Si l’on avait imaginé passer notre printemps à jongler entre les terrasses, la météo nous contraint plutôt à courir entre les gouttes. Mais pour ne pas se laisser abattre, profitons-en pour filer… au théâtre ! Jusqu’au 8 juin, Le Maillon (théâtre de Strasbourg – scène européenne) nous invite à explorer un nouveau « Paysage » : celui d’Alexander Vantournhout. Avec trois spectacles, une carte blanche et des ateliers dédiés à la découverte de la danse, cet événement nous entraîne dans celle du chorégraphe, danseur et circassien belge… Faite de propositions artistiques acrobatiques à la limite de l’hypnotique, pendant 10 jours d’exploration.
Après plusieurs invitations depuis 2018 – d’abord avec sa première création Red Haired Men puis Screws en 2021 –, Alexander Vantournhout retrouve Le Maillon, jusqu’au 8 juin.
Cette fois-ci, le théâtre offre tout un « Paysage » au chorégraphe, danseur et circassien belge ; soit dix jours de programmation dédiés à son travail.
L’occasion de remontrer quelques-unes de ses précédentes œuvres-clés et de lui confier une soirée carte blanche (ce samedi 1er juin), avec des inédits et des moments privilégiés, pour une plongée dans son répertoire.
Ovni : objet virevoltant non identifié ?
Oui, mais pourquoi Alexander Vantournhout ? Parce qu’à l’image du Maillon, sa pratique est transdisciplinaire. À la croisée de la danse, du cirque et de la performance, son langage du mouvement est singulier, à la fois ludique et facétieux.
Avec sa compagnie not standing, Alexander Vantournhout tente, ose, innove. Entouré de ses acolytes, il défie la gravité et invente de nouveaux rapports du corps à l’objet (qui se voit revisité et décalé)…
Le résultat ? Des propositions audacieuses et originales où l’exigence tutoie le risque, sans jamais manquer d’humour. On nous y parle même d’intelligence corporelle et d’entraide.
Trois spectacles à (re)découvrir
Si quelques fidèles auront vu ses précédentes créations présentées au Maillon, ces dix jours de « Paysage » seront le prétexte d’en découvrir d’autres :
« Through the Grapevine » : corps à corps
Avec Through the Grapevine (présenté encore vendredi 31 mai à 19h), Alexander Vantournhout entre en scène en compagnie du danseur Axel Guérin, dans une scénographie réduite à l’essentiel.
Avec pour « point de départ et […] moteur de la performance », la différence de leurs morphologies, les deux hommes explorent l’idée du duo.
Jouant de la symétrie, s’inspirant parfois du déplacement des animaux, la paire s’amuse de ses divergences, du rapport à l’autre… Alternant tour à tour qui des deux guide, ou se laisse guider, dans une « danse intime et originale ».
« VanThorhout » : un duo complètement marteau
Dans VanThorhout (mardi 4 et mercredi 5 juin), Alexander Vantournhout se trouve un nouveau partenaire avec lequel danser : un marteau.
En clin d’œil à son propre nom, il convoque dans le titre du spectacle celui d’un autre : Thor, fils d’Odin et dieu du Tonnerre. Un héros sorti tout droit de la mythologie scandinave, et figure incontournable de la pop culture depuis qu’il a été repris par l’univers Marvel.
À l’instar de Thor, Alexander Vantournhout manie le marteau. Mais si le premier maîtrise Mjöllnir (son arme) autant que les éléments, le second se retrouve avec un outil plus long… Et « qui imprime son rythme à l’homme qui doit composer avec lui ».
Dans une chorégraphie « exclusivement circulaire, qui n’est pas sans rappeler la tradition des derviches tourneurs », l’artiste interroge tout à la fois les codes de la virilité et l’image du surhomme.
« Foreshadow » : le groupe, face au mur
Après ces « duos », Foreshadow (présenté vendredi 7 et samedi 8 juin) réaffirme la nécessité du groupe face à la gravité, qui contraint les mouvements autant que les corps. Face à huit danseurs et danseuses : un mur, qui devient « point d’appui des corps et le point de départ d’une chorégraphie originale ».
