Ils s’appellent Antoine, Laura, Amaury ou encore Marie… Ils sont strasbourgeois, ont entre 25 et 35 ans seulement et sont déjà chefs d’entreprises. Comme un peu plus d’un million de français, ces jeunes ont tenté l’aventure de l’entrepreneuriat. Tatouage, restauration, clubbing ou encore édition, ils ont créé les modèles qu’ils désespéraient de trouver dans le monde du travail actuel, pour faire rimer travail et passion, productivité et valeurs, argent et épanouissement. Un, deux, trois ans plus tard, ils reviennent sur la création de leurs entreprises respectives et sur les défis qui l’ont accompagnée, dans une start-up nation loin d’être en marche.
Laura et Amaury, 27 et 29 ans : Flore & Zéphyr, joaillerie
C’est en couple que Laura et Amaury se sont lancés en créant la joaillerie Flore & Zéphyr il y a maintenant un peu plus de deux ans. Laura, artisane joaillière formée aux métiers d’arts à l’école Boulle puis à la joaillerie grâce à un prix de perfectionnement, dans un atelier dont elle avait fini par prendre la tête, se sentait plus commerciale que créatrice et souhaitait produire ses propres créations. Diplômé d’école de commerce, Amaury avait quant à lui été déçu par son expérience dans un grand groupe d’aviation français ; il rêve d’un modèle de société éco-responsable au développement social, mais n’ose pas le verbaliser : “C’est difficile de dire aux autres qu’on est insatisfait, quand on évolue dans un milieu privilégié…” Alors ensemble depuis un an Laura et Amaury réalisent que leurs rêves se complètent et décident de les concrétiser à deux : “Ça a été notre meilleure mauvaise idée ! [rires]”
Première étape : l’argent ! Laura et Amaury n’ont pas trop de mal à trouver une banque qui les suive, puisqu’ils peuvent couvrir 30 à 50% du budget nécessaire eux-mêmes, grâce leurs économies et au soutien de leurs familles respectives. La première vraie difficulté, c’est de trouver son chemin dans les méandres de l’administration française : “Je pense que ça a changé mais à l’époque où j’ai fait mes études de commerce on nous formait plus à la gestion qu’à la création d’entreprise. J’avais une idée du processus sans connaître très précisément toutes les étapes…” Pour s’en sortir dans ce système opaque, où personne ne semble chargé de les guider, le duo décide d’investir dans un expert-comptable… Une dépense importante et malgré tout à faire d’après eux d’entrée de jeu pour éviter les erreurs coûteuses. Juridiquement l’affaire est alors lancée… Et elle met du temps à prendre. Beaucoup de temps.
“C’est bête, mais tu passes tellement de temps à développer ton projet, à le distinguer des autres modèles, que tu finis par croire que les gens t’attendent, qu’ils vont être fous quand tu vas débarquer… Et en fait ils s’en foutent ! [rires]” La première année, Laura et Amaury apprennent la patience et l’économie. Le petit plaisir devient un grand luxe, et il leur faut adapter leur mode de vie à leurs nouveaux moyens plus modestes qu’auparavant le temps d’obtenir la confiance du client, d’autant plus nécessaire que l’achat d’un bijou de qualité coûte cher : “Sans nos proches, on n’aurait pas passé la première année…” Loin de s’avouer vaincus Laura et Amaury investissent tout le temps dont ils disposent faute d’un grand nombre de commandes dans la communication. Et ça prend. Doucement au début puis plus rigoureusement au cours de leur deuxième année d’activité, si bien que Laura est désormais à temps plein et Amaury à temps partiel, ce que le couple visait.
Après une première année difficile, Laura et Amaury ont atteint le point d’équilibre, et ils créditent leur duo pour cette réussite : “On a tenu parce qu’on était ensemble, parce qu’on est complémentaires en compétences, mais pas seulement. Quand l’un des deux se sentait découragé, l’autre était là pour prendre le relai tout en le soutenant.” Aujourd’hui et même s’il reste du travail le couple se dit heureux d’avoir osé ce “saut dans le vide” qui leur a fait gagner en qualité de vie : “On a réalisé qu’on pouvait être plus heureux avec 300€ qu’avec 2000€ parce qu’on fait quelque chose qui a du sens à nos yeux. Avant, on claquait nos salaires à compenser un manque. On se connaît mieux, on sait ce qu’on veut et ce dont on est capable. Nos clients sont géniaux, on les accompagne dans les plus beaux moments de leurs vies : fiançailles, mariage, date anniversaire… Entreprendre, c’est dur, mais c’est une belle aventure. Les barrières sont plus sociales que réelles !”
