Aujourd’hui 23 novembre 2022, c’est le 77e anniversaire de la libération de Strasbourg du joug nazi. Pour l’occasion, on vous emmène faire un bond dans le passé afin de revivre ce jour particulier où le drapeau tricolore a remplacé la croix gammée sur la flèche de la cathédrale. Et pour cela, rien de tel que de s’appuyer sur les symboles encore visibles aujourd’hui aux quatre coins de la ville et qu’on aperçoit tous les jours : noms de rues, monuments, stèles, etc.
Pour comprendre l’époque, il faut remonter jusqu’en 1939. Le 3 septembre exactement. La France déclare la guerre au IIIe Reich allemand. Deux jours avant, ordre avait été donné à tous les civils strasbourgeois d’évacuer la ville pour être transportés dans le sud-ouest, loin du front. Cet exil forcé dura près d’un an. Mais lorsque la majeure partie des Strasbourgeois regagnèrent leur chère ville, c’est un drapeau à croix gammée qui les accueillit.
Car entre-temps, l’armistice du 22 juin 1940 avait acté l’annexion de fait de l’Alsace-Moselle au Reich. S’en suivit une politique d’assimilation voire de nazification de la ville. Un exemple symbolique tout simple : la place Broglie fut rebaptisée Adolf Hitler Platz, un autre beaucoup plus cruel et traumatisant : l’incorporation de forces de jeunes strasbourgeois, les « malgré-nous » dans la Wehrmacht à partir de 1942.
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En outre, la ville subit de nombreux bombardements durant tout le conflit. Les deux derniers effectués par l’armée américaine les 11 août et 25 septembre 1944 firent beaucoup de victimes et de dégâts. On oublie souvent que les Alliés firent aussi des victimes civiles. La guerre frappe de tous côtés. Exil, occupation et bombardements, le quotidien des Strasbourgeois fut donc difficile durant ces cinq années… jusqu’à ce jour de novembre 1944.
L’obélisque Leclerc
Situé place Broglie, pile dans l’axe de l’Opéra, parfois au beau milieu des manèges scintillants ou des cabanes du marché de Noël, cet obélisque construit en 1951 par le sculpteur Georges Saupique est immanquable. Mais que commémore-t-il au juste ? Pour le savoir, il suffit de s’approcher un peu. On y distingue le général Leclerc, « libérateur de Strasbourg le XXIII novembre MCMXLIV », entouré de deux figures féminines ailées, allégories de la Victoire.
Ce monument rend donc gloire à celui qui a mené les premières troupes qui sont entrées dans Strasbourg le 23 novembre 1944. C’est lui qui, dès le 2 mars 1941, à l’issue de la bataille victorieuse des Français face aux Italiens à Koufra (Libye), avait prononcé devant ses hommes ces mots devenus si célèbres : « Jurez de ne déposer les armes, que le jour où nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg ». C’est ce qu’on appelle le Serment de Koufra.
Les rues de la division Leclerc et de la 1ère armée et la place du maréchal De Lattre de Tassigny
Parler du général Leclerc nous emmène directement vers une rue bien connue de Strasbourg : la rue de la division Leclerc. Ce qui nous intéresse ici, ce n’est pas tellement ses arcades mais bien plutôt son nom. On l’a dit, Leclerc est le premier à avoir pénétré dans Strasbourg avec les hommes de sa division. Cette division surnommée « division Leclerc » est en général plus connue sous son nom officiel de 2ème DB (Division Blindée).
© Archives de Strasbourg)
Si l’on descend la rue jusqu’au pont Saint-Nicolas et qu’on traverse l’Ill, on arrive alors dans la rue de la 1ère Armée. Ce qui en soit est assez logique puisque la division Leclerc, après avoir fait partie de l’armée américaine jusqu’à la libération de Strasbourg, fut intégrée à la 1ère Armée française placée sous le commandement du célèbre général De Lattre de Tassigny. Un nom qui nous renvoie directement au niveau de la salle de la Bourse qui marque le terminus de la rue avec la place : du maréchal De Lattre de Tassigny. Eh oui tout se tient.
