Parce que Strasbourg regorge de sports confidentiels, insolites et passionnants, Pokaa lance une nouvelle série de découverte des sports méconnus à Strasbourg. Aujourd’hui découverte du trollball et de l’escrime ludique. Petite plongée dans l’association des Enfants Terribles, où j’ai pu assister à un entraînement d’escrime ludique, entre armes en mousse et latex, combats et bonne humeur.
Note de l’auteur : Si vous souhaitez relire le portrait des cheerleaders du Minotaure, le lien est ici.
Note de l’auteur 2 : Merci aux Enfants Terribles pour les photos
Petite présentation du trollball et de l’escrime ludique
Il fait beau ce mardi 28 mais quand je me rends au Centre socioculturel du Marais de Schiltigheim. Le but ? Rencontrer l’association des Enfants Terribles, qui pratique le trollball.
Alors premièrement, qu’est-ce que le trollball ? Pour répondre à mes interrogations, j’ai pu discuter avec Julie Garçon, présidente de l’association. « Le trollball mélange escrime ludique et football américain. Vous avez deux équipes de cinq qui s’affrontent, et le but est de mettre la tête de troll – une balle avec des pics – dans le puits adverse, ce qui rapporte deux points. Si vous la plaquez à côté du puits c’est un point et si vous éliminez l’équipe adverse avant, c’est un point aussi. On les élimine soit par touche, soit en atteignant un certain nombre de points défini : soit 10 points, soit sur un laps de temps imparti. »
Ce mardi soir, c’était de l’escrime ludique qui était au menu. Et comme j’aime poser les questions qui fâchent, qu’est-ce que l’escrime ludique ? « Pour l’escrime ludique, c’est presque pareil que l’escrime sauf qu’il y a certaines choses que l’on ne pratique pas, comme l’estoc – le fait de piquer une personne – et nous nous battons différemment : épées, boucliers, doubles épées, lances, bâtons… C’est une partie du trollball, c’est de la préparation, on s’entraîne à apprendre et parer certains coups correctement pour éviter de faire mal à l’adversaire en face. L’escrime ludique nous sert pour le trollball mais aussi pour partir en GN, en grandeur nature. »
Des exercices d’échauffement dans la joie et la bonne humeur
Ils sont treize ce soir au Centre socioculturel du Marais. Alors que je parle à Julie, les autres font du renforcement musculaire. Pompes, planches, sur le côté… ils passent par toutes les joyeusetés. Mais l’ambiance ne redescend pas : tout le monde rigole et parle, dans une jolie atmosphère de groupe.
Julie me parle d’ailleurs de l’entraînement : « On commence par les échauffements, où on court, après on fait les étirements, on part des pieds jusqu’à la tête. Puis on fait du renforcement musculaire : on fait des pompes, de différentes manières, la chaise pour les jambes et beaucoup de gainage : pour les bras, le dos, tout le reste. Ensuite on commence par des jeux comme l’épervier, un jeu assez connu chez les enfants dans les cours de récré. Nous on le fait avec des épées. Un épervier a une épée : s’il nous touche on devient épervier, si on le touche il n’a pas le droit d’attaquer pour ce tour-ci et on reprend. »
Justement, on passe au jeu de l’épervier : les armes sont assez impressionnantes, même si c’est en mousse et en latex. Ça commence doucement à se taper dessus, les coups font mal et dès que ça part un peu trop fort on s’excuse. Ambiance très fair-play, dans l’esprit de ce sport : « Chez nous on pratique toujours dans la joie et dans la bonne humeur, on est toujours prêt à rigoler. Du coup le mental suit toujours. Pour le trollball, il faut aussi être fair-play et prendre pour soi : si on n’est pas sûr que qqn nous a touché, il faut mieux se retirer que contester et râler. Ça donnera toujours une meilleure ambiance et un meilleur jeu ensuite. »
Répétition, mère de tous les succès
On passe ensuite au jeu du ping-pong : loin du jeu bien connu de raquettes, c’est un entrainement entre deux partenaires. L’un attaque, l’autre riposte puis contre-attaque et ainsi de suite. C’est assez physique, les souffles se font un peu plus courts. Beaucoup de pauses boissons. Matthieu, l’entraîneur, passe entre les groupes, les conseille, leur parle technique, feintes et parades.
