Il y a des jours comme ça ou tu crois que ta journée va être froide comme le parvis venteux de la cathédrale au mois de décembre. Mais parfois une rencontre pas comme les autres ou la découverte d’un lieux atypique te fait rentrer chez toi en sifflotant comme un imbécile heureux. En passant voir Vincent dans son laboratoire de curiosités, j’ai fait d’une pierre deux coups en découvrant un type passionné au coeur de son univers particulier. Cet univers , même si il a été totalement revisité (vous le verrez à travers cet article), c’est celui de la prothèse dentaire, un artisanat de passion à mon goût trop méconnu et surtout peu reconnu. Un manque de reconnaissance provenant autant du grand public que du milieu de la santé dans lequel les prothésistes essayent tant bien que mal de subsister et surtout de conserver leur indépendance.
Rencontre avec un passionné du métier qui un jour a eu une idée…
Il y a 12 ans, après une scolarité classique qualifiée de difficile (c’est pas moi qui le dit), Vincent se dirige vers une formation de CAP prothésiste, à Eschau puis à Mulhouse, bien poussé par ses parents qui voyaient en lui un jeune homme doué de ses dix doigts plutôt que doté d’une capacité à maitriser la mécanique des fluides ou la factorisation.
BINGO MON GROS
Après avoir détesté un cours instant ses parents pour l’avoir enrolé de force dans une ville pas très sexy, il se prend au jeu de la sableuse, du chalumeau, de la polisseuse et surtout de la matière et du produit fini.
Son Kiff ? Le travail du métal précieux, l’argent et l’or, il ne se doutait pas que plus tard, son savoir faire de prothésiste allié à ses passions et se hobbies allait changer la pratique de son métier et créer une véritable niche que se partagent une poignée d’artisan à travers la France.
C’est QUEWA un prothésiste dentaire déjà ?
Le métier de prothésiste dentaire consiste à créer un dispositif destiné à remplacer un organe, un membre ou une articulation, rien que ça mon pote. C’est un métier exigeant, difficile, précis dans lequel on ne compte pas ses heures. Il allie l’artisanat et l’art, et ces deux termes sont plus proches qu’il n’y parait (sans blague). Le prothésiste dentaire crée, il est un Homme de métier, l’artiste lui, exprime sa propre vision du « beau » (–>Insérer un débat constructif sur le sujet en dessous de l’article<–). Le prothésiste, lui, répond aux demandes et aux besoins des médecins qui leur commandent ce que nous pouvons appeler des « ouvrages » à destinations des patients dans le besoin. Ils manquent donc un poil d’indépendance dans leur capacité de création.
Et pourquoi faire ?
Le métier de prothésiste n’existerait pas sans un besoin, c’est un service à la personne. La prothèse a une utilité physique, morale, sociale et esthétique, pour la mobilité et/ou la dignité de la personne qui l’a porte. Souvent, le patient redécouvre son corps parfois abimé par la maladie, par un accident ou simplement par le passage du temps sur celui-ci.
Tu as besoin d’une prémolaire parce que ton samedi soir a mal tournée ? Merci la prothèse.
De la prothèse dentaire médicale à la bijouterie sur mesure.
La personnalité de chacun peut influencer et même modifier la pratique et l’exercice d’u métier. Vincent, lui, a toujours été attiré par le rap game et l’univers bling bling des clips à l’ancienne devant lesquels on s’extasiait sur MTV. Le déclic est venu en visionnant un des films cultes préféré des mecs qui n’écoutent pas en classe et qui préfèrent se rouler des barreaux de chaise entre les cours : HOW HIGH , et le fameux :
I NEED MONEY $$$
« Je l’ai vu ouvrir la bouche et j’ai vu son grillz I NEED MONEY , je me suis dit : c’est ça que je veux faire « .
Petit à petit, il a donc adapté son métier à sa passion…
Quelques réglages, un peu de précision, beaucoup de patience, un soupçon d’acharnement et BIM, la lumière fut, et elle brille cette lumière, oh oui elle brille.
Toutes les créations ICI sur l’instagram de Vincent
Après la réalisation de sa première pièce, il décide de publier la photo sur Instagram pour voir les réactions de ses potes. Au bout de quelques jours il obtient une certaine reconnaissance des ses amis du monde de la prothèse, « good job mec ». Mais la reconnaissance ultime pour Vincent c’est de montrer son travail et de diffuser ses créations dans le monde très fermé de la musique. Aussitôt dit, aussitôt fait, quelques temps plus tard, un label international et des rappeurs français, anglais et américains (que je n’ai pas le droit de nommer) le contactent et surtout s’intéressent à ses bijoux qui mettent entre 2 et 6 heures pour passer de l’atelier à la bouche de l’intéressé. Personnellement j’imagine la petite réaction de Vincent derrière son ordi, c’était déjà un peu Noël pour lui.
La réalisation d’un Grillz peut paraitre simple, c’est un petit objet brillant mais derrière le produit fini il y a de la chimie, de la mécanique, de la soudure, du dosage millimétré, du ponçage, de l’enfournage à 1000 degrés et tout un tas de processus impressionnant qui méritent d’être mis en images parce que pour être honnête, J’AI PAS TOUT COMPRIS.
Les étapes de création d’un Grillz
Tout commence par la prise d’empreinte de ses dents : Un moment un peu gênant
Sous les toits de nos villes, souvent en cachette, travaillent des artisans passionnés par leur job, par ce qu’ils créent et transforment. Ils méritent la lumière et le respect de chacun, pour changer un peu de celle des néons sous lesquels ils cravachent souvent très dur, avec acharnement, souvent sans compter leurs heures.
Retrouvez toutes les créations de Vincent ici
Du love et beaucoup d’admiration
par contre c’est des empreintes qu’il prend, pas des empruntes 🙂
et bien sur pas remboursé par la sécu !!