Tous ces noms ont pu être donnés à des rues nouvelles car elles furent créées après la guerre dans le cadre de la Grande Percée dont on vous parlait ici.
La bataille de Strasbourg
En véritable fer de lance de l’armée alliée, la 2e DB avait débarqué en Normandie, pris part aux combats de la libération de Paris puis traversé les Vosges, en étant victorieuse à Dompaire et Baccarat. Restait à pénétrer en Alsace. Le plan de Leclerc fut audacieux. Au lieu de contourner les Vosges par le large au nord, il lança sa division à travers le massif compliqué de Dabo. Ses chars débouchèrent alors à toute berzingue par la trouée de Saverne pour fondre sur Strasbourg – effet de surprise garanti ! On dit même que Vaterrodt, le commandant allemand de Strasbourg, sirotait tranquillou son café au Kaiserpalast (Palais du Rhin) quand il vit les premiers chars français débouler.
Dans le temps pluvieux et froid de ce matin de novembre, à l’heure H de 7h15, c’est donc cinq colonnes de chars qui se lancèrent à l’assaut de Strasbourg. En tête de file au nord, le char « Évreux » (oui les chars aussi ont des petits noms) et ses suiveurs en furie avalèrent les 35 derniers kilomètres qui les séparaient de Strasbourg en enfonçant toutes les résistances. Ce seront les premiers à pénétrer dans la ville via Schiltigheim et la place de Haguenau. Parmi ces chars, il y a notamment le « Cherbourg », au sein duquel l’ambiance est particulière. En effet, le chef de char s’appelle Albert Zimmer et il habite… La Wantzenau. Il le sait, il va pouvoir dormir chez ses parents ce soir ; il ne les a pas revus depuis plus de quatre ans. Mais avant cela, il veut être en première ligne pour libérer sa ville.
Dans un half-track juste à coté se trouve un autre Strasbourgeois intrépide et qui, en plus, n’est même pas soldat : c’est Robert Fleig, un résistant qui a décidé d’aider l’armée française en lui livrant des informations sur les défenses allemandes. Mais cela ne lui suffit pas, alors qu’il a mis sa femme et ses deux filles en sécurité à Brumath, il décide de participer physiquement à l’assaut afin de guider les chars dans la ville. Quelques autres Strasbourgeois faisaient partie de la 2ème DB, tels Edgar Braun, Marcel Christen et son char le « Hartmannswillerkopf » qui chargea au mépris du danger par Illkirch, ou encore Albert Jung qui mourut malheureusement dans les bras du père Houchet, l’aumônier de la division. Un soldat : Zimmer, un résistant : Fleig, un missionnaire : Houchet. Au fil de la journée, tous les trois vont payer leur engagement de leur vie mais leur souvenir ne sera pas oublié.
Pour le moment l’assaut est fantastique. À 9h25, les chars déboulent rue du Faubourg de Pierre. Côté allemand, la surprise est totale, comment les Français ont-ils fait pour aller si vite ? Le message codé devenu célèbre est lancé : « Tissu est dans Iode », Tissu étant le nom de code de la colonne de chars du lieutenant-colonel Rouvillois et Iode celui de Strasbourg. Ailleurs autour de la ville, les combats commencent à s’intensifier et l’élan bute sur les forts Foch, Kléber, Joffre et Pétain, dispatchés autour de Strasbourg. Dans la ville, les 16 000 Allemands commencent également à reprendre leur esprit. La bataille de Strasbourg débute vraiment.
La colonne Rouvillois remonte alors les rues du Faubourg de Pierre, de la nuée Bleue et du Dôme avant de déboucher devant la cathédrale. Imaginez ces chars dans le lacis tortueux des petites rues strasbourgeoises. À 14h30 le drapeau tricolore flotte sur la flèche de la cathédrale. Le serment de Koufra est tenu !
