Il y a un endroit, pas loin de l’Orangerie, laissé à l’abandon. La Ville cherche à le réhabiliter. Après un appel à projet infructueux l’année dernière, les démarches ont été relancées. Certains citoyens ont décidé de s’emparer de l’opportunité.
C’est le cas de Philippe Kuhn. Ancien entrepreneur, buisness angel, rentier et membre de MaVoix et des Colibris 67. L’idée a germée quand il a su que le terrain n’avait pas trouvé de propriétaire. Une grande propriété boisée de 2 hectares, 750m2 d’anciens bâtiments dans un cadre idéal au bord de l’eau et près des institutions européennes … quoi de mieux pour réaliser un de ses rêves : créer un Oasis.
Un lieu de transition écologique, sociétale et humaine
Qu’est-ce qu’un Oasis ? C’est un lieu de vie qui peut porter plusieurs objectifs mais qui tourne autour de la transition écologique et d’un renouveau du sens de la vie en commun. En gros, un espace qui fonctionne au maximum sur des principes d’autonomie, d’échange, de partage et d’évolution vers un mode de vie durable et respectueux de l’environnement. Certains sont des zones d’habitats participatifs et écologiques. D’autres, sont des « Oasis Ressources ». Elles s’orientent entre agriculture durable et éducation/formation aux méthodes de transition écologique. C’est le cas du projet Oasis Quai Jacoutot (nom temporaire).
Le projet du collectif qui s’est formée autour de l’idée de Philippe est en constante évolution. Chacun apporte ses idées et son savoir-faire. Dans le dossier qu’ils devront déposer au plus tard le 3 août, ils proposeront à la Ville de transformer le lieu. Les conditions imposées (ne pas raser la végétation et rénover les bâtiments existants) correspondent presque parfaitement aux objectifs et l’état d’esprit du projet. L’engouement des concitoyens est essentiel pour construire et convaincre autour de l’Oasis.
« Le projet tel qu’on le présentera à la ville, résulte de ce qu’en font les citoyens qui se sont engagés jusqu’ici », explique Adeline Schwander, bénévole dans le pôle stratégie et communication du collectif et innovatrice sociale dans les projets de développement durable. « On fait des réunions pour faire connaître le projet. Ceux qui sont intéressés sont plus que les bienvenus pour nous aider et compléter ce que pourrait être le futur lieu. Par exemple, on a déjà une micro-crèche alternative et une école démocratique de rattaché à nous. Par contre, personne encore pour faire un pôle jeunesse, activités étudiantes etc. Pareil pour tout ce qui est programmation, évènementiel et architecture sur le lieu. »
Enthousiasme certain pour cet Oasis urbain
Le soir du jeudi 6 juillet se déroulait une de ces réunions au Mandala. Une trentaine de personnes, déjà engagées dans le projet comme simples curieux assistaient à la présentation par Philippe, Adeline et d’autres membres du collectif.
Pour les fans de l’Oasis, on fait confiance à l’intelligence commune. Le mode de décision sera holacratique « Il n’y a pas de chef, on prend les décisions en commun, que ça soit par vote, par consentement… » D’où le crowdfunding qu’ils ont mis en place récemment. « On cherche pas à faire tout financer par les citoyens. Impossible pour les 2 millions que vont coûter les travaux et le lancement. Cette levée de fond sert d’étude de marché pour appuyer le projet quand il sera présenté à la ville. C’est pour mesurer l’engouement des gens. Parce qu’ils y croient et qu’ils veulent ce genre de structure dans leur ville ! On a lancé des bons de souscriptions également pour ceux qui veulent acheter des parts du lieu. »
Concrètement, l’Oasis se veut harmonieux et cohérent dans son fonctionnement. Les prairies serviront à de l’agriculture en permaculture. Les fruits et les légumes récoltés seront utilisés dans le restaurant éthique. Lui-même nourrira les visiteurs et les travailleurs permanents sur place. Je pense notamment aux éducateurs et aux enfants dans la micro-crèche alternative et l’école démocratique, mais aussi aux entrepreneurs dans les espaces de coworking ou encore les artistes en résidence et les formateurs en transition écologique. Les visiteurs de partout dans le monde pourront être accueillis le temps d’une formation.
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L’Oasis se veut aussi exemplaire à tous les niveaux. « Énergétiquement, certaines toitures peuvent être équipées de panneaux photovoltaïques, mais on sait que ça ne suffira pas », admet Philippe. « On fera ce qu’on pourra. L’agriculture par exemple sera bio, sans pesticides et sans intrants extérieurs, on complétera l’offre avec des maraichers locaux. »
Le projet est directement inspiré des « Amanins », un centre agroécologique créé par Pierre Rhabi et Michel Valentin. Pierre Rhabi, personnage parfois controversé à l’origine du mouvement des Colibris fait partie des nombreux soutiens extérieurs du projet. On retrouve aussi Alexandre Jardin, ancien candidat à la présidentielle, auteur et fondateur du mouvement Bleu Blanc Zèbre ou encore Cyril Dion, le réalisateur du film Demain et également fondateur des Colibris. Au niveau du public, plusieurs centaines de citoyens ont suivi le projet sur la page Facebook en moins d’une semaine. Le collectif annonce avoir déjà récolté plus de 2500€ sur leur crowdfunding. Dernière étape cruciale avant l’officialisation, le passage du dossier à la ville. Mais le collectif est confiant. Un des concurrents pourrait être une « école Steiner » avec laquelle ils sentent une collaboration en bonne voie si jamais l’un ou l’autre venait à récupérer le lieu.
Pour en savoir plus, ou participer au projet:
Le crowdfunding
Leur page facebook
Leur site web
Super initiative !
A soutenir 🙂
Ce projet existe t’il toujours en 2022 ?