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Antoine, 30 ans : La Kulture, bar électro
Si Antoine reconnaît que lui non plus n’a jamais été aussi heureux, il tempère cependant : “L’entrepreneuriat, ce n’est pas pour tout le monde.” Depuis bientôt 3 ans, Antoine est à la tête du bar électro La Kulture, un projet dont il a eu l’idée à l’aube de ses 25 ans. Aussi loin qu’il se souvienne Antoine a toujours entrepris, qu’il s’agisse de représenter sa classe comme d’organiser des sorties scolaires ou des goûters d’anniversaires… Une orientation naturelle peu surprenante, quand on sait que ses parents ont eux aussi entrepris, sans pour autant lui souhaiter le même destin : “Ils étaient d’autant moins rassurés qu’ils savaient dans quoi je m’engageais… Ils savaient que j’allais en chier ! [rires]” Et pour tout dire, Antoine en a effectivement bien chié.
Doublement diplômé en ingénierie et en commerce, le technicien-manager travaille pendant deux ans en tant que chef de projet dans un bureau d’études. Premier employé français de la société il développe à lui seul la marque sur le territoire : “Cette expérience m’a donné confiance en moi. Je me suis dit que si j’étais capable de faire ça pour un autre, je pouvais aussi le faire pour moi.” L’entrepreneuriat dans le sang, Antoine parle beaucoup de sa volonté de créer quelque chose… Si bien qu’un investisseur en a vent, et se met à sa disposition : “Je voulais faire un truc, on m’en donnait les moyens, il fallait juste que je trouve quoi. [rires] Alors j’ai pris une feuille, un stylo, je me suis posé à une table et j’ai écrit mes compétences, mes passions, mes valeurs… Et tout pointait vers un bar.”
Son projet réfléchi Antoine démissionne, formalise un business plan en deux semaines seulement, porté par sa formation initiale, et embarque rapidement plusieurs investisseurs dans son aventure… Ne reste plus qu’à obtenir le reste du budget nécessaire auprès d’une banque : “Et c’est là que l’école ne suffit plus ! On ne te prépare pas au fait que 25 banquiers vont te dire non. Il faut vraiment avoir confiance en soi et son projet !” Après 3 mois de refus, le 26ème banquier dit finalement oui avant de se rétracter car la veille, l’associé d’Antoine s’est détaché du projet. Après avoir touché au but du bout des doigts la porte se referme et Antoine traverse des mois difficiles : “J’en étais à un an de chômage, j’avais mis en péril mon couple, ma famille, ma personne… Je me sentais coupable.”
Durant cette période délicate, Antoine s’oblige à ne pas penser à son projet. Plus détendu et disponible, il croise très naturellement la route de 3 nouveaux partenaires : un disquaire, un programmateur et un barman, préfigurant La Kulture telle qu’on la connaît. La banque revient dans la course, le lieu est trouvé, les travaux sont lancés… Et ça coince encore : “À vouloir économiser, tu engages les mauvaises personnes. On m’a annoncé 5 semaines de travaux… Ça a pris 8 mois ! [rires] Finances à l’arrêt, remboursement du prêt bloqué, très bonne ambiance, et grosse leçon de gestion du stress dans la douleur… J’avais trop de trucs sur les épaules. Le costume était trop grand pour moi.” La Kulture ouvre enfin le 28 août 2015 mais il faudra 2 ans à Antoine pour assumer pleinement son rôle de patron.
“Mes associés avaient d’autres activités en parallèle, je ne voulais pas troubler la fête… La première année j’étais en mode faites-vous plaisir, ce bar il est pour vous ! [rires]” Hyper impressionné par le succès du bar et le milieu-même de la nuit qu’il découvre, Antoine met la main à la pâte, assurant le service et le ménage le temps de trouver et d’assumer son rôle de patron et les responsabilités associées : “Ça m’a apporté un sentiment de légitimité et depuis 6 mois ça y est je me sens prêt et j’arrive enfin à apprécier. J’ai mis 2 ans à gérer ces émotions, à accepter et construire mon rôle de patron. Parce que c’est un rôle. Il y a Antoine le patron qui gueule de façon hyper théâtrale sur les jeunes qui clopent dans le caveau, et il y a Antoine tout court.” Antoine qui repart en trottinette.
