Pas de dégradation ni de violences pour les Gilets Jaunes à Strasbourg ce samedi, contrairement à « l’acte 9 » qui avait dégénéré avec plusieurs blessés. Beaucoup moins de monde par rapport à la semaine dernière, avec pour cause notamment, le déplacement d’une partie des gilets jaunes bas-rhinois vers Belfort. Résultat : une nouvelle journée de marche improvisée à travers la ville avec plusieurs tentatives de blocages temporaires. Le rendez-vous pour samedi prochain est déjà lancé sur les réseaux sociaux avec un “retour à Strasbourg”.
Le samedi commence comme les autres : 10H brève assemblée dans le froid place de la République avec un beau soleil. La CGT, qui avait annoncé rejoindre les gilets jaunes, est présente en petit nombre et se fait refouler quand elle prend la parole. « Ça fait des semaines qu’on est dans la rue et c’est maintenant que vous vous manifestez ? ». L’assemblée se termine sur le mot d’ordre du « pas de violences », mot d’ordre suivi sur l’ensemble de la journée. Le groupe de 300 manifestants se sépare en deux, une grosse moitié reste sur Strasbourg, l’autre se déplace pour Belfort. La semaine dernière, c’était un gros groupe de Belfort qui venait à Strasbourg.
La Marseillaise se mélange avec du Kopp Johnson
Un autre rassemblement est prévu symboliquement pour 11h à l’ENA (l’école nationale d’administration). Près de 200 nouveaux gilets jaunes attendent sagement place Hans Arp. Une fois la bise claquée aux copains et le bonjour grinçant donné aux forces de l’ordre, le groupe de plus de 300 personnes se lance dans un parcours improvisé à travers la ville. Remontant Grand Rue, certains parlent d’une action au MacDonald’s. C’est chose faite après une pause place Kléber : la foule reste plusieurs minutes bloquant l’entrée du fastfood pendant plusieurs minutes. Réunion ensuite devant la Cathédrale à midi avant de décider de partir vers la place d’Haguenau. La police reste très distante voire invisible pendant le parcours en ville, les manifestants gèrent eux-mêmes la circulation.
La place d’Haguenau et les sorties d’autoroute bloquées pendant plus d’une demi-heure
Arrivée place d’Haguenau, l’atmosphère se tend d’un coup. La circulation et son blocage deviennent relativement dangereux une fois sur la D263, notamment de par les voitures arrivant de l’A35. Heureusement pas d’incident, les militants passent devant les forces de l’ordre qui bloquent l’accès à l’autoroute. Un barrage ralentissant la circulation se met en place pendant plusieurs minutes avant un nouveau déplacement des Gilets Jaunes vers la gare.
Arrivée à la Gare Centrale, les militants se retrouvent devant une gare bouclée par les grilles et les forces de l’ordre. Personne ne passe, alors après un bref face-à-face, c’est reparti pour un tour en ville, direction Rivetoile après une brève pause sandwich, un blocage de l’Apple Store et quelques accrochages anecdotiques avec des passants.
Pèlerinage sur les lieux des incidents du samedi précèdent
L’accès au centre commercial Rivetoile se trouve aussi bouclé que la Gare. Les clients sont bloqués à l’intérieur par les grilles du bâtiment. Petit à petit le groupe se dissout jusqu’au dernier objectif de la journée : un retour à la gare. Une fois remonté le quai Louis Pasteur et le Boulevard de Lyon en bloquant la circulation (les automobilistes les plus malins passeront avec quelques klaxons et leur gilet jaune encore emballé sur le tableau de bord), les Gilets Jaunes se retrouvent à nouveau devant une gare bloquée. Les manifestants se dispersent petit à petit. Seul l’accès souterrain restait disponible aux passagers. Une poignée d’individus (6 selon France3 Grand-Est) ont été interpellés en fin de journée.
Micro-blocages à répétition à plusieurs endroits en ville
Niveau revendications, rien de nouveau sous le soleil, distribution de tracts sur le RIC (référendum d’initiative citoyenne) et une contestation affichée des manifestants vis-à-vis du “grand débat national” organisé partout en France (et prévu pour Strasbourg à la mi-février), à voir ce qu’il en sortira, mais on risque de revoir du monde dans les rues samedi prochain. Par contre cette semaine, l’objectif était clairement les grandes enseignes (Macdo, Apple, Rivetoile) et la circulation (Gare/place Haguenau). Cela mis à part, la mobilisation ressemble à toutes celles déjà vues sur Strasbourg, excepté l’Acte 9.
Si la manifestation était bien moins importante que la semaine précédente, les Gilets Jaunes ont tout de même marché toute la journée à travers la ville et on réussit leur pari de visibilité, de pacifisme et de blocages à Strasbourg. Ailleurs, à Belfort, 2000 personnes ont manifesté avec quelques rares moments de tension. À Nancy, pour un cortège similaire, des débordements ont eu lieu comme ailleurs en France depuis 2 mois (l’acte I ayant commencé le 17 novembre dernier).