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On s’est glissé dans les coulisses de la gare de Strasbourg, d’hier et d’aujourd’hui

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Saviez-vous qu’avec plus de 19,4 millions de voyageurs en 2017, la gare de Strasbourg est l’une des plus fréquentée de France ? Son trafic est classé après les grandes gares parisiennes et juste derrière celle de Lyon Part-Dieu. C’est le véritable cœur de la capitale alsacienne au sens médical du terme, car c’est de cet endroit que partent et arrivent les flux de notre ville dont les pulsations sont les plus fortes aux heures de pointe. Grâce à la SNCF, nous avons pu visiter les lieux et rencontrer les personnes qui rendent ce petit miracle quotidien possible.

D’abord un peu d’histoire…

Avant d’occuper son emplacement actuel, la gare de Strasbourg fut d’abord installée à Koenigshoffen. En effet, afin de faciliter les convois de troupe, le génie militaire français décide, dès 1838, de créer ce que l’on appelle à l’époque un « embarcadère ». Dans un premier temps, l’armée ne donne pas son autorisation pour bâtir une gare à l’intérieur de la ville. C’est pour cela que la première station provisoire de Strasbourg fut ouverte le 15 mars 1841 dans ce qui n’est à l’époque qu’un petit village : Koenigshoffen.

« L’embarcadère » de Koenigshoffen en 1852. Source : Wikipedia

Cette petite gare est très vite saturée et il est décidé d’en bâtir une plus grande à l’emplacement de l’actuelle place des Halles rue du Marais vert. Cette nouvelle gare est inaugurée le 15 septembre 1854 par Napoléon III et est construire sur le principe des gares en « cul-de-sac », comme le sont toujours les grandes gares parisiennes.

Deux bâtiments disparus sur une même photo : la synagogue et l’ancienne gare de Strasbourg. Source : Wikipedia
L’ancienne gare vue de l’arrière. Cette gare aujourd’hui détruite, était située à l‘emplacement du centre commercial des Halles. Source : La vie du rail n°1973

Comme vous le savez certainement tous, l’Alsace-Moselle est devenue allemande en 1870. Strasbourg devient la capitale d’un Länder et connaît une expansion démographique et économique importante entre 1870 et 1914. L’ancienne gare étant jugée « trop petite » et « impossible à agrandir » par les autorités allemandes, il est décidé en 1871 de lancer la construction d’une nouvelle gare dans le cadre de la Neustadt (dont elle est le premier bâtiment emblématique, destiné à démontrer le savoir-faire de l’Empire allemand). Et c’est parce que la gare a été construite par les allemands que son organisation contient deux différences (et deux améliorations) majeures par rapport aux autres grandes gares française. Premièrement, c’est une gare aux voie surélevées, les voyageurs passent sous les voies et « montent » sur les quais grâce a des escaliers. Les quais comptent au début deux accès puis trois depuis 2007. Cela rend le déplacement des voyageurs plus facile comparativement à l’unique accès en bout de quai des grandes gares françaises. Deuxièmement, la gare a un plan en étoile. C’est à dire que les voies ne s’arrêtent pas dans un cul-de-sac au fond de la gare. Cela facilite grandement son raccordement aux différentes lignes de chemin de fer et permet d’optimiser et de fluidifier le nombre de trains à l’arrivée et au départ sur un nombre de quais donné.

Ces deux différences rendent la gare de Strasbourg (et la gare de Metz pour les même raisons) unique par rapport aux autres grandes gares françaises, prenez par exemple les grandes gares parisiennes, mais aussi celles de Marseille Saint-Charles ou de Lille Flandres. Elles sont toutes bâties sur un plan en cul-de-sac avec un unique accès voyageur en début de quai. Je peux vous affirmer qu’avec l’augmentation continue du trafic voyageur dans les gares, les gestionnaires des gares citées plus haut mesurent bien cette erreur de conception et préféreraient que leur bâtiment soit construit sur le même modèle que la gare de Strasbourg.

Les travaux de la nouvelle gare commencent en 1878 et finissent en 1898. Mais cette dernière est inaugurée la même année que le pont de Brooklyn, le 15 août 1883 avec l’arrivée du train en provenance de Kehl à 3h18 et le premier départ pour Rothau à 5h02. C’est le premier bâtiment publique éclairé à l’électricité de Strasbourg et probablement d’Alsace. Il a été conçut comme une vitrine de la technologie allemande de l’époque. Elle est aussi beaucoup plus récente que la majorité des gares françaises qui se sont construites pour la plupart dans les années 1840 (1846 pour la Gare du Nord et 1849 pour la gare de l’Est par exemple).

