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LOCKED GROOVES – Ce petit disquaire indépendant caché derrière les Halles

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A l’heure où Youtube, Spotify et Deezer ont remplacé nos bons vieux Walkman, nos playlist Winamp et nos merveilleux lecteurs mp3, certains irréductibles mélomanes, amoureux du vinyles, continuent de faire face à l’envahisseur.

Les disquaires, massivement fréquentés jusqu’au succès du mp3 dans les années 2000, représentaient jusqu’alors la seule option pour se procurer ses albums et morceaux de musique préférés. Seulement voyez vous – et je vous dis ça sans la moindre objectivité – rien n’enlèvera jamais le doux bruit d’un diamant qu’on pose délicatement dans le sillon d’un vinyle.

Un disque, c’est un objet symbolique et intemporel. On l’écoute certes, mais on le collectionne aussi, pour son contenu ou même pour l’artwork de sa pochette. Chaque collectionneur, qu’il soit DJ ou simple amateur de musique, ne passe pas un morceau comme on balance un titre de sa playlist depuis son smartphone. Il y a la gestuelle qui va avec, le toucher qui se joint à l’ouille, on sent le son passer son ses doigts, et ça, ça n’a pas de prix !

Si beaucoup achètent aujourd’hui leurs skeuds sur des plateformes internet comme Discogs, il perdure toutefois l’alternative des disquaires. Ils ont souvent l’avantage de proposer des pépites bien chinées, d’approfondir un style spécifique ou de mettre en avant des productions de labels émergents difficilement accessibles. Ils ont surtout le charme d’exister « pour de vrai », et sont définitivement des lieux de rencontres, d’échange et de transmission pour tous les passionnés.

LOCKED GROOVES est justement l’un de ces disquaires strasbourgeois tenu par un insatiable chevronné en musique. David Thiriet a monté cet établissement en 2015. Initialement situé rue de la 1ère Armée, le shop se situe aujourd’hui au 10 Places des Halles, en face de la gare Routière.

Quand il arrive à Strasbourg il y a prés de 25 ans, David est alors objecteur de conscience. Il trouve un job à l’ARDAM, (l’Association Régionale pour le Développement de l’Action Musicale) où il confirme son interêt pour la musique, en particulier le punk rock.

« C’est une asso qui accompagnait les groupes dans le développement de leurs carrières, on leur donnait des listes de lieux et de cafés concerts où ils pouvaient jouer, on leur apprenait la base, comment faire une fiche technique, où trouver des subventions. On bossait pas mal avec La Laiterie, du coup j’avais des invit pour les soirées donc j’y passais pas mal de temps, même si j’avais pas de thune pour picoler. On avait une petite revue en  parallèle aussi qui s’appelait Nota Bene, on faisait des articles sur les groupes et sur la scène locale ».

Plus tard, David découvre la musique électronique à travers les soirées Got Milk, les clubs de Karlsruhe et ses séjours à Berlin. Peu à peu, il laisse derrière lui ses premiers amours musicaux et se donne à coeur joie à sa nouvelle passion. Il arpente les disquaires allemands à la recherche des pépites si convoitées, construit sa culture et son esprit critique et apprend, assidument, l’histoire et la chronologie de la musique électronique.

« Le premier truc qui m’a choqué quand je suis sorti à Karlsruhe, c’est qu’il y avait des trav partout, et les gens ne les regardaient même pas, alors qu’à ce moment chez nous c’était encore complètement inhabituel, presque tabou. C’était complètement une autre mentalité, et il y avait une ambiance que je n’avais vu nulle part ailleurs. J’achetais beaucoup de disques déjà à l’époque, puis je les revendais pour payer ma collection. Il y avait aussi Phil qui organisait déjà des bourses aux disques au Mudd, puis Quentin qu’on connaissait tous les deux. On avait des réseaux, des goûts différents et complémentaires, et on s’est dit qu’on pourrait vendre des disques, les trucs qu’on ne trouve pas ici, qu’on était obligé de commander, c’était ça l’idée à la base. Sur les autres disquaires de Strasbourg, tu vas trouver un peu de musique électronique, mais ça sera les grands noms signés sur des majors, c’est pas ce qu’on voulait proposer » .

En 2015, les trois compères s’associent et s’installent dans le local Rue de la 1ère Armée, le projet « Locked Grooves » se concrétise. Dés le départ, le shop rencontre un certain succès, et attire tant les DJ que les amateurs de musique. Presque deux ans après, alors que Phil et Quentin choisissent de se consacrer à d’autres projets, David déménage Locked Grooves dans un local plus petit, et choisis de continuer l’aventure tout seul ! Il affine ainsi sa collection, et précise les contours du projet.

« On pourrait dire qu’ici il y a environ 40% de musique électronique, entre techno, house, idm ou même jungle, jusqu’à l’italodisco. Pour les 60 pour-cent restants, c’est du généraliste, «  un peu pointu » disons, avec une grosse prédominance post punk/wave; c’est ce que je joue le plus avec la techno. On trouve aussi quelques grosses références forcément, j’écoute de la musique depuis que j’ai 9 ans, je respecte ceux qui m’ont construit ma culture. Ma collection est basée sur mes gouts musicaux, et puis j’essaie de choisir des disques qui ont une pérennité, qui s’inscrivent dans le temps et que j’estime avoir une valeur intra sec. J’essaie aussi de faire un travail un peu archéologique, d’avoir les références chronologiques d’un style disons, pour guider mes clients vers ce qu’ils aiment de manière cohérente. Le coté dialogue, transmission me tient vraiment à coeur, je prépare mon stock comme ça aussi, avec des anciennes et des nouvelles références, et j’essaie d’expliquer comment on arrive de ça à ça ».

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