Avec ce « partenaire de jeu » à part entière, les performeurs/ses inventent de nouveaux mouvements et moyens pour s’approprier cet espace vertical. En s’entraidant d’une part, et en s’inspirant des geckos de l’autre, le groupe défie la gravité autant que les notions de compétition et d’individualisme.
Carte blanche : de l'inédit !
Au-delà des trois spectacles programmés, l’atout de ce « Paysage » sera la carte blanche proposée ce samedi 1er juin, par l’artiste belge… Une soirée unique, faite de propositions inédites et de moments de rencontres.
À la carte ? Des exclus, avec des travaux en cours et un extrait de sa prochaine création… Un cocktail artistique aux allures de showcase.
Pour partir d’un bon pied dans la soirée… Commençons par Pointe shoe, une conférence dansée interprétée par Morgana Cappellari, de l’Opéra Ballet de Flandre.
Sur les pas de la danseuse (chaussée de pointes), on découvre tout à la fois l’histoire de la danse, son répertoire… Et « la biomécanique de la chaussure de pointe et du tutu », à l’aide d’outils technologiques.
Dans Boléro, Alexander Vantournhout s’attaque à un monument du répertoire classique… Le Boléro de Ravel par Maurice Béjart.
En avant-première, l’artiste nous présentera ce solo réinterprété, conçu originellement pour l’Opéra Ballet de Flandre – avec un orchestre d’une soixantaine de musicien(ne)s. Sur une table-podium, à la manière du solo d’origine, il apportera sa touche… En y invitant une ronde de toupies qui, une fois lancées, danseront comme des ballerines.
Autre gourmandise de cette carte blanche : des extraits d’every_body, un duo que l’artiste engage avec sa collaboratrice artistique Emmi Väisänen. Entre les deux se (re)jouent les mouvements du quotidien : d’ « une poignée de main banale » ou d’une « simple marche » naissent de nouvelles chorégraphies.
Pour aller plus loin, ces avant-premières seront suivies d’un temps d’échange entre Alexander Vantournhout et Barbara Engelhardt, directrice du Maillon.
Pour rentrer dans la danse : des ateliers de découverte !
Autre surprise de ce week-end : les deux ateliers dédiés à la découverte de la danse proposés par des artistes de la compagnie not standing. Accessibles aux ados (dès 12 ans) et adultes de tous niveaux, ces workshops de trois heures permettront d’explorer nous-mêmes l’univers déployé par Alexander Vantournhout.
Samedi 1er, s’inspirant de Through the Grapevine, Emmi Väisänen et Axel Guérin nous inviteront à « imaginer de nouvelles possibilités de mouvements » à deux, en dialoguant avec le corps de l’autre, « en jouant de nos différences et ressemblances ».
Le lendemain – dimanche 2 juin –, au moyen d’exercices guidés comme d’improvisations, et en compagnie d’Emmi Väisänen et Esse Vanderbruggen, il sera possible de déjouer et questionner la gravité, à la manière de Foreshadow.
Petit bonus pour les danseurs et danseuses amateurs/rices du week-end : la participation à l’atelier permet de bénéficier d’un tarif préférentiel (de 5€) pour assister à la carte blanche du samedi 1er.
Alors pourquoi ne pas poursuivre l’atelier avec une petite pause gourmande au BiM (le Bistrot du Maillon) avant d’enchaîner avec la soirée ? Un bon plan de sortie pour pallier aux terrasses fermées et autres open-airs annulés.
Événement
Maillon « Paysage » #3 : carte blanche à Alexander Vantournhout
Quoi ?
Spectacles, ateliers pour découvrir la danse, rencontres…
Quand ?
Jusqu’au vendredi 8 juin
où ?
Au Maillon – théâtre de Strasbourg, scène européenne
1 boulevard de Dresde, à Strasbourg