La plaque qui rappelle l’histoire du drapeau tricolore, place Saint-Étienne
L’histoire du drapeau tricolore qui va flotter sur la flèche de la cathédrale est assez cocasse. Quelques minutes auparavant, des Spahis marocains de la 2e DB prennent position sur la place Saint-Étienne. De là, on aperçoit justement, pile dans l’axe de la rue des Frères, la flèche. Y voir un drapeau tricolore flotter serait un symbole fort. Problème : personne ne se trimbale avec un drapeau dans son char. Comment faire ? On questionne les habitants du quartier. Madame Lorentz, la femme du charcutier a alors une idée : elle déchire un bout de sa robe : hop voilà le blanc. Puis découpe un bout de drap de lit : hop voilà le bleu. Bon reste à trouver le rouge. Son regard croise un drapeau nazi à une fenêtre : et hop voilà le rouge. Un manche à balai en guise de hampe et le tour est joué.
Ne reste plus qu’à le monter là-haut. Une mission presque aussi périlleuse que de se battre en char. C’est un certain Maurice Lebrun, lui-mème Spahi, qui s’y colle et qui réussit brillamment.
Zimmer / Fleig / Houchet : trois monuments symboliques, route du Rhin
Mais l’objectif ne s’arrête pas à la cathédrale. C’est Kehl qu’il s’agit de prendre dans la foulée. Les chars traversent alors la place de l’Etoile et s’engagent dans Neudorf en direction du Rhin. Les combats pour le pont de Kehl seront les plus âpres et meurtriers. Alors que le Rhin est en vue, c’est donc ce natif de la Wantzenau de 22 ans, Albert Zimmer, et son char « Cherbourg » qui prennent la tête de la colonne pour franchir le fleuve en premier. Il est 16h. Depuis la tourelle de son char, Zimmer aperçoit la rive du Rhin lorsqu’un tire de lance-roquette allemand part du dernier immeuble de la rue. C’en est fini. Le rêve est brisé. C’est autre char, identique (le sien ayant brûlé) que l’on peut encore voir aujourd’hui le long de la route du Rhin, comme un rappel de son sacrifice pour la libération de sa patrie.
Dans le même temps, le résistant strasbourgeois Robert Fleig qui guidait les chars depuis sa Jeep est aussi mortellement touché par une rafale de mitrailleuse. Puis c’est l’aumônier de la division, le père Jean-Baptiste Houchet qui est lui aussi abattu. Trois figures symboliques des combats pour la libération de Strasbourg, trois figures symboliques parmi la centaine de soldats qu’a perdu la 2ème DB durant cette journée fatidique. Un soldat, un résistant, un aumônier.
Outre le char qui commémore le sacrifice d’Albert Zimmer, deux stèles à ses côtés honorent donc la mémoire de Robert Fleig et celle du révérend père Jean-Baptiste Houchet. Tout à côté se trouve également une borne, qu’on appelle « borne du serment de Koufra » qui rappelle « la voie » parcourue par la 2ème DB depuis son débarquement le 1er août 1944 à Saint-Martin-de-Varreville en Normandie. Celle-ci est la dernière, elle marque l’aboutissement d’un itinéraire qui a libéré la France d’ouest en est en moins de 4 mois !
Rue de Molsheim, bien loin du pont de Kehl, une autre plaque rappelle que les combats ont eu lieu dans tous les quartiers de Strasbourg. Cette plaque, apposée au devant de la grande Gendarmerie, commémore la mémoire de deux soldats originaires du Pays Basque, membres du char « Champs Élysées » : le caporal Henri Etchegaray, pâtissier de son état, et Joseph Garïcoix, instituteur, tombés à cet endroit sous le feu ennemi. En effet, une troupe de soldats allemands s’était cloîtrée dans la caserne des gardes mobiles (à l’emplacement de l’actuel hôtel du département) et les combats furent rudes. Malheureusement des soldats allemands armés de lance-roquettes parvinrent à s’approcher du char pour le mettre hors d’état de nuire. Le Pays Basque / l’Alsace. Du sud-ouest au nord-est, l’élan patriotique était le même.
La plaque en mémoire des soldats américains, dans la cathédrale
Si on loue l’audace française qui a permis la libération de Strasbourg, il ne faut pas oublier l’appui américain. Outre que tout l’équipement venait des États-Unis (chars Sherman, Jeeps, etc), la percée de Leclerc fut aussi permise par les intenses combats menés par les divisions américaines dans les Vosges à la même époque. C’est d’ailleurs l’armée américaine qui pris la relève de la 2ème DB à Strasbourg et qui termina les opérations de nettoyage de la ville, en éliminant notamment la tête de pont subsistant autour du Port du Rhin où quelques poignées d’Allemands tentaient encore de résister
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Et après ?
