Aujourd’hui on vous emmène du coté de la péninsule Ibérique, en plein coeur de l’Espagne. Vous pouvez mettre de coté tous les clichés que vous avez sur la culture hispanique et vous rendre les yeux fermés rue de l’écurie, à deux pas de l’ancienne douane. L’Iberica, c’est un petit restaurant discret à la grande cuisine tenu par deux jeunes amoureux entourés de leur famille et de leurs amis. En ce jour un peu gris, j’ai passé la porte avec une énorme curiosité et une attente particulière pour ce restaurant en raison des bruits de couloirs entendus ici et là dans Strasbourg. En effet, le nom “Iberica” sort souvent des discussions et j’entends parfois se chuchoter d’élogieux compliments sur ce qui semble être l’une des meilleures tables Espagnole de notre ville. Comme un bruit de couloir n’est rien d’autre qu’un bruit, on est allé le tester pour vous. Nous allons modestement essayer de vous présenter ce que nous avons aimé et vous parler du moment que l’on a eu la chance de passer. Attention les yeux et les papilles, ça va dépoter
La rue de l’écurie où se situe le restaurant est assez discrète : les vieilles façades donnent du cachet à ce passage où le soleil s’engouffre aux alentours de midi, pour les chanceux qui auront la chance de s’installer soit sur leur petite terrasse estivale ou au bar, juste en face des grandes vitres qui donnent directement sur la rue. Vous pourrez également manger au sous-sol dans la deuxième salle du restaurant les jours de grande affluence. L’environnement est donc bien sympa et on peut difficilement être plus au calme. Les voitures et les touristes guidés par un type avec un micro et une pancarte semblent avoir boudé cette rue et c’est tant mieux. C’est une rue charmante comme on a envie d’en voir davantage.
Le restaurant est ouvert depuis maintenant deux ans et il est l’aboutissement de voyages, de rencontres et surtout l’expression d’une identité espagnole que l’on retrouve avec subtilité chez Iberica. Lorsque l’on passe la porte on ne peut pas deviner que nous sommes dans un restaurant espagnol : tous les symboles classico-Kitsch ont été mis au placard pour proposer un visuel simple, boisé et clair dans lequel tout le monde peut se projeter et surtout laisser place à son imagination. Le bois et les jeux d’ombres et de lumière suggèrent une ambiance de détente sans essayer d’inonder le passant dans une identité trop marquée. L’accueil est très sympa et on vous reçoit en même temps à la cool et en même temps d’une manière très professionnelle. L’accent et le mélange français/espagnol de nos hôtes nous amènent enfin en Espagne : ça y est on y est.
La première bonne impression arrive en ouvrant la carte, on y est presque habitué chez Pokaa parce que l’on vous sélectionne des restos de qualité mais celle-ci est claire, pas trop fournie et surtout diversifiée. On est déjà en confiance. Dans un premier temps on choisit naturellement de petits apéros, une sangria et un verre de vin. La proposition d’entrée est vraiment particulière et certains mots me sautent directement aux yeux. Pour aujourd’hui ce sera :
– Pan con tomate : 2,50 €
– Couteaux à l’ail et échalotes accompagnées de fèves et jambon ibérique : 8 €
– Carpaccio de poulpe vinaigrette aux agrumes : 8 €
Déjà en lisant l’intitulé on se dit grossièrement que “ça doit avoir de la gueule“, et quand les plats arrivent on fait moins les malins, ce n’est pas juste beau, c’est très très beau.
Voici les couteaux, c’est un plat méditerranéen typique. Ces crustacés on ici été très peu relevés pour garder le goût iodé et les saveurs maritimes que j’adore particulièrement. En France on a tendance à les faire simplement revenir avec de l’ail et de l’huile d’olive et de l’échalote. Ici on a également rajouté quelques copeaux de jambon Ibérique et des fèves qui ajoutent un coté fumé et de la consistance à ce plat simple mais réservé à des privilégiés car la récolte de ce petit coquillage se fait exclusivement à la main.
Que dire du Carpaccio de Poulpe… une surprise totale tant au niveau de la présentation minutieuse fraiche et colorée qu’au niveau des saveurs et de la texture. Ce plat est d’une fraicheur incroyable, les couleurs le prouvent. La bête semble encore vivante et la texture du poulpe est surprenante, je m’attendais à lutter mais il fond en bouche comme une bonne viande. Les agrumes font matcher le sel avec un zeste d’acidité. Un vrai coup de coeur.
Le Pain à la tomate est un petit accompagnement simple et efficace toujours fidèle pour se marier avec les plats. Même là, les petits détails font la différence. Il y a de la générosité dans ces petits bouts de pains de campagne qui deviennent une entrée à part entière. De plus, notre hôte nous présente une ramequin avec du sel et de l’huile d’olive, ces petites attentions et ses explications me font saliver.
On passe difficilement aux plats, comme quand tu as les yeux fermés de fatigue en fin de soirée mais que ton meilleur pote arrive avec le meilleur Gin du monde, t’es obligé de te mettre des gifles pour te réveiller. Il faut parfois être sportif. Nous choisissons un plat à la carte et une suggestion :
- Secreto iberico, pimiento del Piquillo et épinards à la catalane : 19,50 €
- Bavette au romarin, pommes de terres sautées et jambon ibérique : 22,50 €
Le secreto Iberico, pimento del Piquillo et épinards à la catalane. A première vue, il y a de la couleur dans cette assiette, les produits frais font cet effet et le rouge du piment me saute aux yeux. C’est simple mais la simplicité c’est beau. Les pommes de terre sont tendres avec une peau bien salée. Les piments sont très très doux et avec la peau enlevée ils n’ont aucune amertume et c’est délicieux. La viande quant à elle est aussi surprenante, c’est un mélange entre du boeuf et du porc, au niveau du goût bien-sûr. Le secreto Iberico est une viande de porc aussi appelée Pata Negra. Le résultat est une viande de caractère même si elle était un peu grasse, certains apprécieront d’autres un peu moins.
La bavette était tendre et juteuse, la petite sauce et le jambon Ibérique ajoutaient le coté salé qu’il pouvait manquer à la viande. Pas besoin de rajouter quoi que ce soit l’assaisonnement des pommes de terres alliées au jambon et à la petite sauce rendaient le tout savoureux. La viande aurait pu se couper à la cuillère. Le petit goût braisé de celle-ci me fait encore saliver.
Comme si on en avait besoin on décide de prendre un dessert, on avoue que le choix du dessert s’est fait des qu’on a jeté un premier coup d’oeil sur la carte ! LA CREME CATALANE ! Manger une bonne crème brulée dans un restaurant est déjà rare, mais manger une bonne crème catalane dans un restaurant à Strasbourg, c’est rarissime. Bon, alors, elle donne quoi cette crème de cataluña ?
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