Alors qu’ils fêtent le nouvel an le 31 décembre 2015, Caroline et Olivier formulent un souhait : celui de partager leur passion pour les cabinets de curiosités. Et c’est ainsi que depuis bientôt deux ans, le couple que forment cette photographe de 29 ans et ce sableur de 40 ans redonne un nouveau souffle aux animaux qui n’en ont plus, en mêlant subtilement taxidermie et création. Plongée dans l’univers de ces deux passionnés passionnants à la tête de l’atelier Antiquus Corvus…
La passion du couple pour les cabinets de curiosité n’est pas nouvelle… Dans un hangar de Mutzig, entre le garage d’Olivier et l’atelier de Caroline, le duo nous accueille dans l’espace douillet qu’ils habitent avec leurs deux chats, une bonne cinquantaine de leurs créations et plusieurs centaines d’animaux naturalisés encore dans leurs boîtes. L’ensemble industriel a définitivement des allures de musée : “On adore les musées d’histoire naturelle ! Le musée zoologique de la ville de Strasbourg est magnifique… Le problème, c’est qu’on ne peut pas repartir avec les oeuvres, on ne peut pas les ramener à la maison. On a voulu changer ça.” Le soir du 31 décembre 2015, le mécanicien passionné de taxidermie depuis l’enfance et la photographe subjuguée par l’esthétique du cabinet de curiosités depuis toujours, ont l’idée d’un atelier commun, Antiquus Corvus, pour permettre aux particuliers de rentrer avec une partie de musée : “On avait déjà commencé à fabriquer des objets pour nous. On s’est dit, autant le faire pour tout le monde. C’est un univers qui attire de plus en plus de personnes alors qu’avant c’était vu comme quelque chose de bizarre et de glauque.” Armés des outils d’Olivier et des aptitudes en communication de Caroline, le couple se lance dans l’aventure de la taxidermie créative… Qui a nécessité quelques ressources et apprentissages.
Dans le garage d’Olivier, l’une de ses premières créations d’enfant (un crâne de cheval)
D’abord, il a fallu trouver des animaux naturalisés… Olivier et Caroline exploitent plusieurs canaux pour acquérir d’anciennes collections : “Il y a les sites de vente comme Le bon coin où des collectionneurs cèdent leurs doublons, et où on trouve aussi des collections entières dont des particuliers ont hérité et ne savent pas quoi faire. On a aussi des amis antiquaires qui nous en repèrent, et puis on a un fournisseur spécialisé pour les animaux exotiques qui ne sont pas protégés.” Olivier et Caroline sont très vigilants : tous les deux végétariens, ils ne conçoivent pas leur activité sans un respect total de l’animal, même décédé, et des lois qui l’encadrent. Ainsi, les animaux exotiques qu’ils utilisent proviennent de collections réduites afin de ne pas alimenter le braconnage, et ils les achètent à des prix justes : “Les animaux exotiques qu’on utilise viennent de pays dans lesquels ils sont mangés donc ça s’apparente à de la récup’, comme pour nos cadres chinés à Emmaüs, nos socles en bouchons de liège, et nos vitres dont on a trouvé un lot en liquidation. C’est responsable et ça nous permet de vendre moins cher.” Le couple tient à ses prix abordables : pour Olivier et Caroline, il n’est pas question que le cabinet de curiosités reste un sport de riches collectionneurs mais bien qu’il devienne accessible à tous les amateurs du genre.
Passée l’acquisition vient l’étape de création. Pour l’instant, Olivier et Caroline achètent des insectes, des reptiles, et des oiseaux déjà naturalisés : “On ne se sent pas encore capables de dépouiller nous-mêmes les animaux… On apprend la taxidermie par nous-mêmes, petit à petit, et on ose un peu plus chaque jour. Dernièrement on a reçu un scorpion à plat, tout dur — impossible de le redresser sans le casser ! On a trouvé en ligne qu’il fallait le mettre au congélateur quelques heures pour qu’il se ramollisse et qu’on puisse le manipuler… Bon on n’a pas encore osé… Mais on va le faire ! [rires]” Une petite pièce représente entre une heure et trois heures de travail et une pièce plus grande et/ou plus complexe peut occuper Olivier et Caroline pendant plusieurs jours d’affilée. Dernièrement, aux commandes privées reçues via les réseaux sociaux s’additionne une commande de la Mandragore, bar au cadre atypique situé près de la place Kléber, qui exposera plusieurs créations Antiquus Corvus au mois de mars dont quelques-unes seront proposées à la vente. Commandes grandissantes, prix accessibles et temps de travail étendu… Mais alors comment ça marche cette affaire ? “On a tous les deux des métiers qui payent par ailleurs, et avec le principe de récup’ on n’a pas besoin que ce soit très rentable pour le faire. Mais on ne va pas mentir ce serait génial de vivre de cette activité qui nous passionne et nous rassemble.” À la vue des créations du couple, tantôt minimalistes sous la patte de Caroline pour valoriser l’animal choisi et tantôt maximalistes sous la patte d’Olivier pour l’accompagner d’un environnement surnaturel, on n’a aucun doute sur la viabilité du projet Antiquus Corvus…
Découvrez les créations (libres comme sur commande, entre 50 et 150€ en moyenne) de l’atelier Antiquus Corvus sur Facebook et sur Instagram !