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Bouteilles en verre : à Strasbourg, rencontre avec 3 entreprises qui font revivre la consigne

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☀️ Collaboration commerciale (sans droit de regard) avec la DDEA ☀️

Écologique et durable, la consigne est une bonne pratique qui n’a jamais totalement disparu entre le Rhin et les Vosges. Aujourd’hui, de nouveaux acteurs se mobilisent pour la rendre plus accessible et la remettre au centre des circuits de consommation, à Strasbourg mais pas que. Démonstration.

Qui n’a jamais passé du temps à trier ses bouteilles en lendemain de soirée pour retrouver celles qui étaient consignées ? Les Français(es) de l’intérieur, sans doute. Car en Alsace, la consigne a résisté à la mode du contenant à usage unique grâce aux pratiques des industries et artisan(e)s locaux/les.

Outre des mastodontes tels que Meteor et Carola, de nouveaux acteurs travaillent désormais à démocratiser ce système, plus durable et écologique.

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« Être une brasserie artisanale, c’est aussi faire attention aux ressources »

Parmi eux, la brasserie Bendorf fondée en 2013 à Strasbourg. « Lorsque nous avons été certifiés bio, deux ans après notre création, nous nous sommes lancés dans une réflexion pour essayer de produire le mieux possible et réduire nos impacts environnementaux, retrace Benjamin Pastwa, créateur et cuisinier de la brasserie. Nous nous sommes dits que ce serait bien de pouvoir réemployer le verre. »

Bendorf démarre alors un cycle de réunions avec d’autres acteurs intéressés par l’idée, sans succès. « Il manquait un porteur de projet, quelqu’un susceptible de regrouper tous les biobrasseurs intéressés et de faire les études nécessaires », poursuit l’entrepreneur. Après quatre ans à attendre qu’une dynamique se mette en place, Benjamin en a eu marre et a finalement choisi de se retrousser ses manches.

« J’ai fait des tests avec mon imprimeur pour les étiquettes et j’ai un peu réfléchi au système, avant d’acheter le matériel, dont une petite laveuse de bouteilles », explique le brasseur. L’expérimentation a commencé en 2020 et s’est finalement pérennisée, grâce, notamment, à un financement de l’Agence de la transition énergétique ayant permis à l’entreprise d’investir dans des casiers de bouteilles (en plastique et réutilisables).

« Nous avons mis en place un système de rétribution monétaire pour le retour des bouteilles consignées. Il y a parfois eu des réticences chez nos clients, mais au final les gens s’y retrouvent, poursuit Benjamin. Après une ou deux années de latence, le temps que la consigne rentre vraiment dans les habitudes, les taux de retours ont augmenté graduellement pour se stabiliser autour de 25% l’année dernière. La brasserie vise les 30% en 2025.

Bendorf bouteille embouteillage
© Bartosch Salmanski - 128DB / Document remis

« Pour être tout à fait franc, la consigne n’a aucun intérêt économique à notre échelle. Racheter une bouteille de 75 centilitres 10 centimes, c’est la même chose qu’elle soit lavée ou neuve. Et pour les 33 centilitres, c’est un peu plus cher d’en prendre des lavées que des neuves, à cause de la manutention et du stockage. Cela peut paraître aberrant et pas très encourageant économiquement, mais ce n’est pas juste une question économique, c’est aussi une question d’envie, de priorités, de valeurs. »

« On se dit que c’est important de produire localement. Qu’être une brasserie artisanale, c’est aussi faire attention aux ressources et chercher à avoir des activités pérennes, détaille le brasseur, qui espère que d’autres brasseries vont suivre. « On a envie de lancer la dynamique, pour que les choses bougent. » Si la consigne n’est pas encore économiquement intéressante pour la brasserie, l’entreprise arrive « à faire en sorte que ce soit neutre ». « C’est le début qui est compliqué. Il faut un effet de masse pour que cela devienne économiquement viable. »