La Kulture : Facebook
Marie, Marlène et Maxime, 34 ans : Cercle magazine, graphisme
Amaury et Antoine l’ont dit, leur formation commerciale leur a permis de se lancer sans s’y perdre. Mais alors, est-il possible de créer sa société sans parcours en grande école ? L’aventure de Marie, Marlène et Maxime est la preuve que oui. Depuis 2013, les trois amis rassemblés par des études de graphisme sont à la tête de Cercle, magazine indépendant publié une fois par an qui fait la part belle à la création artistique contemporaine, la culture et la science. L’idée de cette publication à thème et sans publicité le trio l’a eue un soir au Luxembourg, où Maxime est parti travailler post-diplôme et où il reçoit régulièrement la visite de Marie et Marlène, graphistes indépendantes restées à Strasbourg : “Autour d’un verre de vin, en discutant de graphisme et d’édition, on s’est dit que ce serait cool de créer notre magazine à nous et on s’emballe ! Toute la nuit, on se fait un chemin de fer : il serait comme ceci, on y trouverait cela… On finit par se coucher mais au réveil on en parle encore, et au fil des jours on se renseigne vraiment.”
Sans qu’ils l’aient vraiment réalisé, l’aventure Cercle est lancée ! Le Centre national des arts plastiques offre une aide à la création de magazine ? Ils y postulent ! La demande doit être soutenue par un diffuseur s’engageant à présenter le titre dans ses points de vente ? Ils en trouvent un ! Leur candidature est néanmoins refusée ? Crowdfunding it is… Le trio trace sa route doucement mais sûrement : “On allait d’une étape à l’autre sans se poser de questions… On n’avait pas peur parce qu’on faisait ça le soir en rentrant du travail, c’était l’aventure ! Au pire ça ne donnait rien et puis tant pis.” Ça donne l’air de rien une association à but non lucratif composée de trois bénévoles, à savoir Marie, Marlène et Maxime, qui travaillent sur un magazine à thème publié une fois par an : “On n’a pas construit ce projet dans le but d’en vivre ; ça ne veut pas dire que ce n’est pas possible. Il faudrait qu’on publie mensuellement plutôt qu’annuellement, qu’on intercale du contenu publicitaire… On a choisi la liberté de rythme et de ton.”
Le seul objectif du trio, c’est d’être à l’équilibre, c’est-à-dire que les ventes du magazine couvrent ses frais de production, notamment la traduction et l’impression du titre local, qui est tiré à plus de 5.000 exemplaires et se vend en librairies spécialisées jusqu’au Japon. Si le trio de graphistes se déclare satisfait de ce modèle, qui vise la solvabilité plutôt que le bénéfice, c’est aussi parce que le magazine constitue une vitrine sur leur activité : “On reçoit beaucoup de demandes de création graphique, au point qu’on a créé Cercle Studio. Le magazine crée donc de la valeur indirectement !” Du fait de leur statut de bénévoles au sein d’une association à but non lucratif, Marie, Marlène et Maxime ne gèrent pas des budgets fous et arrivent donc à assumer seuls leur comptabilité sans être passés par une école de commerce : “On a un peu ramé sur les statuts et le droit local mais l’association Central Vapeur est d’une grande d’aide pour un faible coût. Au début on balayait un peu l’administratif sous le tapis… Ça coûte plus cher qu’un allié !”
Cercle Magazine : Site — Facebook — Instagram
Clémence, Guillaume et Noémie, 25 et 26 ans : Le Botaniste, restauration
Clémence, Guillaume et Noémie ne sortent pas non plus d’école de commerce : le trio s’est formé à la faculté des arts de l’université de Strasbourg. Ensemble, ils ont géré le bureau des étudiants de leur filière mais aussi la cafétéria du Palais universitaire, et ils rêvent d’un lieu plus ouvert que le milieu de l’art contemporain, associant un espace d’exposition et une offre de restauration saine. Cette idée en tête, ils se lancent donc avec trois apports constitués de leurs économies à l’issue de leurs études, apports auxquels s’ajoute un prêt bancaire assez facilement obtenu : “L’argent c’est le nerf de la guerre. On a choisi de commencer petit en assumant tous les travaux nous-mêmes.” Mais très vite, le trio réalise que le lieu trouvé, feu le théâtre du Kafteur, ne se prête pas bien au projet d’origine impliquant un espace d’exposition… L’endroit inspire plutôt un restaurant au groupe. Qu’à cela ne tienne Clémence, Guillaume et Noémie ouvriront un resto : “On avait commencé, il fallait finir ! [rires] On s’est adaptés sans trop se poser de questions.” Ils substituent à l’espace d’exposition une cuisine créative pour rester cohérents.