La gare toute neuve dans les années 1890 :

Source : http://mespassions-mescollections.blogspot.com/2017/06/la-gare-de-strasbourg.html

La gare, déjà bouillonnante d’activités dans les années 1920 :

Source : Médiathèque Malraux

Et enfin la gare dans forme actuelle avec la bulle de verre qui l’agrandie pour l’arrivée du TGV Est en 2007 :

La gare de Strasbourg vue de face. Source : Wikipedia

Assez de passé, passons au présent : qui fait tourner la gare de nos jours ?

Eh bien, c’est environ 150 personnes tous métiers confondus (des équipes de nettoyage au personnel de la boutique SNCF) qui sont affectés à cet édifice tous les jours. Leur travail commence lorsque le voyageur pose le pied dans la gare et s’arrête quand il la quitte. Le mouvement des trains ne rentre donc pas dans leurs prérogatives. On parle de gestion de flux de voyageurs, et il y a du boulot ! Surtout le dernier vendredi avant Noël qui est le jour du pic de trafic de la gare, on peut y atteindre jusqu’à 200 000 voyageurs sur la journée !

Et ce n’est pas la cheffe de gare, Madame Viverge, qui va nous contredire là-dessus ! Elle dirige la gare de Strasbourg mais aussi toutes les gares alsaciennes. J’ai pu lui poser quelques questions, et j’ai commencé par demander : Comment faites-vous pour gérer l’augmentation constante du trafic de voyageurs à Strasbourg ? (qui est passé d’environ 10 millions de voyageurs en 2000 à 19,4 millions en 2017). Nathalie VIVERGE : “C’est la création de la verrière et du Hall nord en 2007 qui nous a permis d’accueillir plus de voyageurs dans nos murs. “

Nathalie VIVERGE, cheffe de gare de Strasbourg, devant ce qui semble être son lieu de travail.

La gare de Strasbourg est très utilisée comparativement à la taille de la ville. Comment expliquez-vous cela ? N.V. : “La grande majorité des usagers du réseau voyage en TER . A Strasbourg, on est sur 80% de trafic TER et 20% TGV. Donc c’est surtout lié aux voyageurs qui utilisent le train pour se rendre à leur travail.”

Est-ce une spécificité alsacienne ? N. V. : “Il y a des raisons géographiques à cela, puisque l’Alsace est une plaine densément peuplée avec beaucoup de villes moyennes. Mais c’est surtout grâce au réseau ferré de bonne qualité. D’ailleurs, avant la fusion des réseaux Alsace/Champagne-Ardenne/Lorraine dans la région Grand Est en 2017, l’Alsace avait le meilleur taux de ponctualité des trains en France. Il n’y a pas de mystère, il y a eu beaucoup d’investissements dans le réseau, grâce notamment à la volonté de l’ancien président du conseil régional d’Alsace, Adrien Zeller (1940-2009)”

Il y a un mouvement de la reconquête de la restauration haut de gamme dans les gares. Le restaurant L’Etoile du nord, une brasserie dirigée par un chef étoilé et située à l’intérieur de la Gare du Nord avec vue sur les voies, en est son plus fameux exemple. Peut-on s’attendre à un exemple de ce style à Strasbourg ? N.V. :”Ce n’est pas moi qui choisi quel commerce peut s’installer dans la gare, c’est Retail-SNCF qui gère les candidatures et les appel d’offres. Néanmoins, notre but est que la partie commerciale de la gare se développe puisque chaque commerce paye un loyer et une redevance sur son chiffre d’affaire à Retail-SNCF ce qui au bout de la ligne fait baisser le prix des billets de train.”

Un message à faire passer aux utilisateurs ? N.V. : “Oui, n’oubliez pas vos sacs ! Avec les normes de sécurité actuelles, un bagage abandonné sur une voie peut entrainer de grands désagréments et bloquer plusieurs trains et donc causer des retards en cascade, surtout si cela arrive aux heures de pointe… J’aimerai aussi des fois que les Français ressemblent un peu plus aux Japonais pour éviter les bousculades.”