Il s’en est fallu de peu qu’après cette libération éclatante, Strasbourg retombe aux mains des Allemands. En effet, les Américains, pour qui seule Berlin comptait, décidèrent de pénétrer en Allemagne plus au nord. Le sort de Strasbourg leur importait assez peu finalement. Ainsi au moment de l’opération Nordwind, la dernière grande contre-offensive allemande dans les Ardennes et en Alsace en janvier 1945, il fallut toute l’opiniâtreté de De Gaulle pour refuser l’abandon de Strasbourg. Sa défense fut de nouveau confiée à des forces françaises (quelques éléments de la 1ère armée, des FFI, la brigade Alsace-Lorraine).
À nouveau sauvée, Strasbourg pu enfin accueillir De Gaulle qui déclara ces mots : « Je ne crois pas qu’aucun morceau de la France, si blessé, si mutilé qu’il ait été par les événements, ait été plus durement traité que la chère Alsace et, en particulier, le très cher Strasbourg. » La guerre n’en était pas finie pour autant et la vie normale ne reprit que plusieurs mois plus tard, l’Alsace n’étant totalement libérée que le 19 mars 1945.
Oui tout cela à réveillé de vieux souvenir.
Mais il manque la photo de Mamie à côté du maréchal de Lattre de Tassigny sur la place Kleber
Vous écrivez des rédactions d’histoire maintenant ? « Introduction » « conclusion », j’ai l’impression de relire une copie d’étudiant…. Soignez votre titraille s’il vous plaît !
Roland DOYEN était le second libérateur de Strasbourg après avoir pris le commandement de la 1ère Armée jusqu”à NANDAU, ,devenu le QG en Allemagne; Doyen restant en contre offensive,tandis que le roi Jean poursuivit Hitler au Nid D’Aigle.
Delattre de Tassigny, accompagné depuis l’embarquement de Provence, en tenue coloniale partagée au fronton du bâteau par Roland DOYEN ceint de lunettes d’approche pendu à son cou, qu’il remis( celles-çi), à la vision des Panthers, entendu depuis l’aube jusqu’à 15 h, à son général,après la levée de la brume ;et,qui à sa vue s’écria :”Putain de D.ieu,il y en a pour 40 (quarante ans de guerre) tout en tremblottant,réconforté par ses soldats proches lui offrant café et cigarette…il perdit le contrôle que pris tout de suite Doyen en lançant une nouvelle fois une salve contre les assaillants.Les américains lui donnèrent le commandement de la 2ème DB du général Leclerc de Hauteclocq et un corps d’armée américain pour réduire la poche de Colmar…Et durent peut-être à ce moment l’élever au garde de général des Armées…grade qu’il obtenu mais fut refusé par le plus Grand que son Ombre!Alors qu’il était encore sous le coup de sa condamnation par contumance.
Roland DOYEN était seul commandant la 1ère Armée,de la 2ème DB et d’une division américaine donnéee par le général Devers…pour défendre Strasbourg et défaire la pôche de Colmar : le roi Jean étant soit disant gravement malade et allité!…
Roland DOYEN était seul commandant la 1ère Armée,de la 2ème DB et d’une division américaine donnéee par le général Devers…pour défendre Strasbourg et défaire la poche de Colmar : le roi Jean étant soit disant gravement malade et allité!…N° 102 du 27 mars 1945, concernant les combats devant Wittelsheim (20-24 janvier 1945) et la cité de Grassaegerste et ses lisières Nord et Ouest,Fernand Petermann,nommé Maréchal des Logis-chef le 1er septembre, participe à la progression du régiment jusqu’à GERMERSHEIM, où il passe le RHIN le 1er avril 1945. Il est promu au grade d’adjudant ce même jour par Roland DOYEN,son cousin généalogique, lorrain par alliances.