Mais alors, ouvrir un restaurant quand on n’est pas restaurateur, c’est si simple que ça ? À cette question, le trio répond plutôt oui : “C’est facile d’apprendre la réglementation en tout cas, il y a une formation pour tout : hygiène, bar, restauration… Ce qui a été prise de tête pour nous, c’est plutôt la gestion financière !” Du milieu de l’art contemporain où la pensée anticapitaliste domine, Clémence, Guillaume et Noémie ne sont pas sortis avec beaucoup de notions entrepreneuriales : ils doivent apprendre à trouver un équilibre entre leurs valeurs et la rentabilité de leur affaire, soit entre leur plaisir et celui des clients. Pour s’en sortir le trio se donne un droit, celui de ne pas être parfaits : “On essaie de communiquer notre démarche aux clients : notre volonté de proposer une cuisine créative, inspirée par le monde entier et faite avec des produits de saison, locaux et frais. Parfois en explorant on va se planter, c’est le prix à payer et les clients le comprennent bien, ça nous encourage beaucoup !”
Un peu plus d’un an après son ouverture, Le Botaniste affiche régulièrement complet. Pour autant ses fondateurs ne comptent pas se reposer sur leurs acquis : “Maintenant qu’on a globalement trouvé notre fonctionnement, on peut se concentrer à étayer le projet. On aimerait refaire la cuisine, accueillir des chefs résidents, et même lancer une distillerie-maison. Continuer à tisser le fil conducteur qu’on s’est donnés dès le début, sans quoi on se serait perdus ! C’est important d’avoir un projet plus qu’une idée…” En parallèle de ce développement commun, Clémence, Guillaume et Noémie poursuivent aussi leurs développements individuels en tant que chefs d’entreprise, une responsabilité de chaque instant pas toujours facile à assumer émotionnellement : “On est responsable de tout et de tout le monde tout le temps. C’est une charge permanente à intégrer, même si c’est très gratifiant à vivre et encore plus tous ensemble ! Le secret c’est de se rapporter au fil rouge qu’on s’est donnés, et de se faire bien conseillés sur la route.”
Le Botaniste : Site — Facebook — Instagram
Juliette, Justin et Ruby, 26, 42 et 26 ans : Compagnie Quai n°7, théâtre
“On est en crise, autant vivre mal de ce qui nous passionne !” Passionnés de théâtre depuis toujours Juliette, Justin et Ruby se sont retrouvés autour d’un projet de compagnie à l’issue de leurs études respectives, plutôt que d’attendre chez eux que le téléphone sonne avec, au bout du fil, le rôle de leur vie : “On a préféré se le donner !”
Sortie de la Haute École des Arts du Rhin avec un master en scénographie, Juliette s’avoue frustrée : “On nous forme à être des artistes-auteurs, à faire seul plutôt qu’ensemble. Moi, j’avais envie de troupe.” Elle assouvie cette envie au conservatoire de Colmar, où elle fait la rencontre de Ruby, comédienne originaire d’une petite ville à l’accès culturel restreint qui cumule les petits boulots pour mener à bien le projet professionnel qu’elle mûrit depuis ses 14 ans. Ensemble elles imaginent une compagnie qui leur permettrait de s’exprimer en tant que comédiennes mais aussi en tant qu’artistes-auteures… Et c’est en pleine réflexion qu’elles rencontrent Justin ! Comédien metteur en scène en France depuis 2003 et au Togo depuis 1997 le bonhomme s’est armé d’un master en gestion des entreprises culturelles et a déjà été impliqué dans plusieurs compagnies : “Dans notre métier ça marche mieux dans le faire ensemble ! Le jeu est un dialogue, à plusieurs on va plus loin, on est plus forts…” Les trois théâtreux se rencontrent à un carrefour : ils décident de s’associer.
La jeune compagnie s’envole, drivée par la créativité dopée à la nouveauté de ses membres qui doivent aussi composer avec une maîtrise administrative : “Pour créer une troupe, concrètement il n’y a pas de mode d’emploi. Plusieurs statuts sont possibles, tous n’impliquent pas les mêmes avantages et inconvénients… L’expérience de Justin nous a fait gagner deux à trois ans !”
