Samedi 23 décembre 2017. Il est 12h, tu ne sais pas quoi acheter comme cadeau pour ton cousin Nicolas. Un mec bien avec qui tu fais la paire, Nicolas. Tu te rappelles que tu avais pris un petit coup de Schnaps cet été, ça t’avait plu, ça t’avait vidé la tête. Pourquoi ne pas lui offrir ça ? Alors tu fonces, dans quinze minutes la librairie ferme.
Car si Schnaps! te donne des ailes comme disait l’autre, c’est que cette nouvelle revue littéraire strasbourgeoise te requinque, te retape, t’offre cette façon d’aimer la littérature, une littérature populaire, aux influences américaines ou européennes. Mens sana in corpore sano comme disait l’autre. Le premier numéro de cet été donnait un coup de pied au paysage de l’édition, le deuxième te le fait prendre.
Au départ de Schnaps, il y a un groupe de strasbourgeois, un groupe d’amis qui partagent leur pain, qui partagent leurs peines. Ils sont ensembles depuis dix ans et ne se lâchent jamais. Des soirées, des études, des voyages, des soirs bourrés, des sauteries, des voyages, des éméchés de sortie. Mais d’une réflexion collective est sortie une idée constructive : jamais ils n’avaient partagé un projet, une œuvre concrète sur laquelle ils pourraient travailler.
Schnaps! c’est leur histoire : un recueil de nouvelles hétéroclites, sorte de météorite toute droit sortie des méninges de nos amis en ménage. Alors que le secteur littéraire a des allures de crise et que s’enlise la culture populaire, Schnaps est un pari auprès des jeunes générations.
Des 150 pages qui constituent ce deuxième opus, des idées jaillissent, des textes chantent. Les nouvelles couvrent tous les genres de la littérature, de la science-fiction à la nouvelle-passion, des polars aux histoires de plumards. « Ce sont des nouvelles de toutes les tailles, la revue doit accompagner les gens. J’aime bien qu’on me raconte des histoires, lire un petit peu dans le tram ou aux toilettes ». La clé est là, concevoir un objet du quotidien, qui t’attrape, t’agrippe et te sort de ta réalité l’espace d’un cours instant.
Julien, le mec qui aime bien lire dans le tram A, est le seul des huit compères à avoir touché au milieu de l’édition, à Avignon. Les autres sont professeurs, conservateurs, infographistes ou encore urbanistes. Ensemble, ils avaient envie de proposer quelque chose de nouveau, de créer du neuf authentique, de retourner vers l’objet matériel du bouquin qui se perd. Il fallait poser de nouvelles inspirations sur du papier plutôt qu’un clavier, en s’appuyant sur Internet pour faire fonctionner la recette.
Ensemble, ils sont allés chercher auteurs confirmés ou en devenir, des pointures susceptibles d’apporter un regard différent, de poser une patte grinçante sur les pages, d’accoucher de textes et d’une certaine littérature qui grattent un peu. Parmi ces pointures, Nicolas Mathieu (auteur de Aux animaux la guerre, publié chez Actes Sud) ou encore Tony O’Neill dont les éloges ne sont plus à faire.
« Généralement ce sont des gens que je lis souvent, j’étais fan de ces auteurs », alors Julien les a contacté et leur a demandé au culot, s’ils ne pouvaient écrire quelques pages pour Schnaps. « Et les gars ont acceptés, naturellement, spontanément, c’est ça qui est magique avec l’édition quand tu sors des milieux parisiens. Il y a une solidarité entre tout le monde ». Ainsi, la majorité des textes sont inédits, écrits pour Schnaps!, comme le feuilleton de Pierre Abram Sanner dont les feuilles tombent à chaque numéro. Pour les nouvelles anglo-saxonnes, la traduction est faite maison.
« On essaye d’allier une certaine exigence sans se prendre au sérieux. » Mais quant à communiquer la date de sortie du numéro 3, les Bouilleurs de prose seront incapables de te répondre, pas de deadline, pas de périodicité, pas de taille fixe de la revue.
« Je pense que c’est ce qui fait notre force » note Marie, « l’exigence de la qualité est notre priorité. On voulait créer une dynamique, publier une certaine littérature tout en l’intégrant à l’échelle locale, c’est pour ça qu’on l’a appelé Schnaps!. L’imprimeur est local, comme l’illustrateur, et on s’appuie sur le réseau des bibliothèques strasbourgeoises pour vendre ». Des ventes à Strasbourg mais pas que, grâce à des contacts dans d’autres villes, vous pouvez vous procurer Schnaps de Saint-Dié à Arles, de Rennes aux îles sous le vent en Polynésie. Le premier numéro avait fini en rupture de stock devant l’engouement, nul doute que le deuxième se vendra jusqu’à Ushuaïa.
Samedi 23 décembre 2017. Il est 13h, tu ne savais pas quoi acheter comme cadeau pour ton cousin Nicolas, un mec bien avec qui tu fais la paire, Nicolas. Tu te rappelles que tu avais pris un petit coup de Schnaps! cet été, ça t’avait plu, ça t’avait vidé la tête. Pourquoi tu lui as offert ça ? Parce que cette revue était géniale.