de l’auteur : Sarah Vieuille n’est pas Strasbourgeoise ni Alsacienne, mais une petite entorse de temps en temps, ça ne fait pas de mal. Puis bon, ça reste dans le Grand-Est.
Note de l’auteur 2 : Merci à Sarah Vieuille pour les photos.
Sarah Vieuille : traileuse et vosgienne d’adoption
Depuis le temps, vous devriez être habitués avec mes portraits. On commence par les présentations pour Sarah : « J’ai 34 ans, originaire de Bordeaux et arrivée dans les Vosges en 2010 pour mon stage de fin d’études. J’ai passé un diplôme d’Ingénieur Chimiste. Et c’est dans les Vosges où j’ai découvert tous les sports outdoor que je pratique actuellement. » Les Vosges se sont prouvées être une terre de sport fertile, et c’est principalement ce qui a encouragé Sarah à rester : « Je fais du trail, du vélo, du VTT, du ski de fond, du ski de rando ou encore de l’alpinisme. C’est ce qui m’a fait rester en grande partie ! »
Si elle fait beaucoup de sport, on l’a vu, elle a une préférence pour le trail, qu’elle a pourtant commencé tardivement : « J’ai commencé le trail en arrivant dans les Vosges en 2010, donc à l’âge de 25 ans. Avant j’ai pratiqué la natation en compétition durant mes années de collège/lycée ainsi que le karaté, puis j’ai mis un peu le sport de côté pour mes études et la vie étudiante. » Un sport qui l’a attirée pour diverses raisons, mais notamment celle de la liberté : « Les terrains de jeu divers et infinis, les sensations, le fait de se retrouver seule avec moi-même ou d’avoir le choix de partager ces moments, c’est ça qui me fait aimer le trail. C’est une pratique qui permet d’être au plus près de Dame Nature. »
Une préparation physique qui a changé, avec l’arrivée d’un entraîneur
Au début, Sarah fonctionnait seule : « Je fonctionnais au feeling et à l’envie auparavant. J’ai toujours fait beaucoup de sports différents en parallèle de la course à pied. » Depuis désormais un an, elle est suivie par Philippe Propage, son entraîneur. Et cela change pas mal de choses.
« Je fais désormais bien plus de qualité dans mes entraînements. Si je gère toujours l’échauffement puis la récupération, entre les deux, c’est un entraînement planifié. » Cette nouvelle arrivée lui a permis de se rendre compte de certaines choses, et notamment de la nécessité de la récupération : « Avant, quand je ne faisais rien, que j’étais en période de récup, je culpabilisais. Maintenant, ça a beaucoup changé, je sais que mon corps en a besoin pour être meilleur par la suite. »
« Aujourd’hui on a le choix de pratiquer le trail de différentes manières » : Sarah, une touche à tout
Quand je la questionne sur la médiatisation du trail, Sarah décide de mettre l’accent sur le fait que la pratique s’est démocratisée : « Je n’ai pas de jugement particulier à porter dessus si ce n’est qu’à l’heure d’aujourd’hui on a le choix de pratiquer le trail de différentes manières. Chacun est libre de s’aligner sur des courses plus ou moins médiatiques. »
De son côté, elle aime bien mélanger les courses, avec toujours le même plaisir : « Personnellement, je prends autant de plaisir sur un Championnat que sur une course plus sauvage et moins “people” où la pression est peut-être moindre. J’aime bien toucher un peu à tout, varier les plaisirs, les distances. Tant qu’on est en accord avec soi-même, qu’on reste conscient du monde dans lequel on vit et qu’on reste acteur de sa propre pratique, c’est le principal ! »
Une athlète de haut-niveau qui travaille dans l’enseignement
Cela faisait longtemps que, au long de mes pérégrinations, je n’avais plus parlé à une personne qui était inscrite sur la liste des athlètes de haut-niveau de la Région Grand-Est. Sarah l’est donc, et ça n’est pas anodin : « Oui, j’ai le statut d’athlète de haut niveau et j’ai la chance d’avoir quelques subventions depuis cette année du Conseil Départemental des Vosges et de la Région Grand Est entre autres. J’ai également la grande chance d’être sponsorisée par “La Sportiva” qui m’équipe en textiles et chaussures. »
Néanmoins, elle ne réussit pas à vivre de son sport, et travaille dans l’enseignement : « Je ne vis pas de mon sport malheureusement. Je suis professeur de Physique Chimie en Collège et Lycée Professionnel à Saint Dié. » C’est donc dans les Vosges qu’elle a découvert puis exercé son métier : « C’est dans les Vosges que j’ai découvert l’enseignement en Sciences Physiques, qui est maintenant mon métier depuis 9 ans. »
Une fan de cinéma, apprentie naturopathe
Même si le trail et le sport en général lui prennent beaucoup de temps, Sarah possède tout de même quelques loisirs. « En dehors du trail, j’aime voyager, aller au cinéma, participer à des événements qui ont lieu près de chez moi, quand je ne suis pas partie faire du trail ou du sport (rires) ! » Elle a d’ailleurs énormément apprécié le film Parasite, dernière Palme d’Or du Festival de Cannes : « J’ai vraiment trouvé que c’était un très beau film. Là où j’habite, il y a un petit cinéma d’art et d’essai, j’aime bien l’ambiance des petites salles, des films plus confidentiels. »
Sarah vient assez rarement à Strasbourg. Alors, quand elle le fait, elle ne se prive pas : « C’est une très belle ville mais ça reste la ville et une journée me suffit ! En général, je vais me balader dans la vieille ville autour de la Cathédrale, faire les magasins et je viens souvent à l’occasion du mythique marché de Noel histoire de faire ma vraie touriste ! »
Enfin, Sarah suit une formation pour devenir naturopathe : « Le côté médecine alternative m’a toujours attirée. Je suis une formation depuis un an maintenant. J’aime apprendre et transmettre, et cette médecine me parle. » L’enseignement n’est jamais très loin.
Dans le viseur, les prochains mondiaux de course en montagne
Mais le trail reste une priorité et les objectifs pour le restant de l’année vont au pas – de course : « Le 1er objectif passé fut les Mondiaux de trail au Portugal en juin dernier. Ce samedi 6 juillet, le High Trail Vanoise puis l’Eiger Trail fin Juillet. Ensuite, il y a les championnats de France de trail à Méribel mi-août puis le Triathlon XL de Gérardmer début septembre. »
Un programme très fort, qui sert pour préparer LA course de l’année :« J’ai ensuite d’autres courses en tête à confirmer afin de préparer les prochains Mondiaux de course en montagne longue distance qui auront lieu mi-novembre en Argentine. »
« Y aller progressivement et ne pas brûler les étapes » : les conseils de Sarah
Enfin, pour celles et ceux qui souhaiterait commencer le trail, Sarah a quelques conseils pour vous : « Le conseil que je donnerais est d’y aller progressivement, ne pas brûler les étapes et ne pas penser que si on ne s’aligne pas sur un ultra, on n’a rien fait d’intéressant. » En revanche, il ne faut pas se lancer dans le grand bain tout de suite : « Il faut savoir maîtriser parfaitement un 30 km avant de se lancer sur des distances plus longues. C’est une histoire d’hydratation, d’alimentation, mais également de vitesse, d’endurance, et surtout, surtout, de sensation. »
Cet travail passe en effet par d’abord écouter notre corps et nos sensations : « On dit que le corps met 7 ans à s’adapter à la course à pied, musculairement entre autres. Il faut arrêter d’écouter les “on dit”, apprendre à se connaître et savoir ce qui nous fait du bien. » Dit comme ça, la course à pied, c’est un peu le rêve.