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J’ai (à peu près) survécu au festival de Dour…

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Jeunes fêtards dévergondés que vous êtes, vous devez déjà avoir entendu parler du festival de Dour, en Belgique.

Depuis sa première édition en 1989, l’évènement n’a cessé d’évoluer de manière exponentiel, jusqu’à recevoir le prix du meilleur festival d’Europe en 2010. Alors que Public Enemy, Johnny Halliday  ou encore Iggy Pop se partagent l’affiche en 1994 et 1996, la programmation prend du galon, s’ouvrant vers l’international, et surtout vers tous les genres musicaux, de la dub à la techno en passant par la pop, le rock, le rap, le reggae, le ska, le métal ou la drum and bass. Plus de 230 000 festivaliers présents sur 5 jours, pas loin de 280 artistes pour ambiancer tout ça…Dour, c’est la qualité, ET la quantité.

Ce 13 juillet 2016, j’ai tourné le dos à 6 années de teufs passées dans la cale du rafiot, à la Time Warp, aux Bugz Night ou aux soirées Ephémère, pour vivre l’expérience unique du DOUR FESTIVAL.

Et comme on ne jouit bien que de ce qu’on partage (big up Madame de Genlis), je vais me faire le plaisir de vous faire une petite rétrospective de mon festival…du trajet au bilan sans oublier un point hygiène…
Doc, active la machine à remonter le temps, on repart pour Dour 2k16.

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Photo : Simon Grossi

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► LA ROUTE

Après 4 h de route, la traditionnelle pause clope-essence-McDo au Luxembourg et quelques excès de vitesse, nous voyons apparaitre les premiers panneaux d’indication du festival. Mais nous devons subir une dernière halte avant d’arriver au lieu tant convoité, nos amis les douaniers. Gros bisou au passage à Mirabelle, le chien de stups qui préférait amplement concentrer son attention sur nos restes de cheeseburgers que sur le reste de la voiture. Nous sortons indemne de ce petit coup de frayeur et arrivons enfin sur le parking à minuit pétante. Trente minutes de marche jusqu’à l’entrée du festival, pas de temps à perdre, on cherchera nos tentes et nos bagages demain, pour l’instant nous n’avons qu’une préoccupation : faire la fête. (Grosse pensée à nos deux soldats qui ont lutté toute une journée pour réserver l’emplacement de notre armée sur le camping)

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► LE FESTIVAL

Mon bracelet au poignet et les portiques de sécurité passés, j’ai aussitôt été conquis par cette ambiance aux allures de paradis. Si on m’avait dit que ça ressemblait à ça, il y a belle lurette que je ne serai plus des vôtres. Des dizaines de milliers de personnes déambulant sans la moindre logique directionnelle, des « boom boom » retentissants au loin, des gens déguisés, d’autres à moitié à poil, des cris, du bruit, des chants…voilà l’atmosphère dans laquelle j’allais passer mes 4 prochains jours.

Neuf scènes sont à disposition des festivaliers, chacune ayant son ambiance musicale et son atmosphère qui lui est propre. Avec des jauges allant de 3000 à 15000 personnes, il y a La Boombox pour les sonorités hip-hop, la Red Bull Elektropedia pour l’éléctro, la Cannibal Stage pour les musiques « de sauvages » ou encore Le Labo pour les musiques expérimentales, et j’en passe et des meilleurs. En plein air, sous chapiteau ou à l’abri des arbres, quel plaisir de pouvoir toujours trouver une scène adaptée à la météo, à notre humeur du jour ou à nos gouts musicaux.

Mais la musique ne suffit pas à faire d’un festival un festival réussi, et à Dour ils l’ont bien compris. Les moyens déployés ne laissent pas en reste…des bars à n’en plus pouvoir les compter, une allée d’exposants où l’on trouve absolument tout et n’importe quoi, des stands de bouffes -des burgers à la boulangerie en passant par les kebabs ou les woks- des espaces chill à l’ombre des arbres où l’on peut boire un coup en oubliant presque qu’on est entouré de 50 000 personnes, enfin vous l’avez compris, Dour ne fait pas dans la demie mesure.

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Photo : Nico Deb

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► LE CAMPING

Si toutefois on peut appeler ça un camping. C’est une véritable ville anarchique avec ses codes, ses us et coutumes. Au camping de Dour, les faibles périssent, les forts dominent. Et croyez-moi, le « camp des alsaciens » étaient connu, reconnu et respecté à 50 m à la ronde. Imaginez-vous, une trentaine de tentes, quarante campeurs complétement barrés, 3 tonnelles, un drapeau alsacien, un autre du Racing flottants dans les airs, du son, des chants, du bruit en continu, des arrivages de packs de Jupiller chaque jour comme si on ouvrait une brasserie…Une véritable usine de la teuf, un carnaval en activité permanente.

