Depuis des siècles, la religion régit existences, vies, comportements, actions. Des rites chamaniques et incantatoires des premiers temps de l’Humanité, il reste aujourd’hui quelques traces, dissous au sein des cinq plus grandes religions monothéistes mondiales (encore que le terme de « religion » ne soit pas forcément le plus adapté), et des diverses autres croyances.
Au sein des cultes, la musique et les chants furent, sont et resteront des vecteurs importants de leur transmission et de leur compréhension. C’est ce que propose de vous faire découvrir pendant quatre jours l’association du festival des Sacrées Journées de Strasbourg, qui organise la sixième édition de ce « festival unique en France » comme elle le proclame, voire unique en Europe.
Prenant d’assaut les différents lieux saints de Strasbourg, l’association présentera des musiciens, chanteurs et danseurs bouddhistes, chrétiens, musulmans, juifs ou hindous. La cathédrale Notre-Dame, la grande mosquée, la synagogue de la Paix ou encore la pagode Phô-Hien : tous ces lieux deviendront l’espace d’une soirée, une scène où cohabiteront trois artistes ou groupes représentant trois cultures musicales religieuses différentes.
Parmi les invités cette année, le festival réussit une nouvelle fois le tour de force d’accueillir des représentants prestigieux, et d’élargir encore un peu plus ses horizons.
Le chantre aux synagogues de Munich et de Stuttgart, Nikola David, sera présent aux côtés de l’ensemble vocal géorgien Basiani, de la chanteuse japonaise Junko Ueda, du chanteur d’opéra syrien Kinan Alzouhir ou encore de Farida Parveen, une artiste bangladaise venue présenter des chants du courant bawl (une synthèse de l’hindouisme et de l’islam). Mais ce millésime 2018 peut d’ores et déjà s’enorgueillir d’avoir réussi à attirer l’ensemble palestinien Diwan, qui sera accompagné de Firas Kazaz, muezzin de la mosquée Al Aqsa de Jérusalem (Al Quds), le troisième lieu saint de l’islam.
Peu importe que l’on soit croyant ou non, peu importe que l’on sache ajuster trois notes ou chanter « Une souris verte » correctement, l’idée de ce festival est d’entrouvrir une porte sur un monde qui vous est forcément inconnu. Ce festival est un condensé de l’Histoire de l’Humanité, un condensé réunissant peuples et croyances, terres et influences. Certes, il s’intéresse à ce que l’on qualifie couramment de « cinq plus grandes religions monothéistes mondiales », mais il nuance. Les religions ne sont pas un bloc monolithique immuable, elles ne sont qu’interprétations et constructions : les courants séfarades et ashkénazes du judaïsme ne se sont pas établis de la même manière ; ceux orthodoxes, protestants et catholiques de la chrétienté ne partagent pas les mêmes rites ; le soufisme est une vision spirituelle de l’islam.
Ainsi, au-delà de la beauté et de la fraternité que vante le festival, ce dernier possède une véritable vocation instructive. « Apprendre sans réfléchir est vain. Réfléchir sans apprendre est dangereux » exhortait Confucius. Certes la France, et plus généralement le monde occidental, se détourne petit à petit du religieux ; mais l’Europe n’est qu’une partie d’un ensemble, l’Europe elle-même connait des situations bien différentes, l’Alsace-Moselle en est l’exemple.
Le monde n’est que nuances. Alors lève-toi et marche. Va, vis et deviens.
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