Alain Schneider a 33 ans, il est alsacien et il vit à Lima. Il y a 9 ans, il quittait son poste d’ingénieur en Alsace pour partir un an au Nicaragua, simplement dans le but de visiter le pays, tout en vivant de petits boulots et de bénévolat. Tombé amoureux du continent, il s’est aperçu en rentrant en France que les possibilités qui s’offraient à lui ne l’enthousiasmait pas autant que de retourner en Amérique du Sud. Il a donc tout lâcher pour partir au Pérou.
Un entrepreneur motivé et voyageur
Curieux de tout et à la recherche constante de nouveaux défis, Alain a – avant de se lancer dans la construction – commencé son aventure sud-américaine par un premier projet : celui d’un musée du chocolat à Cuzco, en partenariat avec sa compagne et un troisième associé. Le concept : ouvrir un musée gratuit, permettant aux touristes d’en apprendre plus sur l’histoire du cacao en Amérique du sud. Dans ce musée, les visiteurs peuvent également visiter les plantations et apprendre à fabriquer leur propre chocolat à partir de grains, dans un atelier. Cette idée a bien fonctionné puisque aujourd’hui, 24 musées du chocolat sont ouverts dans de nombreux pays d’Amérique du sud, créant ainsi de nombreux emplois.
Mais Alain ne s’est pas arrêté là : il vient d’acheter, avec deux associés, un peu plus d’un hectare de terrain dans la vallée de Cuzco au Pérou afin d’y construire des earthships. Désormais, il se consacre totalement à ce nouveau projet dont la construction débutera début juillet, à deux pas de la Vallée Sacrée et du Macchu Pichu, grâce à l’aide d’un grand nombre de bénévoles venus du monde entier. Il vivra lui-même dans un de ces earthships avec sa compagne actuelle et leurs enfants. Certains des logements seront également réservés à la location pour les touristes qui désirent apprendre à vivre de manière autonome !
Super, mais euh… c’est quoi un earthship ?
L’idée des earthships a été imaginée en 1969 par Michael Reynolds, un jeune architecte américain rêvant de construction durable, impactant le moins possible l’environnement. A l’heure où la question de la surconsommation et de la destruction de la planète par l’homme n’a jamais été autant d’actualité, ce genre d’initiative devrait être un exemple pour tous.
Avant de se lancer lui-même dans la construction, Alain est allé passer quelques mois en Argentine pour apprendre les bases, lors d’un stage de formation, sur un chantier lancé par Michael Reynolds.
Alain explique : « Apprendre à gérer ses déchets, la permaculture ou encore à connecter un panneau solaire, permet à chacun d’être beaucoup plus indépendant. Et, si un jour l’économie mondiale s’effondre, cet apprentissage nous permettra de survivre ».
Les earthships sont donc des habitations respectant l’environnement, autoconstruites à moindre coût, en se basant sur la récupération et le recyclage de matériaux, notamment de pneus. Dans un earthship, il n’y a pas de chauffage, ni de climatisation. Son architecture est étudiée pour utiliser au maximum les apports solaires, sur le principe de l’architecture bioclimatique. Les logements ne sont ni connectés aux câbles d’électricité, ni à l’eau. Mais ce n’est pas pour autant que les habitants se retrouvent à vivre à la lueur de la bougie. Vivre dans une maison écologique ne signifie pas vivre sans confort.
Les earthships donnent accès à tout ce dont on a besoin mais via une production naturelle. Une manière de démontrer que chacun de ces détails, qui nous semble indispensable au quotidien, est accessible autrement. Les maisonnettes seront équipées de panneaux photovolcaïques qui les fournira en électricité. En ce qui concerne l’eau, quoi de plus simple que de récupérer ce qui nous vient du ciel ? Des citernes seront mises en place ainsi qu’un système de filtrage afin de récolter l’eau de pluie. La température et l’humidité sont régulées par de nombreuses plantes vertes, et les pneus remplis de terre qui forment la structure du earthship. L‘objectif est non seulement d’employer un maximum de matériaux naturels ou recyclés pour la construction, mais également de viser l’autonomie en énergie, en eau et en alimentation, tout en réduisant ses déchets. Une serre intégrée fournit des fruits et légumes 365 jours sur 365.
Une initiative strasbourgeoise pour un projet global et durable
Le but est de créer une communauté où les habitants vivront de manière autonome, tout en générant une activité en commun (élevage, récoltes). Une façon de dépendre le moins possible de l’économie mondiale, et de vivre selon la nature et ce qu’elle nous apporte. Ainsi, tout a été étudié afin de pouvoir se réaliser sans l’intervention des acteurs conventionnels. Alain explique : « Dans cette société là, tu ne dépend pas de l’entreprise de l’eau, tu ne dépend pas des humains, tu ne dépend que de la nature, tu lui fais confiance. Jusqu’ici tous les matins le soleil s’est levé, tandis que parfois tu fais confiance à des humains, et ils te trahissent ou ne font pas ce qu’ils promettent de faire. »
Soucieux de l’environnement, Alain a toujours voulu vivre de manière autonome, et le concept de Michael Reynolds l’a convaincu. Ce dernier appuie ses travaux sur le fait qu’à l’époque où nous vivons, le temps est compté et la liberté d’expérimenter des systèmes plus durables que ceux dans lesquels nous évoluons est vitale pour l’ensemble de l’humanité. Il a établit une communauté expérimentale à Taos au Nouveau Mexique sur une étendue de 640 hectares, où il a construit plus de 70 de ces maisons expérimentales. Sans compter, ses interventions humanitaires aux quatre coins du globe.
Aujourd’hui, ils sont de plus en plus à construire leurs propres earthships, partout dans le monde puisque ce logement s’adapte à tous les climats. Alain est lancé pour en construire 11 pour le moment. Mais connaissant son parcours, je doute qu’il ne s’arrête là. Un bel exemple de personne qui, à l’aide de sa curiosité et de sa passion, a osé suivre ses rêves et a merveilleusement réussi.
>> EMMA SCHNEIDER <<