Après des années à parcourir le monde, le photographe Éric Antoine a choisi la campagne alsacienne pour développer son amour de la photographie ancienne. Armée d’une chambre photographique ultra grand format, il transfigure le quotidien en reproduisant les images extrêmement cinématographiques qui lui passent par la tête. 35 d’entre elles sont à découvrir à la galerie J-P Ritsch-Fisch (rue des Charpentiers) jusqu’au jeudi 13 juillet.
Éric Antoine photographie depuis 25 ans. La première quinzaine d’années, il se rend aux 4 coins du globe pour des photos de skate, de mode et de pub. 4500 pages et 40 couvertures de magazines plus tard, l’hyperactif ressent finalement le besoin de se poser. Il défait alors ses valises dans la quiétude d’une maison de campagne alsacienne, où il poursuit son exploration de la photographie argentique depuis 7 ans. « Toutes ces photos ont été prises chez moi, dans ma maison ou mon jardin. J’ai voulu me forcer à voir différemment le quotidien, au lieu de chercher le sensationnel autour du monde. » Volontairement isolé, il en profite pour se former en autodidacte au procédé du collodion humide. Dans sa chambre photographique ultra grand format, la lumière qui traverse les lentilles de l’objectif vient s’imprimer sur une plaque de verre recouverte d’un mélange de chimies fait-maison. « Une photo, c’est 100 kilos de matériel entre l’appareil, les objectifs du XIXème, les plaques et le labo, parce qu’il faut développer très vite. » Malgré ces contraintes, l’artiste ne se voit pas renoncer à ce procédé qui permet une précision inégalable, et même la capture d’un noir absolu. « Il y a énormément de variables à contrôler, c’est positivement angoissant. » Cette notion de contrôle revient régulièrement dans le discours du photographe : il fabrique tout de sa photo, de la prise de vue au cadre qui entoure l’objet fini, « pour ne pas dépendre d’une industrie ». L’hiver, quand les basses températures empêchent la chimie d’opérer sa magie, il dessine les photos qu’il imagine pour mieux les réaliser ensuite. Ce rythme de production, il le sait, est à l’opposé de celui de la photographie actuelle, que la technologie numérique a accéléré jusqu’au point de saturation. « Y a des gens qui consomment les 35 photos de l’expo, les centaines de pages de mon bouquin, et qui me demandent encore s’il y en a d’autres ! 35 photos, c’est déjà beaucoup. Pose-toi, regarde-la, raconte-toi une histoire. »
Pour un voyage hors du temps, rendez-vous jusqu’au 13 juillet à la galerie J-P Ritsch-Fisch située rue des Charpentiers à Strasbourg, le lundi et le samedi de 14 à 18h et du mardi au vendredi de 11 à 18h.