Moi qui suis un utilisateur quasi-quotidien de la gare de Strasbourg, je ne peux qu’être d’accord avec ce dernier point. Un peu plus de savoir-vivre ne ferait pas de mal ! Par exemple : laisser assez de place aux voyageurs qui sortent du train. Et ne pas être si pressé.e.s de rentrer à l’intérieur des wagons, de toute façon le conducteur ne va pas démarrer le train tant que les passagers sont encore en train d’y embarquer !

Le centre d’aiguillage ultra moderne de la gare de Strasbourg

Peu de gens le savent mais le site de la gare abrite également, dans un discret bâtiment ressemblant vaguement à un bunker, le CCR (pour Commande Centralisé du Réseau Alsace). Inauguré en 2018, le centre d’aiguillage central gère, grâce à un système informatique de pointe, la commande de tous les trains qui circulent sur le territoire alsacien , soit 143km de voies ferrées. Le voici :

Le centre d’aiguillage central. Crédit : Antoine WEBER

Et la salle principale du bâtiment se situe entre une salle de contrôle d’une centrale nucléaire, le pont du USS Enterprise de Star Trek et Guernica de Picasso.

Jugez plutôt :

La salle de contrôle du CCR-Alsace. Crédit : Antoine WEBER

Mathieu Duval qui exerce la profession d’Adjoint au Dirigeant d’Unité Opérationnelle Circulation m’a fait la visite du centre et m’expliqua que les aiguilleurs du rail qui y travaillent sont là pour s’assurer que tous les trains circulent en sécurité, bien entendu, mais aussi pour sécuriser les voies. C’est surtout vrai lorsque des agents SNCF les réparent et/ou les entretiennent. Ils sont aussi là pour gérer les imprévus sur les voies. Leurs causes sont nombreuse et parfois même insolites. Comme le 2 novembre 2018 à hauteur de Vendenheim où un TGV lancé à plus de 300 km/h percuta un troupeau de moutons, ce qui entraîna des perturbations sur la LGV Est entre Paris et l’Allemagne. Ce n’est qu’un exemple parmi de nombreux imprévus qui peuvent être sources de retards. Et c’est dans ce centre d’aiguillage que les gestionnaires de trafic ferroviaire travaillent tous les jours pour les minimiser.

Un gestionnaire de trafic ferroviaire en plein travail.Remarquez l’absence de jeux ou de page Facebook sur ces 5 écrans, une exception certainement :-). Crédit : Antoine WEBER

J’ai posé la même question à Mathieu Duval qu’à la cheffe de gare : Comment allez-vous faire pour gérer l’augmentation du trafic dans une gare à l’espace non extensible ? : Mathieu Duval :” Eh bien premièrement, grâce au nouveau système informatique. Le but est d’optimiser les voies existantes, en faisant circuler plus de trains qu’avant sur le même nombre de voies ferrées. Deuxièmement, en construisant de nouvelles voies. Actuellement une 4e voie est d’ailleurs en construction entre la gare de Strasbourg et la gare de Vendenheim, car les 3 voies actuelles arrivent bientôt à saturation.”

Source : SNCF

Combien de trains FRET et voyageurs passent quotidiennement en gare de Strasbourg ? M.D. :”En moyenne, 700 trains de voyageurs et marchandise passent par la gare de Strasbourg tous les jours. Et tout est contrôlé depuis la salle de contrôle.”

Est-ce que tous les aiguillages sont commandés par ordinateur ? M.V. :”Non pas tous. Le centre d’aiguillage de Koenigshoffen utilise encore des aiguillages à itinéraire qui s’actionnent avec de grand leviers. Ce sont principalement des trains de marchandise qui passent par les voies de contournement dans la banlieue Ouest de Strasbourg pour éviter de passer dans la gare de Strasbourg la journée notamment.”

Les aiguillages de la gare de Strasbourg sur l’écran de contrôle, chaque chiffre représente un train. Crédit : Antoine WEBER.

Pour terminer cet article sur la gare, j’aimerai que ceux qui ont lu ces lignes et qui utilisent leur voiture pour chaque déplacement, se posent la question si ce ne serait pas plus rapide, plus écologique et moins coûteux parfois de prendre le train (et le vélo) pour se rendre à leur destination. Car plus de 200 ans après son invention, le train reste un moyen de transport extraordinaire, c’est à chaque fois une aventure ! Au lieu de râler dans les fameux embouteillages de Strasbourg, vous pourrez comme moi, le menton posé dans la paume de votre main et le coude posé sur un accoudoir, contempler la magnifique plaine alsacienne et le défilement des saisons et son influence sur la végétation depuis la vitre du train. Si vous êtes chanceux.se, vous pourrez même apercevoir des cigognes en train de voler ou un groupe de biches en train de se nourrir au milieu d’un champ. Et ainsi le trajet qui vous emmène au travail ou à l’école deviendra un moment plus agréable.

