17 kilomètres, plus de 830 mètres de dénivelé positif et 7h de marche. À chaque fois que je regarde les itinéraires passant par les crêtes vosgiennes, le circuit des quatre lacs me fait de l’œil autant qu’il m’intimide. Deux lacs ok. Trois, passe encore. Mais tous, sur une journée, n’est-ce pas avoir les yeux plus gros que les pieds ? Profitant d’une fin saison bien musclée, je me suis finalement lancée, sans regrets. Récit d’une journée sportive avec vue, à 1h30 de Strasbourg en voiture.
Il existe plusieurs trajets pour relier les quatre lacs vosgiens en une journée. Celui que j’ai choisi débute au Lac blanc, à 1055 mètres d’altitude, non loin d’Orbey. Je gare la voiture sur le parking voisin à 9h30, prête pour les 7h de marche annoncées par Visorando. La rando y est l’une des rares classées comme étant difficiles en Alsace.
Elle commence d’ailleurs avec une belle ascension en direction du Rocher Hans. Cette saillie rocheuse coiffée d’une statue de la vierge culmine à 1144 mètres d’altitude. Le sentier nous emmène encore plus haut et offre une vue magnifique sur le lac et la vallée avoisinants.
Sportive, cette première ascension se fait sur un chemin très pierreux. Par moment, il faut gravir de gros blocs en s’aidant de la rambarde métallique fichée sur le côté, dans la pierre, ou emprunter des escaliers qui peuvent sembler escarpés. Je tendrais donc à déconseiller cet itinéraire par temps de pluie aux randonneurs non avertis. Ou à celles et ceux qui ont facilement le vertige.
Au marcheur ou à la marcheuse en pleine forme, il faut une bonne demi-heure pour venir à bout de cette ascension et franchir la crête séparant le lac blanc du lac noir. Petit arrêt à l’observatoire Belmont, à 1229 mètres d’altitude. Occupé par le 11e régiment de Chasseurs Alpins pendant la guerre 14-18, il a été baptisé ainsi en l’honneur d’un capitaine mort au combat en décembre 1915.
Dénivelé partout, justice nulle part
Le sentier descend ensuite en continu vers le Lac noir, à 955 mètres d’altitude. Vous l’aurez compris : cette randonnée n’est pas avare en dénivelé. Positif ou négatif. Et le plus dur des deux n’est pas forcément celui qu’on s’imagine – reposez en paix, genoux, fesses et hanches martyrisées par les pentes.
Au Lac noir, le chemin longe un moment les eaux avant de s’élever légèrement en direction du lac Forlet, aussi appelé Lac des truites. L’ascension reste cependant douce et progressive : l’occasion de récupérer un peu. Au plan d’eau suivant – 1061 mètres – on remonte à nouveau sur de beaux sentiers avec vue sur les crêtes et les sommets.
Il est environ 13h et la faim se fait sentir. Cela tombe bien puisque j’arrive en vue du Chalet Erichson. Tenu par des bénévoles du Club vosgien, il est ouvert à tous les randonneurs, tous les jours, du 1ᵉʳ mai à la fin du mois d’août.
On peut y commander des planchettes et d’énormes et délicieuses parts de tartes faites maison ou s’y désaltérer grâce à la buvette. Mais il est également possible d’y manger un repas tiré du sac en profitant de la vue sur la vallée de Munster.
Sur le chemin des crêtes
Retour sur le sentier. En 20 minutes de marche, j’arrive au Lac vert – 1044 mètres d’altitude – au pied des falaises du gazon du Faing. Et… je fanfaronne un peu. « Le quatrième plan d’eau ? Déjà ? Il ne faut pas sept heures pour la faire cette rando ! » Naïve que je suis.
Dressant sa silhouette menaçante au-dessus des pins sombres qui donnent sa couleur au lac en temps normal – au moment de mon passage, cela semble plutôt être les algues du fait de la chaleur – la crête m’attend sereinement.
Car c’est ici que l’ascension la plus douloureuse commence pour arriver sur le GR5, à plus de 1 200 mètres. Après avoir fait le tour du lac vert, il faut emprunter un sentier balisé chevalet jaune – et être attentif car il est facile à manquer. D’abord, la pente est correcte et l’on se prend à penser qu’on arrivera rapidement au sommet. C’est sans compter sur les 300 derniers mètres, bien raides.
Sous le couvert des arbres, la chaleur caniculaire se fait plus humide et l’effort, plus pénible. Mais une demi-heure plus tard, j’arrive enfin au parking du Dreieck, prête à gravir les pentes douces menant au Gazon du Faing. C’est la dernière partie du circuit, mais aussi la plus longue. La vue y est superbe, mais la fatigue commence à se faire sentir dans les jambes.
Environ 7 kms plus loin, peu avant le col du calvaire, il faut emprunter le circuit panoramique du Lac Blanc pour redescendre sur ses berges. Attention cependant, le sentier Freppel est plein de pierres et de racines par endroits. Et ce qui se fait aisément lorsqu’on est en pleine forme, en début de parcours, peut prendre du temps après sept heures de marche.
Arrivée au parking aux environs de 17h. La lumière rasante de la fin d’après midi fait scintiller les eaux du lac et je prends cette fois-ci le temps de regarder le rocher Hans d’en bas. Voilà, c’est fait. Les quatre lacs en une fois.
Concentrée sur les itinéraires et l’effort, je regrette de ne pas avoir pris plus de temps pour admirer les paysages et les vues. Mais c’est sans aucun doute à refaire. En semaine, pour profiter de sentiers moins fréquentés. Et peut-être au printemps ou à l’automne, pour avoir moins chaud.