On s’échange des conseils entre partenaires. On répète également inlassablement les mêmes mouvements pour les perfectionner. Cette répétition est primordiale selon Julie : « Au trollball, il faut beaucoup de travail sur soi-même, de gestes à répéter, le fait de travailler plusieurs fois la même manière de toucher quelqu’un c’est pas forcément acquis. Il peut y avoir des accidents, comme la tête qui est interdite chez nous – en France, ndlr – alors qu’en Belgique non. Et ça arrive encore que, malgré le fait que certains aient plus d’expérience, l’on touche encore la tête. Comme les débutants ont tendance à se baisser pour taper, c’est ce qui emmène certains accidents : j’ai déjà eu dans la tête, dans le nez et dans l’œil. Donc c’est l’expérience, et ça s’apprend en répétant. »
Un point de vue tactique et technique
Puis vient le temps des cathédrales du 3 contre 3. On forme quatre groupes et deux groupes s’affrontent. Leur but ? Sortir tous les membres de la même équipe. Ça s’écharpe bien, on compte les points, toujours dans la bonne humeur et le respect des autres. Une motivation supplémentaire selon Julie : « Moi c’est surtout que j’adore me battre à l’épée et au bouclier (rires). Et puis l’avantage qu’il y a c’est que la plupart des gens sont de très bons bretteurs, des gens qui aiment se battre à l’épée. Du coup ils ne font pas mal, ils font attention. Malgré que ce soient des épées en mousse et en latex, si on tape trop fort, ça peut faire mal. »
Viennent ensuite des exercices de déplacement, un peu dans la même veine que ceux du sabre laser : une personne attaque, une personne défend. Ce n’est pas toujours facile de bien se coordonner, mais on continue à répéter les mêmes gestes, de façon à ce que cela rentre bien. Enfin, et sans doute le moment le plus intéressant pour quelqu’un comme moi qui ne connaissait pas le sport : on fait du deux contre deux, et on débriefe à la fin du combat. On se donne des conseils tactiques : avec une lance, il vaut mieux attaquer, il vaut mieux varier ses mouvements et ne pas répéter ses patterns trop souvent de manière à casser les habitudes et le rythme de son adversaire. En définitive, toujours s’adapter.
« Venir pour l’ambiance et rester pour le sport »
La séance a débuté à 20h, elle se finit à 22h. L’humeur n’a pas changé, les têtes sont juste rougies par les efforts. Tout le monde est heureux, une belle bande de copains. Ce qui a attiré Julie : « Ce qui m’attire c’est de pouvoir se retrouver avec les copains, parce que c’est toujours de très bons délires, le fait de s’habiller en tenue médiévale pour l’occasion, parce que cela représente quelque chose de différent de d’habitude et le fait de se battre avec une arme différente de d’habitude et les copains qui réagissent exactement de la même manière. »
Pour ceux qui le souhaitent, c’est donc possible de se prendre pour un mage ou un chevalier : « On apprend à contrôler ces armes-là, tout ce qui est bâton, double arme, c’est le genre de choses que l’on ne pratique pas dans la vie de tous les jours. » En somme, on vient pour l’ambiance et l’univers, et on finit par rester pour le sport : « Moi je le conseille à tout le monde parce que personnellement j’ai appris à connaître ce sport par un ami. J’étais un peu perplexe pour le coup ; je m’étais dit « ce ne sont que des geeks qui veulent s’amuser » et en fait je me suis rendu compte que ça n’avait rien à voir. Comme ce sont des personnes sérieuses elles donnent envie d’avancer et de prendre du niveau pour s’améliorer et les battre. Il y a une espèce de challenge qui se forme, le tout dans la joie et dans la bonne humeur dans cet esprit de camaraderie. Je viens toujours pour l’ambiance et je reste pour le sport. »
Si vous êtes intéressés par l’escrime ludique et/ou le trollball, voici le lien vers la page Facebook des Enfants Terribles.