“Une compagnie, c’est une entreprise culturelle : on vend du spectacle.” Au début, Juliette et Ruby ont du mal à appréhender cet autre versant de la création, même si elles s’y étaient déjà frottées au cours de leurs parcours : “Quand on a commencé les budgets qu’on soumettait aux théâtres nous semblaient énormes. Alors qu’ils ne l’étaient pas assez puisqu’ils doivent inclure temps de création, décors et costumes, transport et repas ! C’est tout un travail à faire sur sa légitimité. Il ne faut pas se dévaluer.” Soutenus dans leur démarche par l’association l’Atelier culturel, la troupe autofinance les décors de sa première création, et fait appel aux dons pour déplacer et nourrir son équipe… La pièce rencontre un franc succès grâce au soutien des partenaires culturels dans la région, et même en dehors, si bien que la compagnie présente déjà sa deuxième pièce à l’âge de deux ans seulement… Ils n’ont pas voulu attendre que le téléphone sonne et ils ont eu raison : “Même si c’est difficile, la joie est plus grande.”
Compagnie Quai n°7 : Site
Laura, 30 ans : Cheyenne, tatouage
Non seulement Laura a créé sa société sans sortir d’école de commerce, mais en plus, elle s’est insérée dans un milieu où il n’existe pas de formation réglementée, celui du tatouage. Comment se retrouve-t-on donc à intégrer ce monde de façon professionnelle ? “Grâce à des rencontres…” À l’origine, Laura s’oriente vers le graphisme. Elle intègre une école qui la déçoit un peu, s’attendant à une formation plus artistique, et se redirige vers une faculté d’arts plastiques, après quoi elle se lance en tant que graphiste indépendante : “Par un très joyeux hasard, l’une de mes premières commandes a été un projet d’édition qui m’a ramenée à l’illustration. J’avais toujours dessiné, mais comme je touchais un peu à tout à l’université, je n’avais pas vraiment pensé à en faire une spécialité !” Suite à cette révélation, Laura se met à démarcher activement le secteur, envoyant une centaine de mails pour obtenir une dizaine de réponses. Pendant trois ans, elle vit davantage des commandes de création graphique que d’illustration, le milieu étant très précaire. Et puis, au fil de ses pérégrinations sur le web et dans la vie, une rencontre en amenant une autre, Laura découvre le tatouage.
“Ça a été une révélation. Ça liait tout, la liberté de l’illustration, l’exigence du graphisme et puis, étant de nature réservée, ça me permettait un rapport doux au client.” Laura bascule dans le tatouage au gré de rencontres encourageantes… Elle voyage pour aller frapper aux portes qui l’attirent et l’intriguent, et demande à être formée : “Dans ce domaine mais aussi dans les autres je pense qu’il faut oser être curieux et poser des questions. Tout est accessible à tout le monde pour peu qu’on ose et qu’on persévère. On se crée des limites plus qu’elles existent réellement.” Après quelques années à travailler dans des boutiques tenues par d’autres tatoueurs, et forte d’une clientèle créée via son activité d’illustratrice qu’elle continue de mener en parallèle, Laura ouvre son propre tattoo shop. Familiarisée à la gestion administrative à travers ses expériences dans d’autres commerces et formée à la communication en tant que graphiste, la transition est douce, “même si on ne s’attend jamais vraiment à tout ce qui va arriver.” Quatre ans après s’être lancée, Laura est satisfaite : accompagnée par un comptable et un assistant elle réalise cinq à six tatouages par semaine avec un emploi du temps bloqué sur trois mois. Le plus dur, c’est de se poser : pour la première fois en quatre ans, elle va prendre ses premières vacances !
Cheyenne : Facebook — Instagram
Tu lis peut-être cet article parce que tu ne te sens pas à ta place dans tes études, ou dans ta boîte si tu as poussé la blague… Comme toi, ces 13 jeunes strasbourgeois ne trouvaient pas la leur, alors ils l’ont créée tout simplement. Bien sûr, ils ont payé ce désir d’une place sur mesure par un investissement hors norme… Ils n’ont jamais compté les heures, ils ont toujours réduit les frais. Ils se sont parfois sentis seuls et en ont parfois désespérés. Malgré tout, il leur a fallu faire preuve de conviction, de patience et d’organisation. Malgré tout, tous s’accordent à dire que ça vaut le coup…
Alors, tu te lances quand ?
Merci pour cet article inspirant ! J’ai moi aussi fait ce choix et je me suis lancée car je ne trouvais pas ma place dans la société à cause de ma santé (handicap), aujourd’hui après beaucoup de difficultés j’ai le métier de mes rêves et mon patron accepte mes soucis de santé car c’est moi !