Hier soir, l’Espace Django proposait pour la seconde édition, un « concert caché » dans un lieu original et surprenant. Le concept est simple : tu achètes un billet en ignorant tout de l’endroit où le concert aura lieu, ainsi que de l’artiste qui s’y produira. Si l’idée peut ne pas plaire aux plus frileux et poser la question du : « Oui mais si je n’aime pas ? », nous avons été nombreux à avoir été conquis par le concept, qui par son originalité provoque une curiosité et une excitation enfantine. Le concert caché d’hier soir affichait donc sans surprise complet, et nous avons eu la chance d’y participer.
C’est à l’Espace Django que le rendez-vous a été donné à 20 h pétantes. Le hall rempli de personnes de 20 à 65 ans déplacées spécialement pour l’occasion, résonnait aux sons de discussions dégageant une impatience palpable : « Tu penses que ce sera où ? » « Tu penses que ce sera qui ? ». On a ainsi pu entendre un certain nombre d’hypothèses, mais jusqu’au bout personne n’a deviné l’endroit où nous allions réellement aller. A 20h30, nous avons été invité à nous diriger vers l’extérieur où nous avons eu la surprise de découvrir un bus. C’est dans une ambiance conviviale et de plus en plus impatiente que nous y sommes monté, essayant durant tout le trajet de repérer les lieux, le visage collé à la vitre.
Après une dizaine de minutes, nous arrivons, dans un endroit complètement paumé : à gauche, un stade ; mais des joueurs sont entrain de s’y entraîner, il semblerait donc étrange que le lieu du concert soit ce dernier… A droite, une zone franche urbaine. Je me dis qu’on nous a peut-être amené là pour tous nous tuer. On nous fait marcher à travers les entrepôts avant de stopper devant l’un d’entre eux. L’attente devient intenable, puis la grande porte s’ouvre, découvrant… la Brasserie des 3 Mâts reconvertie en salle de concert intimiste et chaleureuse.
La gorge un peu sèche par tant d’émotions contenues, nous étions donc ravis d’arriver dans ce lieu rempli de fûts, qui nous promettait, si le concert n’était vraiment pas à notre goût d’au moins ne pas mourir de soif. Une lumière bleutée emplie la pièce au caractère brut. Sur la gauche, un petit buffet, ainsi qu’un bar entouré de fûts où les brasseurs tirent des bières à tour de bras pour tous les joyeux soiffards que nous sommes.
Au fond de la salle, un grand tapis persan est étendu au sol, trois micros, deux claviers, des guitares… sont posées ici et là… Ok j’avoue, je suis vraiment trop curieuse, et lorsqu’en m’approchant je repère à mes pieds des feuilles où les différents titres de chansons sont notés, je ne résiste pas à l’appel de Google. Honte sur moi. Bon finalement je trouve l’artiste, mais je ne sais absolument pas qui c’est donc ça ne change rien. Il a quand même des articles hyper flatteurs dans le Figaro, les Inrocks, et le Monde. Je me dis que le garçon ne doit pas être mauvais. Pendant une seconde, j’ai envie de dire à tout les gens que je croise : « hééé je sais qui c’est !!! » mais je me dis que je ne vais pas non plus ni**er la surprise à tout le monde. Je n’ai pas besoin de tenir trop longtemps ma langue puisque 5 min après l’annonce est officiellement faite : “Mesdemoiselles et Messieurs, nous avons le grand plaisir ce soir, d’accueillir Adam Naas”. Et voilà, un petit mec qui débarque, cheveux noirs bouclés, boucle d’oreille stylé, mocassins et une chemise dont il tiraille les manches un peu trop longues. Il a un air entre Prince et Jimmy Hendrix. Une fossette mignonne, une attitude candide et taquine à la fois, il joue clairement de son côté un peu innocent.
Ses deux talentueux musiciens Christelle et Louis l’accompagnent. Les premières notes résonnent, puis la voix d’Adam. Et là, c’est l’amour fulgurant. Adam Naas, comment se fait-il que je n’avais encore jamais entendu parler d’un bijou pareil ? Le silence est complet dans la salle, on n’entend plus que la voix absolument sublime d’Adam emplir la pièce, sa maîtrise complète des oscillations entre grave et aigu, son timbre de crooner mais aussi la délicatesse de ses envolées.
Son corps commence à s’agiter, il a du groove, il a de la grâce. En tant que fan absolue de Prince, j’ai toujours regretté de n’avoir pu le voir se produire, je crois qu’hier soir la découverte de ce garçon a comblé une grande partie de mon désespoir. Si lui ne le sait peut-être pas encore, je n’ai pas un seul doute, quant au fait qu’Adam Naas va atteindre les sommets et que tout cela va arriver très vite. Je mesure donc ma chance d’avoir pu assister à ce moment intimiste et précieux, sans que nul barrière, vigile ou enceinte grésillante ne soit venu gâcher l’instant. Peut-être bien que dans quelques années, de la même manière où l’on parle encore aujourd’hui de ce concert que Jimi Hendrix a donné au Hall 16 du Wacken, nous pourrons reparler de la sublime prestation d’Adam Naas à la Brasserie des 3 mâts.