Dans le camping, le temps n’existe plus vraiment, certains émergent quand d’autres vont s’accorder leurs deux heures de sommeil quotidiennes, on vit à la minute, selon notre condition physique, la couleur du ciel ou l’ambiance générale. Il n’y absolument aucune organisation ni aucune structure, les milliers de tentes sont disposées n’importe comment, et chaque campement essaie tant bien que mal de délimiter son espace, sans franc succès en général. Et bizarrement, on se sent bien dans ce capharnaüm, coupé du monde, sans téléphone portable et sans internet. La promiscuité humaine met fin à toute inhibition, on va vers l’autre naturellement, et on créé des liens forts qui étrangement, subsistent après le festival, et c’est putain de beau, croyez moi.

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► L’HYGIENE

HA HA HA. L’hygiène ? C’est quoi de nouveau ? Bon là je suis obligé d’être un peu trash si je veux être sincère.
Rentrons dans le vif du sujet : je n’ai pas fait caca pendant 4 jours et 4 nuits. Mais ne me jugez pas, il y a des explications. D’abord, l’état des chiottes…eh oui, quand on est  plus de 200 000 personnes à picoler comme des trous dans un même endroit, on a environ une chance sur 10000 de tomber sur un toilette disons… décent ! Je vous assure que j’ai vu des choses spectaculaires, des pyramides de merde dépassant le niveau de la cuvette, défiant les lois de la gravité, des parois tapissées…impressionnant !! (Désolé mais il fallait que vous vous rendiez compte). Ensuite, mes seuls et uniques repas sur 4 jours consistaient en 2 salades en boîte, un bout de pastèque et une boite de raviolis, la recette parfaite pour laisser son transit dans le plus grand des calmes.

Parlons des douches à présent. En réalité je ne peux pas trop vous en parler non plus, je n’en ai même pas vu la couleur. «Les douches, c’est pas festival » disaient-ils sur mon campement. Du coup c’était chacun sa technique :

  • Ne surtout rien toucher et faire passer sa crasse pour du bronzage (niveau hard)
  • Une bonne dose de monoï et on en parle plus (niveau Cihan / bisou mon gros ♥)
  • Un jerricane, une piscine gonflable et un gel douche (niveau des beaux gosses solides comme moi)
  • Une chaise de camping, une cigarette qui fait rire et 3h dans la queue pour les douches, pour les plus coquets d’entre nous (niveau anges de la télé réalité)

Encore une fois, toute est à replacer dans le contexte, entre le maquillage, les shooters de Jagger versés dans le nombril, la terre et la poussière, rester propre n’est pas spécialement essentiel.

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► MON BILAN

Dour ne se raconte pas, il se vit, et il se vit intensément. Voilà cinq jours que je suis rentré et le retour à la réalité n’est pas des plus agréable, c’est un ascenseur émotionnel qui pulvérise littéralement ton moral. Durant exactement 108 heures (soit quasiment 3 semaines de boulot), on vend son corps et son âme à la planète Dour. Sur la planète Dour, ta vie d’avant est laissée à l’entrée. Ta famille, tes habitudes, ton confort, ton comportement, tes codes et tes valeurs, ton intimité, tes goûts, ta timidité et même ta voix ne seront plus à tes côtés. Sur la planète Dour, tu rencontres pas mal de Douristes, ce sont les habitants des lieux. Ils ont un code pour s’identifier entre eux, un « DOUUUUREEEHHH » qu’ils crient plusieurs dizaines de fois par jours. Les Douristes sont sales de l’extérieur, mais tellement propres à l’intérieur, ils t’offriront des sourires à s’en casser les lèvres quand tu auras envie de pleurer, de l’énergie à n’en plus pouvoir dormir, lorsque tu faibliras, des bières fraiches et des raviolis tièdes quand tu n’auras plus rien à boire ou à manger. Ils te tendront la main pour aller danser, une épaule sur laquelle t’appuyer quand tu auras trop picolé. A leurs côtés, tu découvriras le partage, le respect, la joie comme tu ne l’a jamais connu. Puis  à ton tour tu t’ouvriras, à des sonorités que tu avais jusqu’ici ignoré, à des Douristes qu’habituellement tu n’aurais même pas regardé, trop fermé sur ton petit monde et ta petite vie. Tu ouvriras grand tes yeux ainsi que tes oreilles, puis tu verras toutes ces couleurs, toutes ces formes, tout cet amour, tu entendras tous ces rires, toute cette musique. Puis tu sentiras ton cœur frapper dans ta poitrine. A cet instant, tu prendras une énorme bouffée d’air à t’en faire gonfler le torse, tu sentiras alors ce frisson te parcourir le corps du bas du dos jusqu’en haut de la nuque, et là, tu seras sur la planète Dour, et je ne serai pas loin. Dour, Douristes, je vous aime, merci, et à l’année prochaine.

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Photo : L’écumeur Numéro 10
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Photo : Simon Grossi
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Photo : Simon Grossi

experience-dour-festival-pokaa29experience-dour-festival-pokaa16experience-dour-festival-pokaa14experience-dour-festival-pokaa[/vc_column_text][vc_column_text]Crédits photos : Un peu le festival et beaucoup d’amis douristes.[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]

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