Le 8 novembre dernier, l’Eurométropole de Strasbourg adoptait une convention d’études avec le Regierungspräsidium Freiburg pour la reconstruction du pont de l’Europe, reliant Strasbourg et Kehl. Un projet sur 10 ans, avec un budget annoncé de 30 millions d’euros. On fait le point.
Après de gros travaux entre mai et septembre 2023 ayant créé leur lot de bouchons, le pont de l’Europe s’apprête à démarrer une nouvelle étape de sa vie : sa reconstruction totale. Mis en service en 1960, il est désormais trop vétuste pour son époque, et si les travaux de sécurisation ont permis de gagner du temps, il faut désormais construire une nouvelle version de l’ouvrage reliant Strasbourg à Kehl.
Le 8 novembre dernier, l’EMS abordait cette question au sein du conseil eurométropolitain. En premier lieu, le lancement d’une convention d’études entre elle et leur voisin de Fribourg, afin de mener des études techniques sur la construction d’un nouveau pont. Un projet au temps long, sur une dizaine d’années, sur lequel il existe quelques zones d’ombres, et notamment sur son financement.
Pourquoi construire un nouveau pont ?
Pour pouvoir aller à Kehl depuis Strasbourg, si l’on a une voiture, difficile de passer sans le pont de l’Europe. Celui-ci accueille aujourd’hui plus de 26 000 véhicules par jour, dont 2 600 poids lourds. Un trafic très conséquent pour un ouvrage qui a déjà dépassé la soixantaine.
Petite anecdote qui a son importance : depuis 2021, l’État s’est défaussé de la gestion du pont, la transférant à l’Eurométropole (EMS), ainsi que la compétence de l’entretien [la même chose a eu lieu pour l’autoroute M35, ndlr]. C’est donc l’EMS qui a dû gérer les travaux de sécurisation du pont de l’Europe entre mai et septembre 2023, avec l’Allemagne assurant le pilotage des travaux d’entretien.
Des travaux nécessaires pour un axe stratégique de circulation entre Strasbourg et l’Allemagne, qui ont permis de remplacer des joints de chaussée, des appareils d’appuis, mais aussi de rénover les revêtements de chaussée, des trottoirs, et de refaire l’éclairage public. Néanmoins, ils n’ont pas permis de résoudre les défauts irréversibles du pont, liés au trafic surchargé. Une « vraie inquiétude », selon Thibaud Philipps, maire d’Illkirch, pour qui « il ne faut pas tarder à se mettre au travail ».
Ainsi, l’EMS se penche désormais sur la question de la construction d’un nouveau pont franchissant le Rhin. Grâce aux travaux de sécurisation, l’EMS et son partenaire allemand ont une dizaine d’années pour agir, permettant en attendant de maintenir les fonctions essentielles du pont, soit notamment la desserte des ports strasbourgeois et kehlois.
À quoi vont servir les études techniques ?
Pour le moment, les études techniques attendues sont prévues sur un cycle de 3 ans, entre 2025 et 2027. Elles prévoient d’abord un échange entre l’EMS et le Regierungspräsidium Freiburg sur quels types de trafic il y aura sur le nouveau pont, ainsi que les modes de transports supportés (camions, voitures, vélos…), ce qui permettra de définir les dimensions du futur ouvrage.
Elles aborderont ensuite les aspects plus techniques, comme les études géotechniques, ou géométriques, mais également les aspects administratifs ou socioéconomiques (procédures, déclaration d’utilité publique, dossier Loi sur l’eau, études de trafic, études d’impacts etc.). Pour y voir plus clair, l’EMS et le Regierungspräsidium Freiburg vont se séparer les tâches, réparties en blocs thématiques selon le type d’études.
30 millions d'euros de budget : comment le financer ?
Dans les premières études, l’EMS et le Regierungspräsidium Freiburg ont estimé le coût global de cette nouvelle construction à 30 millions d’euros. Un budget plus que conséquent, qui pose la question de son financement. Pour le moment, si l’on se concentre sur le coût des études qui vont être menées, le montant sera réparti également entre les deux institutions, avec l’Eurométropole estimant sa contribution à environ 500 000 euros.
Cette question du coût est celle qui a le plus concentré les débats lors du conseil eurométropolitain. Thibaud Philipps pense par exemple que le montant de 30 millions d’euros est sous-évalué, tandis que Jean-Philippe Maurer (LR) demande à ce que le projet soit inscrit dans le contrat de plan État-Région, pour plus de financements. C’est en substance ce que souhaite également Pierre Ozenne, élu dans la majorité de l’EMS, qui déclare vouloir « mettre en responsabilité l’État, vu les perspectives financières du projet ».
Un projet qui n’a donc pas fini d’évoluer dans les années à venir, et qui a été voté à l’unanimité. Pour que, depuis Strasbourg, l’on puisse toujours aller à Kehl.