L’année dernière, à l’occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, l’association étudiante avait recouvert le campus de propos sexistes tenus par des universitaires, devançant l’affaire Weinstein et les mouvements Me too et Balance ton porc avec cette action relayée dans les médias nationaux. Ce 8 mars, face à une opinion qu’elles sentent divisée par ces affaires, les membres du Collectif Copines ont choisi de sortir du milieu étudiant pour aller investir les rues de Strasbourg avec une action moins frontale, mais toute aussi impactante, sur la place des femmes dans l’Histoire.
Et pourquoi pas une femme ? C’est la question que pose la dernière action du Collectif Copines ce jeudi 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale de lutte pour des droits des femmes. Ce matin, sur la Grande Île et ses abords, les strasbourgeois ont pu découvrir sous certains des panneaux bleus qui indiquent les noms des rues d’autres écriteaux leur suggérant des personnalités féminines qui se sont illustrées dans les mêmes domaines que les hommes préférentiellement retenus par l’Histoire… Une action anecdotique ? Pas si sûr, puisque comme l’expliquent deux représentantes du collectif mixte “seulement 2% des lieux publics français sont nommés d’après des noms de femmes, alors que les femmes ne représentent pas que 2% de la population !” Ainsi, si l’action est symbolique puisque les membres de l’association ne souhaitent pas réellement faire renommer les rues visées, elle porte malgré tout une réflexion plus large sur l’invisibilisation des femmes dans l’Histoire, comme en témoigne la difficulté qu’a eu le collectif pour trouver des noms de femmes dans plusieurs domaines spécialisés : “Peu de sites recensent les femmes dans l’Histoire, on retrouve toujours les mêmes noms. Pour une Marie Curie, combien de femmes ont été oubliées dans une réécriture rétrospective du passé ?” Loin de vouloir remettre en question la place des hommes dans l’Histoire et donc l’espace public, le collectif veut simplement revendiquer le même droit pour toutes ces femmes qui y ont elles aussi contribué : “Si on extrapole, la rue, c’est le reflet de la société, et on y constate une sous-exposition manifeste des femmes. Par cette action, d’apparence légère, on ne veut pas polémiquer mais simplement faire réfléchir le tout-venant sur le ton du pourquoi pas : pourquoi pas une femme, en fait ?”
En tout ce sont plus de 40 rues strasbourgeoises qui ont été tapissées par l’association dans quatre quartiers choisis pour leur population jeune (Grande Île, Krutenau, Esplanade et République) : “À Strasbourg la plupart des noms de rues ont un fondement historique qui dépasse les notions de genre donc ce n’est pas problématique. Là où ça devient gênant c’est à l’Université, on trouve très, très peu de mention de femmes.” C’est d’ailleurs ce qui a inspiré leur action. À l’IEP de Sciences politiques il y a quelques mois, plus de 300 personnes se sont mobilisées pour nommer un futur bâtiment en hommage à Simone Veil, mais la commission a préféré imposer un énième Gutenberg…
Dans un contexte qu’elles sentent tendu sur la question du féminisme suite à l’affaire Weinstein et aux mouvements Me too et Balance ton porc les membres du collectif Copines ont ainsi préféré mener une action symbolique qui nourrit la réflexion plus qu’elle ne provoque la polémique, une riche idée dans le cadre de cette journée de sensibilisation… Le tout-venant, étudiant ou non, est d’ailleurs invité à poursuivre la discussion lors de divers événements organisés par l’association !
- Exposition “Les femmes invisibilisées dans l’Histoire”
Jusqu’à samedi 10 mars dans le hall de l’Espace Saint-George puis à la Villa Knopf et au FemFest, un festival féministe qui se déroulera en avril à Strasbourg - Table ronde avec trois youtubeuses sur les combats féministes et LGBTQI+, qui parleront entre autres de la place des femmes sur Internet et du harcèlement en ligne
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