Aussi, Bendorf a rapidement tendu une oreille attentive lorsque des rumeurs ont commencé à courir quant à l’installation d’un prestataire de lavage industriel à Strasbourg. « On va faire appel à Uzaje, qui vient de s’installer au Port du Rhin. Cela fait six mois que l’on stocke des bouteilles, car il en faut 50 000 pour lancer la machine. Là, on en est à peu près aux deux tiers. »

Rendre le réemploi compétitif

Début octobre, Uzaje a en effet ouvert son troisième centre de réemploi. Après Neuilly-sur-Marne et Avignon, l’entreprise a choisi Strasbourg pour y installer le premier centre européen de réemploi des emballages. L’idée étant d’y laver des contenants du Grand Est, mais aussi d’Allemagne.

Strasbourg présentait plusieurs avantages. D’abord, une certaine habitude de la consigne. Ensuite, un certain volontarisme des collectivités en la matière. Par exemple, au sein de la capitale européenne, les cantines scolaires sont passées aux bacs en inox pour en finir avec le plastique dès 2017. Trois ans avant la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) qui fixe un objectif de réemploi des emballages de 10% pour 2027.

« Cela fait trois ans que nous travaillons à l’ouverture de ce projet, explique Vivien Gourdon, responsable commercial Grand Est d’Uzaje. Nous, on fait des volumes. Notre but, c’est rendre le réemploi plus compétitif que l’emballage à usage unique. Moins cher. On lave jusqu’à 10 000 bouteilles chaque heure et notre objectif, c’est de dépasser rapidement les 5 millions de contenants lavés chaque année (bouteilles, bacs etc.) »

recyclage alsace consignes
© Document remis

Uzaje lave déjà les bacs de certaines cantines strasbourgeoises et a longuement discuté avec des membres de l’Union de brasseurs du Grand Est avant de se lancer. « Notre volonté, c’est d’aider de nouveaux acteurs à passer au réemploi », selon Vivien. L’entreprise regarde notamment du côté de la restauration collective et commerciale.

Augmenter les consignes

Lancée à Strasbourg il y a deux ans, l’entreprise YSE Consigne fait également partie des nouveaux acteurs du réemploi. « On a commencé tout petit, à deux. Maintenant, ça se professionnalise : nous sommes 7, retrace Erwann Dauges, l’un des fondateurs du projet. Au début, l’entreprise livrait uniquement des boissons : de l’eau, du jus, du vin, de la bière, du soda… » Consignées, évidemment.

Leurs petites camionnettes sillonnent la ville pour livrer de nouvelles denrées et récupérer les contenants vides. Depuis juillet, l’entreprise livre notamment des fruits et légumes en cagettes consignées, mais aussi des bocaux. « Au début, on pensait que la consigne ne touchait que les bouteilles puis on s’est rendu compte qu’on pouvait l’appliquer à plusieurs autres produits. »

Distributeur, YSE Consigne a réussi à convaincre des producteurs/rices de conditionner leurs produits dans des contenants consignés. Des viticulteurs/rices notamment. L’entreprise récupère également tous les contenants consignés, même ceux qui ne viennent pas de chez eux. « Ce serait bête que ces bouteilles soient perdues. Si un client a des bouteilles Meteor chez lui, on peut les prendre. »

Également client d’Uzaje, YSE Consigne planche actuellement sur la « massification » des contenants réutilisables. « Pour que la consigne soit efficace et ne produise pas trop de CO2 sur un plan logistique, c’est mieux de réemployer les bouteilles localement, poursuit Erwann Dauges. Il y a certains producteurs dont on récolte et trie les bouteilles consignées. Puisqu’on s’occupe déjà de la collecte, on se dit que l’on peut massifier les bouteilles dans nos entrepôts. Et les envoyer chez le laveur. »

« La collecte, le tri et la massification, c’est vraiment le maillon faible de la logistique actuelle. Nous, on est distributeur. Ce que l’on fait pour nous-même, on peut l’envisager à terme pour d’autres metteurs en marché. » En 2 ans, l’entreprise a déjà collecté et remployé plus de 800 000 contenants !

livraison Consignes bouteilles consignées YSE
© Bastien Pietronave / Pokaa

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