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Rencontre avec Axel, le rappeur alsacien au flow insolent, drôle et généreux

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Au mois de février, dans un article qui regroupait six artistes hip-hop talentueux de la région, nous vous présentions en quelques lignes Axel : un jeune rappeur originaire de Colmar, à la plume acérée. Toujours enjoué, et bienveillant envers les autres, sa personnalité entière et sa bonne humeur nous ont donné envie de retourner discuter avec lui, pour en apprendre plus sur son parcours et son intérêt pour l’écriture. On vous embarque avec nous !

Axel Hakimi, ou plus simplement Axel, est une figure que les habitué(e)s du milieu hip-hop alsacien connaissent bien, pour l’avoir vu sur bon nombre d’open-mics ces dernières années, notamment ceux organisés par Hip-Hop from Elsass.

On ne compte plus le nombre de fois où il a tué le game en prenant le micro. Son charisme et son humour ont rapidement séduit le public car sur scène ou en studio, Axel est comme un poisson dans l’eau.

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Après 10 années à écrire dans son coin ou avec ses potes, l’envie de se professionnaliser lui est venue en 2012 suite à un concert d’Orelsan, à la mythique Foire aux vins de Colmar : « Je me suis retrouvé transporté par sa musique, par ce qu’il faisait, et aussi grâce à la manière dont il faisait sortir ses émotions, par sa prestance sur scène. »

« Ce n’est pas un défouloir, mais de l’insolence »

Au-delà de ses qualités humaines, Axel a aussi su trouver son public grâce à la pluralité de ses sonorités et la qualité de son écriture. Il s’est essayé au jeu de bon nombre de styles, et assimilait à chaque fois très rapidement les codes de chaque mouvement.

Axel Hakimi
© Allan Keller / Document remis

« J’ai posé sur quasiment tous les styles qu’il peut y avoir dans le rap […]. Je n’ai juste jamais tenté le rap marseillais, ou la jersey [style de musique hybride entre le hip-hop et la dance, qui fait la part belle à l’électro, ndlr], mais j’ai fait de la trap, du sound, du cloud, de la drill, des sons de lovers aussi [rire], et j’ai fait de l’old-school. »

Ce qui motivait surtout le rappeur, c’était la curiosité, l’envie de toucher à tout en se cherchant. Ne pas se mettre de limites dans la créativité, de poser et d’imposer son texte. Cette frénésie des débuts, le jeune artiste a décidé de la calmer depuis quelque temps, afin de peaufiner son identité, d’asseoir son style, comme il nous le confiait en février :

« Mon truc en ce moment, c’est de poser sur des prods plus old-school, boom bap, avec de l’autodérision. Pas pour me tourner en ridicule, mais plutôt pour assumer qui je suis. »

Axel Hakimi
© Nathan Totaro / Document remis

L’autodérision et l’humour, ce n’est pas ce qui manque à Axel, à tel point qu’on peut vite être surpris par notre rire qui sort sans crier gare à l’écoute de ses morceaux.

Des haters s’en prennent à son physique ? Il leur répond de manière piquante avec un clip tourné dans les cuisines d’un döner kebab, ou au Barlou Burger, au côté de Monsieur Seth Gueko en personne, se régalant de montagnes de malbouffe. « Ce n’est pas un défouloir, mais de l’insolence », explique Axel quand on lui demande si tout ça n’est pas une manière de se moquer, et donc de se protéger du monde en le tournant en dérision.

RAP = « rhythm and poetry »

Cette insolence, Axel la doit aussi à la qualité de son écriture, à la force de sa plume. Ses textes sont léchés, avec une myriade de références à la culture populaire. L’artiste nous raconte son quotidien, ses doutes et ses interrogations, en maîtrisant la rime, et le multi-syllabique à la perfection.

Les paroles de ses morceaux sont surprenantes de richesse… de vrais petits joyaux de la joute verbale : « Rap, ça veut dire “Rhythm and Poetry”, et j’aime bien le mot poetry”[poésie en français] dedans. Je trouve que ça a du sens, c’est un art la poésie […]. Quand tu te prétends rappeur, je pense qu’il faut au minimum respecter ça », explique l’artiste.

Ses textes, Axel les veut remplis d’émotions, positives comme négatives. Il espère que sa musique touche un maximum de monde, que les gens se reconnaissent. Mais il avoue que toute cette partie perfectionniste du texte dans son rap, n’est pas instinctive, et lui a demandé beaucoup de travail.

Une amélioration qu’il a pu opérer grâce aux rencontres qu’il a faites au cours de sa carrière : « Je n’ai pas toujours écrit de cette façon. J’ai toujours eu beaucoup d’inspiration, mais qu’est-ce que j’étais nul [à l’exercice de l’écriture, ndlr] ! [rire]. Et c’est mon frérot, Oncle Banks, un rappeur de Colmar, qui m’a beaucoup aidé sur mes flows, mes textes, pour que je développe mon univers […], c’est grâce à lui que j’en suis là où j’en suis aujourd’hui. »

Patience, persévérance et Freestyle cups

Afin de déterminer ses objectifs et de donner la trajectoire qu’il souhaite à sa carrière, Axel a décidé de faire une pause dans les sorties de projets et la scène.

Moins présent sur les open-mics ces derniers mois, il a lancé une série appelée Freestyle Cup, une collection de freestyles courts, avec des clips, qu’il sort sur les plateformes, sans s’imposer de dates ou de ratio, mais en écoutant ses envies, et en prenant le temps.

Des formats centrés sur le texte qui ne sont pas sans rappeler ses interventions sur scène, avec lesquelles il s’est fait connaître : « C’est un format qui me permet de toucher pas mal de monde, c’est dans les open-mics que je me suis rendu compte que ce format plaît à pas mal de gens. »

Axel Hakimi
© Nathan Totaro / Document remis

Le besoin de se tenir en retrait de toute cette frénésie n’est pas un caprice d’artiste torturé, qui se sent oppressé par l’industrie de la musique, mais bien un choix réfléchi d’Axel. L’artiste de 25 ans a compris que pour réussir dans le milieu, il lui faudrait se prémunir de beaucoup de patience et de persévérance.

D’un naturel avenant, le rire facile et la bonne humeur dans le regard, l’artiste a aussi envie de profiter de cette pause pour apprendre à connaître vraiment celles et ceux qui ont été là dans chaque instant de sa jeune carrière.

Axel Hakimi
© Nathan Totaro / Document remis

Axel a aussi compris qu’à l’ère des réseaux sociaux, il est indispensable de bien s’entourer, et de caresser l’algorithme dans le sens du poil :

« J’ai sorti beaucoup de sons dans ma vie, et je suis juste arrivé à un moment où j’en ai eu marre d’essayer de dire des trucs sincères, dire des choses qui me touchent, moi personnellement, et que ça touche aussi peu de monde […]. En 2020, je me rappelle que fait un album que j’ai mis sur les plateformes de streaming… Je me suis cassé la tête de fou pour avoir un truc très propre, dont je suis fier aujourd’hui, mais d’un autre côté, une fois que c’était sorti, c’était sorti, et j’ai eu très peu d’auditeurs […]. Donc je me suis dit que j’allais voir les choses un peu différemment, que j’allais repartir de presque zéro en essayant d’abord de toucher un maximum de gens pour après pouvoir refaire des albums, et des choses plus sérieuses. »


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