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Commentaires (9)

  1. claudelib
    je suis a chaque fois heureux de lire une nouvelle histoire bravo à l’auteur
    cette fois ci c’est une découverte SNCFienne
    c du travail très bien fait et d’avoir eu une ITW de la responsable des gares est un plus

  2. claudelib
    je suis a chaque fois heureux de lire une nouvelle histoire bravo à l’auteur
    cette fois ci c’est une découverte SNCFienne
    c du travail très bien fait et d’avoir eu une ITW de la responsable des gares est un plus

  3. L’Alsace toujours en pointe dans différents domaines: tolérance des religions (concordat ), sa qualité de vie , ses paysages, son droit local, ses chansonniers ,ses cigognes qui reviennent même si elles plus parler alsacien, son bilinguisme , son attachement à la France etc …

  4. C’est une bonne synthèse, bien illustrée. Mais un gros défaut reste à corriger : l’orthographe, même en allemand (“la capitale d’un Land” et non d’un “Länder”). Ceci vous contraindra à couper plus vos phrases, remplacer les “et” par des points, ou des points-virgules. Au final ? Un texte fluide, efficace. Les petites phrases bien tournées sont très faciles à lire !

  5. Bonjour Pokaa
    Je vais me permettre un petit rajout sur la spécificité de la gare de Strasbourg… c’est la seule gare de France à disposer d’un accueil de jour pour les personnes en errance… je ne parle pas d’usagers perdus dans la gare mais de toutes celles et ceux qui constituent les « invisibles », qui trouvent sous la verrière un abri en journée parce que sans hébergement, parce que trop seuls. Le Point Accueil Solidarité est un accueil de jour géré par la SNCF, 3 travailleurs sociaux y interviennent à plein temps (1 agent SNCF et 2 salariés de l’association Entraide Le Relais qui y sont détachés).
    Nous y intervenons dans le cadre des missions sociétales de la SNCF, pour la lutte contre les exclusions.
    Nos missions sont l’accueil, l’écoute et l’orientation des personnes en précarité.
    Une centaine de personnes par jour transitent par nos bureaux, dont un très grand nombre de demandeurs d’asile, de personnes à la marge de la société.
    Cet accueil existe depuis 1998…
    Donc, cher rédacteur de l’article, en descendant de votre train le matin, venez donc prendre un café au PAS (ouverture à 8h30 tous les jours de la semaine)
    Au plaisir de vous accueillir
    Michèle

  6. Bonjour

    Votre article est intéressant.
    J’ai quand même “trébuché” sur ce que vous écrivez ici :
    “Et c’est parce que la gare a été construite par les allemands que son organisation contient deux différences (et deux améliorations) majeures par rapport aux autres grandes gares française. Premièrement, c’est une gare aux voie surélevées, les voyageurs passent sous les voies et « montent » sur les quais grâce à des escaliers. Les quais comptent au début deux accès puis trois depuis 2007. Cela rend le déplacement des voyageurs plus facile comparativement à l’unique accès en bout de quai des grandes gares françaises. Deuxièmement, la gare a un plan en étoile. C’est à dire que les voies ne s’arrêtent pas dans un cul-de-sac au fond de la gare. Cela facilite grandement son raccordement aux différentes lignes de chemin de fer et permet d’optimiser et de fluidifier le nombre de trains à l’arrivée et au départ sur un nombre de quais donné.

    Ces deux différences rendent la gare de Strasbourg (et la gare de Metz pour les même raisons) unique par rapport aux autres grandes gares françaises, …”

    Gares en cul-de-sac ou gares de passage ne sont en aucune façon caractéristiques systématiques des grandes gares françaises, ou allemandes. Parmi ces dernières, Francfort, Leipzig, Munich, Stuttgart ont été construites sur le modèle des gares terminales, tandis qu’en France, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Lyon sont des gares de passage.
    C’est la géographie et le développement urbain qui ont commandé, pas “une façon de faire nationale”
    Bien cordialement
    Bernard

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